Législatives en Sud Aveyron : pour Richard Bouigue, « le premier tour sera déterminant »

Yannick Périé
Lecture 8 min.
Richard Bouigue, membre du Parti Socialiste et candidat du Nouveau Front Populaire sur le 3e circonscription de l'Aveyron.

L’annonce de la candidature de Richard Bouigue, membre du Parti Socialiste et représentant du Nouveau Front Populaire, pour les élections législatives anticipées dans la 3e circonscription de l’Aveyron, a suscité de nombreuses discussions depuis samedi. Conscient de son déficit de notoriété, celui qui est maire adjoint à la mairie du 12e arrondissement de Paris a tenu une conférence de presse mardi 18 juin en fin de journée, en compagnie de son suppléant Clément Carles, de la maire de Millau Emmanuelle Gazel, et de plusieurs élus locaux.

« C’est une campagne rapide, très contrainte et pas comme les autres dans les délais et les enjeux », a-t-il déclaré en ouverture, soulignant le caractère inhabituel de cette élection.

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Entrant directement dans le vif du sujet, il a exprimé ses préoccupations concernant la montée du Rassemblement National (RN), son adversaire tout désigné : « Le risque de l’arrivée du RN dans cette circonscription est réel, présent, et j’ai noté beaucoup d’inquiétudes chez les citoyens dans les premiers contacts que j’ai eus », ajoutant que cette inquiétude touche particulièrement les immigrés, les associations féministes et la communauté LGBTQIA2+. « Je veux dire à ces personnes que nous serons à leur côté, nous sommes présents. »

Il a ensuite mis en garde contre les politiques du RN, en citant l’exemple du gouvernement de Giorgia Meloni en Italie qui « attaque les classes populaires et le droit des citoyens ». « Si c’est la même politique qui nous attend ici en cas de victoire du RN, c’est inquiétant. »

« Le premier tour sera déterminant »

Richard Bouigue a également souligné l’importance de l’unité à gauche : « Je trouve rassurant les rassemblements des forces de gauche, qui entendent mener une politique bienveillante, respectueuse, à l’écoute des enjeux locaux et de la ruralité ». « Je ne crois pas à la vague inéluctable du RN », a-t-il continué, rappelant que si l’enjeu est national, l’impact local est significatif. « Nous voulons recoudre la société et recoudre les solidarités. Nous voulons travailler sur comment on remet ensemble, comment on réconcilie, comment on répare quand d’autres manipulent les peurs. »

En rajoutant une couche, il a critiqué le RN, le qualifiant de « supercherie qui se dit populaire, mais qui ne l’est pas » et affirmé que « le RN vise à détricoter la République ». Pour le candidat du Nouveau Front Populaire, le premier tour sera crucial : « Nous avons l’habitude de dire que battre le RN, c’est au deuxième tour. Mais cette fois, c’est le premier tour qui sera déterminant. »

« On est à midi moins un de la catastrophe »

Clément Carles, conseiller municipal d’opposition à la mairie de Saint-Affrique et candidat suppléant de Richard Bouigue.

Concernant la gestion économique du RN, il a ironisé : « Le RN, c’est plus de dépenses et moins de recettes, c’est magique », soulignant au passage que l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir se ferait sur l’autel de la transition écologique et des défis climatiques. « Si le RN arrive demain au pouvoir, après, c’est quoi la solution quand ils seront là ? », a-t-il questionné, évoquant à nouveau le cas italien où, malgré une politique anti-immigration, le gouvernement a dû faire appel à 450 000 immigrés pour soutenir l’économie. « Il faut avoir une approche pragmatique », a-t-il affirmé.

Richard Bouigue avec son suppléant, Clément Carles.

« Un député de gauche avec qui on pourrait travailler »

De son côté, la maire de Millau, Emmanuelle Gazel, a exprimé tout son soutien à Richard Bouigue : « Notre mobilisation démontre notre soutien à votre candidature et aux valeurs de solidarité, de lien, de vivre ensemble que l’on porte depuis trois ans. Une gauche à l’écoute et pragmatique, une gauche de l’égalité des chances. » Elle a également critiqué Jean-François Rousset et la majorité présidentielle : « Macron n’est pas non plus la solution », le tenant pour « responsable de la situation dans laquelle nous sommes tous ».

« Le danger du Rassemblement national est très présent cette fois », a alerté Emmanuelle Gazel, alors que notre circonscription se tenait jusqu’à présent à l’écart du vote extrême droite. Un « danger » exacerbé par la double étiquette RN/LR de Pierre-Antoine Fevre et de la possible arrivée du RN aux commandes.

« Même si la circonscription n’a jamais été à gauche, avoir un candidat de la majorité présidentielle n’a rien à voir avec un simple député RN », a-t-elle averti. Au contraire, elle souligne « la chance » que constituerait pour Millau et notre circonscription l’élection de Richard Bouigue, « un député de gauche avec qui on pourrait travailler ».

« Je fais un retour au pays »

Face aux critiques concernant le caractère « parachuté » de sa candidature, Richard Bouigue rétorque : « Un candidat parachuté est quelqu’un qui n’a aucune attache avec le territoire et qui est envoyé dans une circonscription facile à gagner. On ne peut pas dire que ce soit le cas ici, le parachute doré, je ne le vois pas trop. »

Et de devoir rappeler ses liens avec la région : « Je suis né à Rodez, ma famille est de Saint-Martin-de-Lenne. Je suis installé à Millau depuis deux ans et j’ai ma résidence principale à côté. Je fais un retour au pays, comme beaucoup de Parisiens. » Il se souvient du temps où ses parents tenaient la Jasse du Larzac et qu’il gardait les brebis à la ferme de l’Hôpital, le temps où il côtoyait les Rouquairol, Burguière, Vincens, Thelen ou encore José Bové…

Même s’il l’avoue, il n’avait pas prévu de se lancer dans l’arène aussi vite. « Je n’avais pas envisagé la dissolution », rappelle-t-il, lui qui comptait garder encore « un pied dans le 12e arrondissement de Paris et l’autre dans le 12e département jusqu’en 2026 ou 2027 ».

Comme les autres candidats, Richard Bouigue ira à la rencontre des Sud Aveyronnais « dans les villes, sur les marchés et dans les campagnes » avec pour ambition d’arriver dans les deux premiers lors du premier tour. « Je refuse d’envisager d’être troisième », sourit-il.

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