Fin novembre, Christophe Saint-Pierre et six autres élus (Christelle Sudres Baltrons, Flora Gaven, Claude Assier, Roger Laborie, Alain Nayrac et Thierry Solier) annonçaient leur démission du conseil municipal. Jeudi soir, une partie de l’équipe de Millau en Action avait invité la presse locale pour livrer leur sentiment sur la vie politique locale.
« Comme nous l’avions annoncé, nous avons continué d’assister aux conseils municipaux et communautaires, a expliqué Christophe Saint-Pierre. Nous restons des citoyens attentifs et vigilants à l’actualité locale, tout en assurant en parallèle d’assurer nos fonctions au sein de l’association Millau en Action ».
Une association « qui permet de structurer le travail et la réflexion pour préparer l’avenir de Millau et pour dénoncer la politique d’Emmanuelle Gazel », comme l’a expliqué Théo Costes, qui partage la co-présidence avec Flora Gaven.
Dans le cadre de cette rencontre, Christophe Saint-Pierre et son équipe ont donc abordé l’actualité à travers huit « sujets clés ».
Le permis de louer : une mesure saluée
« La mise en place du permis de louer annoncée lors du dernier conseil communautaire est une très bonne chose, a indiqué Christophe Saint-Pierre. C’est un bon outil et une étape importante de lutte contre l’habitat indigne dans le centre-ville. Ce dispositif s’inscrit dans la continuité d’une délibération de mai 2019, visant à passer une convention avec la CAF pour habiliter des agents de la collectivité à se rendre compte de la vétusté des logements. L’objectif étant d’en rendre ensuite compte à la CAF, pour pouvoir prendre des mesures de rétentions des aides (APL) qui sont versées directement aux propriétaires ».
Millau Viaduc 2 : « garder l’ambition d’attirer des entreprises extérieures »
Le deuxième point abordé concerne la vente de deux lots sur la zone d’activité de Millau Viaduc 2. « Dans son discours, Mme Gazel donne le sentiment qu’enfin, on commence à commercialiser les lots de Millau Viaduc 2, sous entendu les autres n’ont rien fait », commente Christophe Saint-Pierre. L’ancien maire de Millau a ensuite repris l’historique de cette zone d’activité, lancée par Guy Durand, sous l’impulsion de Gérard Prêtre, alors vice-président de la communauté de communes.
« À l’époque, l’idée était de mettre à disposition des terrains de grande superficie afin de prospecter vers l’extérieur, a rappelé Christophe Saint-Pierre. Lorsque nous sommes arrivés aux affaires, nous avons souhaité poursuivre cet objectif, tout en accompagnant les entreprises locales avec un renforcement du dispositif d’aide aux entreprises, du service économique de la communauté de communes ou encore avec le projet de réhabilitation de la TGM. Nous souhaitions compléter les parcelles libres de Millau Viaduc 1 et accueillir des entreprises extérieures sur Millau Viaduc 2. Aujourd’hui, lorsque l’on assiste à la vente de deux lots sur Millau Viaduc 2 a des entreprises déjà présentes à Millau, on peut se demander si le ratio m² est favorable. Nous avons déjà eu des propositions pour des hangars ou autres que nous avions déclinées. Bien sûr, il faut accompagner les entreprises locales, mais aussi ne pas se recroqueviller sur soi et garder l’ambition d’attirer des entreprises exogènes au territoire ».
Centre aquatique : une audition du constructeur demandée
Christophe Saint-Pierre a poursuivi son état des lieux avec le sujet récurrent de la construction du centre aquatique. « La présidente de la communauté de communes tire régulièrement à boulets rouges sur le constructeur, a indiqué l’ancien élu. Elle dénonce les retards et met en cause à chaque présentation budgétaire le projet piscine et le constructeur. Mais de notre côté, nous n’avons pas le même son de cloche de la part de l’entreprise en charge des travaux. J’invite très fortement les conseillers communautaires et la maire à organiser une audition, afin que l’entreprise puisse s’expliquer. Si l’entreprise ne porte pas la responsabilité des retards et des difficultés, il faut qu’elle puisse se dédouaner et s’expliquer. »
Quartiers prioritaires : « une fausse bonne nouvelle »
Lors du dernier conseil municipal, Emmanuelle Gazel a annoncé que les quartiers du cœur de Ville (le poisson) et Beauregard avaient été retenus dans le cadre du programme national « Quartier prioritaire politique de la Ville » (QPV).
Un dispositif qui offre un soutien pour de nombreuses actions, mais qui traduit également la détresse sociale et économique de zones où le revenu médian est estimé à 11 600 euros.
