Mardi 21 novembre, les sept conseillers municipaux du groupe d’opposition Millau en Action annonçaient leur démission. Ce qui aurait pu être l’épilogue d’un feuilleton qui dure depuis des mois s’est avéré être un énième rebondissement que la maire de Millau Emmanuelle Gazel « condamne fermement ».
Dans un communiqué lu à la presse et ensuite commenté au gré des questions des journalistes, Christophe Saint-Pierre et les élus du groupe Millau en action ont annoncé la démission collective du groupe d’opposition municipal : « délabrement de la majorité municipale, 14 démissions au sein de la majorité, climat instable, méthodes qui entachent le mandat, pas de projet pour la ville, opposition muselée, déclin de Millau, désarroi de la population… » sont autant de raisons qui ont conduit l’opposition menée par Christophe Saint-Pierre à prendre cette « difficile » décision. « Elle n’a pas été prise à la légère, mais longuement mûrie, et prise en responsabilité pour ouvrir la voie », précise Christophe Saint-Pierre qui argumente que « le meilleur moyen de retrouver de la sérénité est de retourner aux urnes ». Une volonté, clairement affichée et une option « souhaitée », mais une finalité contrariée par la ferme intention de Nathalie Fort de ne pas démissionner.
Seule contre tous sur la liste Millau en Action, cette dernière n’ira pas poster sa démission jeudi, comme tous les autres. Une décision dissidente, mais assumée dont elle précise les raisons dans un communiqué adressé aux rédactions locales. Pour l’heure, elle devient de fait, le caillou dans la botte de l’équipe Millau en Action et le joker presque inespéré de la maire de Millau et de la majorité, puisque sa démission conduirait directement les Millavois aux urnes dans un délai de trois mois.
Du côté de Millau en action, on espère un changement de cap et on explique que « la décision lui appartient, mais qu’elle ne fera pas reculer l’opposition dans ses certitudes ». « La démission ne vaut pas abandon, bien au contraire, nous voyons l’opportunité de mettre ces deux prochaines années à profit pour changer et lancer enfin un projet structurant pour la ville. Nous continuerons avec détermination avec pour seul moteur l’intérêt de Millau », concluent les membres de l’opposition.
Une version que l’édile met à mal et dont le seul sentiment partagé est celui de la détermination, puisqu’elle affirme « être plus que jamais déterminée à porter avec enthousiasme les projets pour lesquels les électeurs lui ont donné mandat et qui lui donnent l’énergie de continuer ».
« Je condamne fermement cette démission et je ne comprends pas qu’ils se privent d’exercer leur rôle dans l’opposition. Elle n’est le fruit que d’une attitude politicienne basse sans penser à l’intérêt de la ville », lance Emmanuelle Gazel qui insiste sur « un manque de respect pour les Millavois qui ont voté pour eux ».
« Quand on est élu, il faut rester à sa place comme je l’ai fait pendant six ans dans l’opposition, c’est ça le débat public. Quand on a un mandat, c’est pour six ans, les concitoyens en ont ras le bol de cette tambouille politicienne », martèle la maire avant de jeter un nouveau pavé dans la marre et de se demander si « cette démission n’est pas une manœuvre pour faire diversion ».
Une démission pour masquer des erreurs
« On peut s’interroger sur cette démission qui est peut-être là pour masquer de nouvelles erreurs de gestion sous l’ancien mandat », insiste la maire de Millau en expliquant que pour le nouvel EHPAD, la municipalité Saint-Pierre avait contracté un prêt à taux variable qui « pourrait mettre les finances de la Ville en péril ». Une décision pour laquelle Emmanuelle Gazel annonce qu’elle « envisage de saisir la cour régionale des comptes ». « C’est peut-être une façon de faire diversion après une gestion calamiteuse des finances de la Millau », soupçonne telle.
« Travailler avec Nathalie Fort »
Parmi les raisons évoquées par Nathalie Fort pour ne pas démissionner, le projet Silex prévu dans le sous-sol du Créa, que l’équipe Gazel avait abandonné dès 2020 mettant en avant « un projet trop coûteux et impossible à financer dans son fonctionnement ». Celle qui devrait prochainement être élue affirme avoir « demandé le maintien du projet du Silex tel que l’a conçu Karine Orcel ». Elle détaille qu’Emmanuelle Gazel « s’est engagée à poursuivre les travaux et le faire vivre » avant de menacer de « démissionner si rien n’avance », expliquant que dans ce cas, « ce serait une raison digne de ce nom pour démissionner ». Une situation qui n’est pas sans rappeler la dernière démission de Gilles Tulsa qui avait pourtant obtenu la levée de la piétonnisation.
Interrogée sur ce sujet, Emmanuelle Gazel n’a pas confirmé dans leur intégralité les propos de Nathalie Fort ni garanti que le projet serait réalisé comme initialement prévu, mais a rappelé les dernières décisions concernant le Créa lors de la présentation des orientations budgétaires pour 2024 en conseil municipal : « nous souhaitons terminer les travaux du Créa pour pouvoir installer les associations et des activités le plus tôt possible. Les archives devraient être finalement déplacées vers la mairie annexe ». Elle a également salué la posture de Nathalie Fort, « même si on n’est pas d’accord sur tout, nous refusons toutes les deux la violence en politique » a expliqué la maire, avant de confirmer qu’elle « inviterait Nathalie fort à travailler avec l’équipe municipale sur le projet Silex ».
Reste désormais à savoir si la solution qui sera trouvée et déployée pour le projet Silex sera celle qui ramènera le calme à Millau ou entraînera de nouvelles élections municipales.