Millau. Opinion : « Commerce local : actions et réalités »

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Charlie Medeiros (photo d'archives)

La page est tournée… La voiture va retrouver sa place en centre-ville. À titre personnel c’est une déception dont il est important de tirer les enseignements. Je ne souhaite pas refaire le décompte des arguments pour ou contre, mais il semble évident que nous avons vu trop grand, trop vite. Tout ce travail n’est pas vain. Je salue l’engagement de nos agents qui ont fait preuve d’une adaptabilité remarquable. Il fixera les limites dans les années futures. Quel que soit le bord politique, le sujet reviendra. La qualité de vie en centre-ville passe inévitablement par une réduction des nuisances : la voiture en est une.

La frénésie suscitée par ce projet a conduit à quelques contre-vérités qu’il me semble important de clarifier avec une approche factuelle.

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Les habitants ne viennent plus en centre-ville. C’est faux.

Depuis deux ans, nous avons recours aux services de MyTraffic, société spécialisée dans la mesure des flux piétons. Leur solution se base sur les données GPS de nos téléphones avec une fiabilité supérieure à 95%. Sur les trois dernières années, la fréquentation du centre-ville est stable avec une moyenne de 593 000 visiteurs par mois. Pour l’année 2023, la tendance est positive avec 613 000 visiteurs mensuels.

La fermeture des commerces explose. C’est faux.

Dès que nous sommes arrivés, jusqu’à la mi-2022, nous avons répertorié tous les locaux commerciaux, à partir de plusieurs bases existantes, suivi d’un long travail de terrain : local occupé, libre, surface, particularités, activité, propriétaire, valeur locative, taxe foncière… Depuis, cette base est mise à jour quotidiennement. Nous sommes capables de mesurer instantanément la vacance commerciale, d’une rue, d’un quartier et de toute la ville. Le nombre de locaux fermés en centre-ville a baissé sur les trois dernières années. Nous étions à 19.1% en 2020. Nous sommes passés à 17.4% à date, en 2023.

Le contexte économique reste difficile. Les défaillances nationales se multiplient : Camaïeu, Kidiliz, Mado… Partout en France le commerce de proximité souffre, impacté par un coût de la vie trop élevé et un développement du commerce en ligne hors de contrôle. Toutefois, sans se réjouir des chiffres, notre centre-ville résiste et attire. Régulièrement des enseignes nationales manifestent leur intérêt, se confrontant souvent et bien malheureusement à un foncier rare, sur-côté, ou à l’absence de porteur de projet.

La première mission de notre manager du commerce, dont je tiens à souligner le professionnalisme, est l’accompagnement. Rapidement nous avons instauré un dialogue régulier avec les associations de commerçants, organisé des réunions de quartiers, lancé les rencontres du commerce, multiplié les rendez-vous d’accompagnement personnalisé. Nous avons en parallèle développé une politique commerciale sans précédent :

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  • Programme d’accompagnement en période Covid avec près 1 million d’euros d’aides non remboursables en partenariat avec la région,
  • Programme d’aide à la rénovation des vitrines,
  • Programme d’aide à l’installation,
  • Observatoire du commerce, évoqué plus haut,
  • Réflexion continue pour l’accessibilité aux commerces : 30 minutes gratuites au parking Emma Calvé, accès au parking Capelle par la rue du Rajol et tickets 1h gratuite, places bleues, abonnement artisans…
  • Campagne biannuelle de portraits commerçants,
  • Décoration estivale…

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Nous avons cette année gagné la bataille contre le village de marque de la Cavalerie pour protéger nos commerçants, malgré l’intérêt évident des consommateurs. Pour 2024, après un long travail de concertation, nos halles seront plus accueillantes et les locaux vacants seront taxés pour mieux sensibiliser les propriétaires refusant de louer.

Beaucoup de commerçants ont un état d’esprit remarquable. Toujours positifs, ils savent surmonter les obstacles et se mettre au service de leurs clients.

Malheureusement, souvent à cause d’une charge mentale trop forte, parfois par perte de vocation, quelques-uns ouvrent boutique sans objectifs. Ils ne vont plus de l’avant : magasins vieillissants, offres inadaptées, incomplètes, dépositionnement tarifaire, animations inexistantes… S’enclenche alors un cercle infernal : baisse de fréquentation, de chiffre d’affaires et de trésorerie. Toutes les excuses sont bonnes… Les commerçants en réussite sont jalousés. Les formations, toujours gratuites, proposées par les associations commerçantes et la collectivité sont le plus souvent boudées.

Parmi ces derniers, cette fois par corporatisme ou selon des valeurs très discutables…, certains en oublient l’élémentaire. Pour les subventions accordées en période covid, parfois plusieurs milliers d’euros non remboursables, les signes de reconnaissance peuvent être comptés d’une main. Notre combat contre le village de marque dans le seul but de les protéger : ils ne doivent pas être au courant… Certains sont capables de comportements encore plus stupéfiants en nous calomniant ouvertement sur les réseaux sociaux juste après nous avoir sollicités pour trouver un financement ou faire avancer une demande administrative.
Le seul maître du jeu, c’est le client. Je fais confiance aux Millavois pour soutenir le commerce local selon les meilleures expériences qui leur seront offertes.

Pleinement épanoui dans ma vie professionnelle, je n’ai aucune ambition personnelle au plan politique, si ce n’est de m’engager modestement pour ma ville en faisant de mon mieux. Avec la même énergie, je suis convaincu de pouvoir contribuer à de nouveaux projets dès les prochaines semaines, mon engagement en faveur du commerce étant terminé.

Charlie Medeiros,
Conseiller municipal délégué au Commerce et à l’Artisanat

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