Millau. Jonathan Picamoles, de la musique de fête à la musique de film

Aurélien Trompeau
Aurélien Trompeau
Lecture 7 min.
Jonathan Picamoles dans son studio d’enregistrement. (© Aurélien Trompeau)

Des débuts de la musique techno dans les rave parties, jusqu’à la composition de musique de film en passant par la photographie et un parcours professionnel dans l’armée, Jonathan Picamoles a fait de la polyvalence sa marque de fabrique. Après plusieurs années à Toulouse et à Paris, le Covid a décidé le Millavois à faire son retour dans la Cité du Gant pour continuer à y développer des projets.

La musique électronique, Jonathan Picamoles la découvre dans les années 90. Alors que le mouvement techno est en plein essor, il fréquente les rave parties qui s’organisent autour de Toulouse. « À l’époque, je commence à travailler pour l’armée à Toulouse, se souvient Jonathan Picamoles. En parallèle, je tombe vraiment amoureux de la musique électronique. Un jour je vais chez un copain qui a un synthétiseur et un logiciel pour faire de la musique sur ordinateur. Je teste et ça me conforte dans l’envie de creuser dans cette direction. »

Avec ses premières payes, il achète ses premières machines, samplers et boîtes à rythmes. Peu à peu, Jonathan apprend à maîtriser les outils, jusqu’à ce que ce soit lui qui joue en tant que DJ, dans les free parties qu’il fréquentait avant. « En semaine, je passe beaucoup de soirées sur mes machines pour préparer les lives, explique le DJ. Le week-end, je prends beaucoup de plaisir à faire bouger les gens, dans cette ambiance de fête ».

Pourtant, après quelques années, c’est à travers une tout autre voie musicale que Jonathan va avoir l’occasion d’exprimer sa créativité.

Musique de film : un pas de côté pour une nouvelle route

Au début des années 2000, un ami va lui proposer de composer la musique de son premier film. Cet ami, c’est le réalisateur Julien Izard et ce premier projet, le début d’une nouvelle aventure créative pour Jonathan.
« J’accepte rapidement et je m’investis pleinement dans ce projet, se souvient le compositeur. C’est vraiment différent de ce que je suis habitué à faire. Il y a quelque chose de plus élégant. Je me dis que c’est peut-être une porte de sortie du milieu techno, dont j’ai l’impression d’avoir fait le tour. »

Jonathan doit attendre quatre ans, avant d’avoir une fois encore l’occasion de réaliser une musique de film. C’est encore une fois Julien Izard qui fait appel à lui, mais cette fois-ci pour un moyen métrage baptisé « Le Keus ». Une réalisation plus ambitieuse qui rassemble des acteurs confirmés comme Julie-Marie Parmentier, Fred Saurel ou encore Marius Colucci, le fils de Coluche.

« Le film est remarqué par les programmateurs de la chaîne 13e rue, raconte Jonathan. Ils apprécient tellement, qu’ils vont le diffuser 580 fois. En plus de la satisfaction de la réussite du projet, il y a une réalité financière avec les droits d’auteurs, qui sont rémunérés pour chaque diffusion. Tout ça me décide à m’engager un peu plus dans cette voie. »

Le musicien se met alors à apprendre le solfège, la guitare, le synthé ou encore la basse. Il fait aussi une formation de technicien son et de musique assistée par ordinateur, afin d’étendre un peu plus le champ de ses compétences.

À la fin des années 2000, Jonathan Picamoles débarque à Paris. « On est souvent avec des gens du cinéma et les projets se densifient, indique le Millavois. Il y a des musiques de documentaire, mais aussi de théâtre, de fictions ou des choses plus institutionnelles. À chaque fois, c’est quelque chose de différent. Selon que l’on connaisse ou pas le réalisateur, la manière de travailler change vraiment. L’idée est de pouvoir faire des propositions très variées, qui collent à l’univers du film ».

Malgré un réseau grandissant, des propositions qui se multiplient et beaucoup d’envie, Jonathan Picamoles vivote avec peine de ses compositions.

Comme il a pas mal de temps libre, le musicien retourne épisodiquement à ses premières amours : la techno. « Je recommence à travailler des morceaux, explique le DJ. Je me dirige vers un univers plus industriel et plus tranquille, que ce que je faisais à l’époque des rave parties. Je sors un vinyle autoproduit sous le nom d’artiste Ahmok que je distribue de manière assez artisanale, mais l’essentiel, c’est que je retrouve le goût de faire cette musique ». Finalement, c’est le Covid qui va pousser Jonathan Picamoles à revenir à Millau et à faire de la transversalité de ses compétences, une force.

Techno, photo, composition : une créativité sans barrières

Lorsqu’il revient à Millau, Jonathan n’a pas de feuille de route précise. Au gré des occasions et des propositions, il va mettre en œuvre les compétences qu’il a acquises dans différents domaines.

« Depuis que je suis revenu, j’ai fait des choses très variées, reconnaît Jonathan Picamoles. J’ai travaillé comme technicien son avec « L’Ami des lobbies ». Je donne des cours de prise de son avec les élèves de l’option cinéma du lycée Jean Vigo. Je fais aussi pas mal de photos, surtout des portraits de comédien dans une école de cinéma à Montpellier, mais aussi des groupes de musique locaux. Je continue la composition de musique de film, avec un long métrage de mon ami Julien Guiol. La musique, elle aussi, garde une place importante dans ma vie. Je sors régulièrement de nouveaux morceaux sur la plateforme Bandcamp. J’ai également eu l’occasion de jouer dans plusieurs bar musicaux des environs ».

L’actualité récente de Jonathan est consacrée à la photo, puisque l’artiste présentait au mois de novembre une exposition à la MJC. Des clichés de voyage, aux quatre coins du monde, qui témoignent de la curiosité et de la sensibilité artistique de ce Millavois aux multiples facettes.

Partager cet article