Les hôpitaux de Millau et Saint-Affrique composent avec la loi Rist

Fanny Alméras
Fanny Alméras
Lecture 4 min.
© Millavois.com

La loi Rist qui limite les rémunérations des médecins remplaçants entrera en vigueur le 3 avril prochain. Pour les hôpitaux des territoires ruraux comme ceux de l’Aveyron, elle génère de nouvelles difficultés de recrutement dans un contexte déjà ultra tendu.

En 2021, d’après les chiffres du ministère de la Santé, le coût de l’intérim médical pour les hôpitaux français s’est élevé à 359 milliards d’euros. Imaginée pour plafonner les rémunérations des médecins intérimaires, La loi Rist est plutôt mal accueillie par les médecins remplaçants qui désormais verront leur rémunération plafonnée à 1390 € brut par garde de 24h, contre parfois plusieurs milliers d’euros auparavant.

Conséquence directe de sa mise en application certains spécialistes choisissent d’exercer dans des villes pour leur attractivité, optent pour le secteur privé ou claquent la porte des établissements dans lesquels ils effectuaient des remplacements. Dans un territoire comme l’Aveyron déjà en déficit de personnel soignant et de médecins, les directeurs d’établissement sont obligés de composer avec « des plannings à trous qu’ils doivent combler », explique Benjamin Arnal, directeur de la délégation départementale de l’Aveyron de l’ARS.

Il précise qu’un important travail a été réalisé en amont et des plans d’action mis en place il y a plusieurs mois avec les établissements hospitaliers et la Fédération hospitalière de France pour anticiper ce phénomène. « C’est un moment de turbulence et d’incertitude, une étape par laquelle il faut passer pour un effet bénéfique à moyen terme de la loi », admet-il en précisant que « pour éviter des fermetures de services, des organisations spécifiques ont été mises en place ». Ainsi à Rodez, certaines interventions non urgentes et sans risque ont été déprogrammées pour dégager du temps aux praticiens. À Millau et Saint-Affrique, le risque est selon lui « repoussé, même si les services demeurent fragilisés temporairement ».

Sylvie Marty la directrice des hôpitaux sud aveyronnais confirme que « la situation est davantage préoccupante pour le dernier tiers du mois d’avril, notamment pour la gynécologie obstétrique. »

« La loi impacte indirectement de nombreuses activités, actuellement, c’est très compliqué, nous travaillons au jour le jour et ce qui est vrai aujourd’hui peut changer demain. À ce jour, nous ne trouvons pas de gastro-entérologue pour remplacer celui qui intervenait en intérim, nous réfléchissons comment réorienter les patients vers d’autres structures et 8 lits sur 30 seront fermés temporairement en médecine afin de préserver l’activité », explique la directrice.

En attendant et pour limiter la casse, des médecins du CHU de Montpellier pourraient également venir soutenir certains services de manière ponctuelle.

« Des négociations sont actuellement menées avec des médecins, rien n’est encore définitif et sans être trop optimiste, Benjamin Arnal espère en actionnant tous les leviers réglementaires convaincre les médecins de revenir et ainsi limiter l’impact de la loi sur les hôpitaux de la Région face à des difficultés très localisées, mais transitoires ».

Partager cet article