C’est sans aucun doute le sujet qui aura cristallisé le plus de tensions lors de ce dernier conseil municipal de l’année, lundi soir. La mise à l’ordre du jour du rachat par anticipation de plusieurs immeubles du cœur de ville (rue du Puits Neuf, rue du Général Thilorier) a ouvert le débat sur l’aménagement de la zone des Sablons.
Sur ce projet, ce sont une nouvelle fois deux visions qui se sont opposées. Christophe Saint-Pierre souhaitait raser les battis autour pour ouvrir un large espace dans le centre ancien, avec une option de création de logements sur les façades par des opérateurs privés.
Depuis son élection, Emmanuelle Gazel a totalement repensé le projet. Une placette végétalisée occupera l’espace non bâti qui sera largement réduit et la construction de logement sera confiée au bailleur social Polygone qui est détenteur du fond friche à hauteur de 500.000 €.
« Je regrette que nous n’ayons pas une vision d’ensemble de l’aménagement du quartier, a déploré Christophe Saint-Pierre. C’est la dernière chance que nous avons de faire une opération d’aménagement urbain d’envergure dans le cœur de ville. On a tous une responsabilité qui engage des générations et j’ai l’impression que nous prenons ce projet par le petit bout de la lorgnette. On a la rue de la Capelle qui demande une véritable opération de fond. S’il n’y a pas de projet qui s’engage avant la fin de la convention, on va devoir engager du foncier et j’ai vraiment peur qu’on se rate. »
Une réticence devant laquelle Emmanuelle Gazel a exposé sa vision de ce projet. « Votre projet en 2020 était de créer un espace grand comme la place Foch aujourd’hui, dans un cœur de ville médiéval qui n’est pas fait pour ça, a répondu la maire de Millau. Ce n’est pas le choix que nous avons fait. Nous avons demandé au bailleur social d’aménager des logements de qualité, de nous sortir un projet très qualitatif. Il n’était pas possible financièrement de tout racheter pour tout reconstruire. L’investisseur Polygone est titulaire du fond friche à hauteur de 500.000 € et malgré cela, l’opération s’équilibre difficilement. Vous dites que nous n’avons rien fait, mais cela fait deux ans que l’on travaille avec le promoteur. Comme beaucoup de vos projets, votre vision ne s’appuyait par sur la réalité. On porte un projet réalisable et qui ne va pas plomber pendant les 20 prochaines années les finances de la ville. »
S’il a gardé son calme, le chef de file de l’opposition n’a pas caché son agacement. « Nous ne serons jamais d’accord sur cette vision de l’investissement public, a rétorqué Christophe Saint-Pierre. Quand on achète une maison, on s’endette et on enrichit son patrimoine. Je dis clairement que vous n’avez pas d’ambition d’envergure. »
Au-delà de tous clivages politiques, on peut se poser la question de la construction de logements sociaux en centre-ville, alors que la population de cette zone s’est largement paupérisée ces dernières années. D’un autre côté, l’austérité est de rigueur. Trouver un investisseur désireux de mener à bien ce type de projet à l’équilibre précaire et sans aide publique pourrait se révéler très hasardeux, voire impossible.
Le budget voté sans nouveau débat
Si les membres de l’opposition ont voté contre le budget présenté par Emmanuelle Gazel, la discussion avait déjà eu lieu lors du précédent conseil avec le débat d’orientation budgétaire.
Pour rappel, la présentation d’un budget municipal se fait en trois temps : le débat d’orientation budgétaire, le vote du budget et le vote du compte administratif et du compte de gestion.
Les tarifs de certains services augmentent
Face à une inflation galopante et des budgets de plus en plus contraints, les tarifs de certains services municipaux sont revus à la hausse en 2023, quand d’autres comme ceux des cantines scolaires et du portage de repas sont gelés.
Si pour les Millavois, il n’y a pas de grands changements, un effort est demandé aux usagers de l’extérieur, ainsi que dans une moindre mesure aux autres habitants de la communauté de communes.
L’abonnement annuel à la médiathèque par exemple reste à 19,50 € pour les Millavois, mais sera porté à 22 € pour les habitants de la de la communauté de communes (19,50 € en 2022) et à 28 € pour les non résidents (26,50 € en 2022). L’entrée et la consultation de documents sur place restent entièrement gratuites.
Les tarifs des centres aérés augmentent de 5% à partir de la troisième tranche du quotient familial et de 6,80 % pour les familles hors commune.
D’autres services comme les services funéraires, les locations de salles ou la mise à disposition de la terrasse du musée subissent également une augmentation. L’entrée au musée reste, elle, gratuite.
La responsabilité des associations millavoises saluée
Les restrictions budgétaires ont également amené l’équipe municipale à baisser les subventions de certaines associations. Si cette nouvelle aurait pu faire trembler le tissu associatif local, elle semble bien comprise par les principaux concernés.
« Nous avons travaillé ligne par ligne, au cas par cas, explique Nicolas Wöhrel, adjoint à la Culture. Nous avons observé comment les associations sont sorties de la crise, de quelle capacité elles disposent. Nous avons aussi fait en sorte de ne pas cibler des structures avec des salariés pour ne pas fragiliser des emplois ».