« C’est une fausse bonne nouvelle, n’a pas manqué de déclarer Christophe Saint-Pierre. Quand nous avons été élus en 2014, nous avons identifié rapidement la dynamique de paupérisation du centre-ville. Quand le dispositif QPV est apparu début 2015, nous avons rapidement été intéressés, notamment par les avantages d’accompagnement financier et l’exonération pour les entreprises de la zone. Mais lorsque nous avons fait la démarche auprès des services de l’État, nous n’étions pas éligibles, car nous étions au-dessus du seuil de revenu moyen. Nous nous sommes retroussés les manches pour avec des projets comme le Voultre, l’action co-propriété dégradée, les Sablons, le dispositif Action Cœur de Ville. Tout a été mis en œuvre pour inverser la tendance à travers une réflexion globale sur l’aménagement de la ville. Malheureusement, Emmanuelle Gazel, depuis quatre ans, freine des quatre fers sur les actions du centre-ville. Si on prend l’exemple des Sablons, on est passé d’un projet ouvert, pour connecter la rue de la Capelle et le boulevard de Bonald avec une grande place, à une place intimiste et à la construction de logements sociaux. Il y un vrai manque de vision pour le centre-ville et une dégradation qui s’est accentuée sur la zone. Nous aurions pu nous retrouver sur un certain nombre de choses, par exemple la piétonnisation. Mais en le faisant sans concertation, sans plan d’ensemble, ni plan de circulation, Emmanuelle Gazel passe en force et c’est un recul. »
Inauguration Clausel de Coussergue : le coup de gueule
Christophe Saint-Pierre a conclu son intervention en critiquant vivement la cérémonie d’inauguration de la rue Clausel qui a eu lieu le 3 février dernier. « J’ai été choqué que les membres de l’association Millau Solidaire, qui sont les supporters d’Emmanuelle Gazel, prennent la parole durant ce qui était une cérémonie officielle. Le fan club qui nous fait un panégyrique sur l’action du maire, on mélange vraiment tout. Faire une inauguration devant un parterre de convertis et oublier comme par hasard d’inviter les commerçants et riverains, tout en leur faisant une lettre d’excuses quelques jours après : en termes de méthode, on franchit un cap ».
Éducation : où sont les étudiants ?
C’est ensuite Christelle Baltron qui a pris la parole, pour évoquer la thématique de l’éducation dont elle était l’élue référente sous la mandature précédente.
« Nous nous félicitons d’une délibération au dernier conseil qui traite de la création de l’unité d’enseignement autisme en élémentaire, qui s’inscrit dans la continuité de ce que nous avions impulsé avec l’unité maternelle d’enseignement autisme. En revanche, sur le thème de l’éducation en général, nous sommes très déçus. Il y a peu, Emmanuelle Gazel était la vice-présidente en charge de la formation à la Région, on a l’impression qu’elle ne veut pas aller chercher des actions pour que Millau ait des formations dignes de ce nom. Le Campus Connecté devait être un premier pas vers une ville de 1000 apprenants. Trois rentrées plus tard, avec un effectif de 14 étudiants sur le Campus Connecté, on est très loin du compte ».
Des charges de personnel critiquées
Christelle Baltron a continué son intervention sur un tout autre sujet. En tant que professionnelle des ressources humaines, l’ancienne élue s’est intéressée au poids des charges personnelles dans le budget de la ville. « Lors du rapport social unique, Michel Durand a annoncé que les charges de personnel pèsent à hauteur de 60 % dans les dépenses budgétaires de la Ville. Pour une ville qui mutualise, c’est impossible d’atteindre un tel niveau. Les communes de mêmes strates qui mutualisent sont en général autour des 50 %. Nous étions environ à 58 % lors du mandat précédent, mais sans mutualisation. »
Le Silex : « oui, mais dans son intégralité »
Impossible de terminer ce tour de l’actualité locale, sans évoquer l’un des sujets récurrents du mandat d’Emmanuelle Gazel : le Silex. Alors que le projet est de nouveau sur les rails, l’équipe de Millau en Action se réjouit de sa réalisation, tout en affichant la plus grande prudence.
« C’est un projet attendu de tous les Millavois qu’Emmanuelle Gazel s’était engagée à réaliser lors de sa campagne, rappelle Claude Assier. Aujourd’hui, on a le sentiment qu’elle traine les pieds et on voit bien qu’elle va le faire sous la contrainte. Mais, là encore, nous n’avons aucune information sur les futures réunions ou les prochains rendez-vous. De plus, elle veut déménager le FabLab à la TGM, alors que sa place est bien au Créa, en cœur de ville, dans cet espace qui est un lieu de rencontre, d’échange et d’animations. On espère que cette annonce ne sera pas vaine et que le projet verra le jour dans son intégralité ».
Christophe Saint-Pierre a également dénoncé le procédé. « Le plus dramatique dans cette histoire, c’est de se remémorer la façon dont elle a mitraillé le Silex pendant trois ans avec de faux chiffres. Ce n’est pas nous qui les donnons, c’est son ancienne adjointe aux finances… »