À l’instar de nombreux établissements hospitaliers, la direction des hôpitaux de Millau et Saint-Affrique avait organisé une cérémonie de vœux ce vendredi 6 janvier. L’intersyndicale hospitalière CGT SUD et des membres du personnel de santé ont profité de ce moment pour rappeler leur mobilisation en organisant des « contre vœux » sur la terrasse du self de l’hôpital millavois.
À la tête du mouvement Corine Mora et Éric Aninat représentants syndicaux CGT et Sud Santé Sociaux ont expliqué « avoir hésité entre envahir la cérémonie officielle des vœux comme il y a quelques années ou la boycotter, puis avoir eu l’idée de ces contre vœux ». Une façon d’essayer de « se faire entendre et pour qu’on arrête de nous prendre pour des cons », expliquent-ils, car depuis des mois, leur constat est le même : « fermeture de lits en SSR et en médecine, dont dix ces derniers jours, liés au congé maternité d’un médecin à qui on ne trouve pas de remplaçant, manque de personnel, soignants épuisés, surmenés…» Si l’offre de soin est dégradée, selon les représentants syndicaux, les répercussions sur les patients sont « de plus en plus importantes ».
« Quasiment tous les matins aux urgences, il y a sept ou huit patients qui sont sur des brancards dans les couloirs parce qu’on ne sait pas où les mettre, certains sont même renvoyés chez eux alors que leur état de santé ne le permet pas ! ». Corine Mora rajoute que « le personnel peut travailler dans ce service jusqu’à 16 ou 17 heures d’affilée et que bien malgré eux, les agents ne proposent pas aux patients des prises en charge optimales ».
Elle explique que pour justifier ces fermetures la direction « évoque un manque de ressources médicales et que pour toute réponse à ces nombreux problèmes, elle remettrait actuellement en cause le protocole d’accord du temps de travail (GTT) menaçant certains jours fériés et de repos ».
Quels efforts pour la direction ?
« La direction nous demande de faire des efforts, mais elle, à quels efforts va-t-elle consentir ? » Lance la représentante syndicale qui ne manque pas de mettre en avant la suppression aux agents d’une prime de chaussures mensuelle de 2,71 € qu’elle oppose à la part variable de la prime de résultats que toucherait la directrice de l’hôpital. Une somme qui oscillerait entre 49 000 € et 67 000 € et qui dépendrait entre autres « des résultats de la pratique managériale et du projet de restructuration ».
De nombreux manifestants présents se sont empressés de siffler et de huer cette déclaration. « Cette prime est faite pour nous plier ! » s’est exclamé Corine Mora, avant que la directrice de l’hôpital, Sylvie Marty ne rejoigne l’assemblée pour tenter de prendre la parole pour répondre.
« Je ne reviendrai pas sur la politique nationale, elle est ce qu’elle est, ni sur la prime, je suis directeur d’hôpital, je suis fonctionnaire et je pense que je gagne largement le salaire, je ne travaille pas le même nombre d’heures que vous, je ne suis pas à 35 h », a déclaré la directrice avant de poursuivre : « vous avez commencé sur le salaire, je trouve ça assez bas et pas au niveau des enjeux de cet établissement ».
Sylvie Marty a rappelé que depuis son arrivée elle avait « étoffé l’offre de soins en proposant de nouvelles activités au sein de l’établissement au bénéfice des patients et que plus de 15 personnes avaient été embauchées avec la mise en place d’une politique d’attractivité », une déclaration contestée par les syndicalistes. Concernant le manque de soignants, elle a rappelé que « ce n’était pas une exclusivité locale, mais un problème national ».
Après plusieurs tentatives, la directrice a fini par poser le micro, lassée ne pas être écoutée et coupée à plusieurs reprises par quelques personnes très remontées.
« Nous ne sommes pas vos adversaires »
Interrogé après avoir assisté à l’intégralité des débats, le président du département Arnaud Viala venu pour les vœux de la direction a bien voulu prendre la parole : « On entend complètement certains arguments que vous développez, il y a des choses dans ce que vous dites qui sont liées à des choix qui ont été faits de longue date et qui ne concernent pas que l’hôpital de Millau comme la tarification à l’acte. J’ai essayé en tant que député de faire en sorte qu’on revienne sur cette méthode de calcul, qui selon moi est un mauvais choix en particulier pour des hôpitaux comme le nôtre. Malheureusement, ce sont des sujets qui dépassent les responsabilités qui sont les nôtres ici. Aujourd’hui si je suis là c’est parce qu’il faut qu’on se batte tous pour maintenir notre hôpital de plein exercice sur ce territoire. Nous ne sommes pas vos adversaires, je suis partie prenante des préoccupations qui sont les vôtres ».
Interpellé dans un brouhaha de cours de lycée sur le sujet de la dette, il répond : « elle est aussi notre préoccupation, il va falloir que nous trouvions des solutions qui permette qu’on arrête aussi de creuser ce trou, mais je ne suis pas contre les salariés, je suis avec vous. Si on n’avait pas tous fait l’impossible pour que l’on continue de faire tourner l’hôpital malgré ce déficit, il aurait fermé il y a bien longtemps ! »
La maire de Millau Emmanuelle Gazel a fini par proposer aux gens qui le souhaitaient « d’entrer pour des vœux pendant lesquels on s’écoute ». La majorité des personnes rassemblées a préféré s’abstenir.