Le 29 mars, dernier, nous vous révélions que sept élus de la majorité municipale (Martine Bachelet, Frédéric Laur, Corinne Compan, Bernard Grégoire, Catherine Jouve, Sophie Tarroux et Corine Mora.) avaient décidé de constituer un groupe indépendant baptisé « Vraie pluralité ». Les membres du groupe regrettant « un manque croissant de concertation et une posture trop autoritaire de la première édile ».
Jeudi 13 avril, lors du conseil municipal, c’est la délibération n° 10, qui a illustré ce schisme dans l’équipe d’Emmanuelle Gazel.
Alors que les élus devaient examiner la cession par la Ville d’un bâtiment d’habitation rue Condatomag, les membres de Vraie Pluralité se sont fermement opposés à cette décision.
« Nous avons honoré l’anniversaire de la crue de 1982 a indiqué Corinne Mora, adjointe à la qualité de vie. Il nous paraît important de ne pas ramener d’habitat dans cette zone inondable, sauf dans le cadre d’un plan réfléchi et structuré. Nous répétons que cette vente relève d’un manque de vision d’ensemble ».
L’opposition a elle aussi fustigé cette décision. « Pour la seconde fois la commission qualité de vie a émis un avis défavorable a la présentation de cette délibération a expliqué Christophe Saint Pierre. C’est la première fois que je vois une délibération arriver avec un avis défavorable, depuis que je suis élu au conseil municipal. Je sais que la commission n’a qu’un avis consultatif, mais j’ai et on a un peu l’impression que vous nous faites passer un 49.3 ».
Ce à quoi le Patrick Pes, conseiller municipal délégué à l’Habitat a répondu « lors de la commission, l’avis de la DDT (Direction départementale des Territoires) était manquant. Lorsque cet avis a été rendu, une nouvelle réunion a eu lieu avec les élus majoritaires. Une grosse partie de ces élus s’est alors positionnée de manière favorable ».
Plus tard dans le débat, Christophe Saint-Pierre a continué d’argumenter, mais sur le fond cette fois-ci. « Je partage le commentaire de Me. Mora sur le manque de vision sur ce secteur a lancé l’ancien maire de Millau. Démolir ce bien, c’était une occasion de fluidifier la circulation dans ce quartier (NDLR: en reliant l’impasse de Condatomag avec le Champ du Prieur). Pour réussir un aménagement dans ce quartier, il faut faire des plus et des moins. La densification n’est pas appropriée. il est nécessaire de maîtriser les parcelles construites pour déconstruire et créer un habitat nouveau et innovant sur d’autres parcelles, pour que ce quartier revive ».
De son côté, Emmanuelle Gazel s’est défendue en expliquant que « son projet n’était pas de densifier, mais de rénover et de réhabiliter pour que ce quartier n’est pas le sentiment d’être laissé à l’abandon ».
Si la différence radicale de vision entre Christophe Saint Pierre et Emmanuelle Gazel est bien présente depuis longtemps, la division de la majorité marque un nouveau tournant dans ce mandat.
Avec 14 voix contre et 19 pour, Emmanuelle Gazel peut encore se passer du soutien du groupe « Vrai Pluralité ». Pourtant, si la divergence de point de vue devait encore gagner du terrain dans l’équipe municipale, la situation politique de la Ville pourrait vite devenir incontrôlable.