[Mis à jour le 29.09 à 10h05] Mercredi 20 septembre dernier, le préfet de l’Aveyron et la sous-préfète de l’arrondissement de Millau se sont rendus à Sainte-Eulalie-de-Cernon pour rencontrer des louvetiers et des éleveurs dont les troupeaux ont été attaqués par le loup. Une visite en parallèle du nouveau plan loup qui vise à mieux protéger les troupeaux.
Depuis le début de l’année, selon les chiffres officiels données par la Préfecture, 64 constats d’attaque ont été dressés par l’OFB (Office Français de la Biodiversité) dont 32 jugés « loup non exclu », au total, 139 brebis ont été tuées en quelques mois. Des pertes directes pour les éleveurs, mais aussi des pertes indirectes comme les avortements qui selon eux « peuvent compromettre la prochaine saison laitière ».
Avec cette visite, les représentants de l’État souhaitent « confirmer leur soutien » à ces éleveurs durement touchés et « désemparés », mais également « témoigner de la reconnaissance de l’État pour le travail des lieutenants de louveterie du département » et ainsi valoriser leur travail.
Fonction mal connue ou peu connue, les louvetiers sont des agents bénévoles de l’état assermentés qui répondent aux ordres des préfets.
Si à l’origine la fonction de louvetier a été créée par Charlemagne pour chasser les loups, elle a évolué dans le temps après leur disparition.
Désormais, les louvetiers interviennent sur demande pour des problématiques liées à la faune sauvage pour permettre la cohabitation d’une vie animale et des activités humaines et faire respecter, « les équilibres agro sylves cynégétiques ».
Par exemple, dans le cas de dégâts sur des cultures par des sangliers, ils sont missionnés pour intervenir, et ce quelle que soit la période de l’année.
Une réponse graduelle
Le préfet de l’Aveyron explique que « face au retour du loup, depuis quelques années ils sont à nouveau sollicités pour les réguler ». « Espèce protégée, sa régulation est régie par des règles précises et strictes, la réponse est graduelle », précise Charles Giusti.
Les louvetiers sont présents sur le plateau du Larzac dans le cadre d’arrêtés de tir de défense simple ou renforcé pris par le Préfet. En effet, si le loup demeure une espèce protégée, l’État a jugé « qu’au regard de l’augmentation de la population en France, il n’y avait plus de risque d’extinction de l’espèce » et a décidé d’adapter sa réponse sur les territoires pour protéger le pastoralisme.
Des agents bénévoles
Le président des louvetiers de l’Aveyron Olivier Esperce détaille que « 17 louvetiers sur les 26 que compte le département de l’Aveyron interviennent depuis le 24 juillet. »
« Depuis le début, les louvetiers ont effectué plus de 120 sorties et passé 800 heures sur le terrain, pour espérer croiser la bête. Toutes ces sorties s’effectuent de nuit jusqu’à 1 heure ou 2 heures du matin et il n’est pas toujours facile de faire cohabiter vie de famille et professionnelle avec louveterie », raconte le président.
Les éleveurs sont d’ailleurs unanimes pour « reconnaître leur courage et leur pugnacité » et se disent « rassurés par leur présence ». Mais pour le moment, le loup court toujours. À plusieurs reprises les louvetiers ont vu l’animal en question, mais aucun tir n’a jamais pu être engagé « L’animal est très méfiant et il reste à une distance trop importante », concluent les bénévoles.
Ce soir-là au Bengouzal et sur le causse du Larzac, le préfet et la sous-préfète ont accompagné les lieutenants de Louveterie sur le terrain et passés la nuit à leur côté.