L’église Saint-François, qui s’élève en bordure de la rue du Barry et l’ancien collège municipal faisant face au boulevard de l’Ayrolle, occupe l’emplacement de l’ancienne Maison des Hospitaliers de Saint-Jean, qui cédèrent leur enclos aux Capucins, une des branches les plus récentes de l’ordre de Saint-François (d’où le vocable de l’église)
Fondation de la Paroisse
Jusqu’en 1828, il n’y eut, à Millau, qu’une seule paroisse, celle de Notre-Dame, mais avec l’augmentation de la population elle était devenue trop petite pour contenir tous les fidèles. Depuis longtemps l’opinion publique réclamait la création d’une nouvelle cure. Pour ce faire, la ville fit l’acquisition le 11 juillet 1825, pour la somme de 18 000 francs du vaste enclos des Capucins y compris les bâtiments et l’église, situés à l’emplacement de l’actuelle église Saint-François, que des personnes pieuses avaient acheté en 1791, lors de la vente des biens nationaux. Le Maire de l’époque, Claude de Bourzès, fut autorisé par l’État à prélever un impôt extraordinaire pour aménager ces divers immeubles et à demander aux autorités compétentes l’érection de la chapelle en église paroissiale (15 janvier 1827).
La prise de possession de l’église des Capucins eut lieu le 1er novembre 1829. Dans l’intervalle, les offices paroissiaux furent faits dans l’église des Pénitents, c’est-à-dire dans l’église Saint-Martin qui, ruinée à l’époque des guerres de Religion, fut reconstruite par les Pénitents blancs.
Notre-Dame perdit alors environ 1700 fidèles, qui allèrent former une nouvelle famille catholique, sous la direction d’un second curé à Millau. En souvenir des religieux franciscains à qui appartenait l’église avant la Révolution, on dédia la nouvelle paroisse le 20 juillet 1828 à «Saint-François » (Jules Artières, Millau à travers les siècles, 1943).
Construction de l’église
Sur l’emplacement de l’église des Capucins fut très vite envisagé d’édifier un nouveau lieu de culte bien plus vaste. Dès 1835, les habitants de Millau adressaient à ce sujet une pétition au Conseil municipal qui dû, faute de ressources, se borner à reconnaître l’insuffisance de l’église. De 1700 catholiques en 1828, la paroisse de Saint-François avec l’accroissement de la population (9617 habitants en 1844), vit son nombre de paroissiens grimper à 2223 fidèles.
En 1846, cette insuffisance était si manifeste, qu’un certain nombre d’habitants offraient de construire, à leurs frais, une nouvelle église, moyennant que la Commune leur accordât une subvention de 40 000 francs. Mais toujours pour le même motif, la reconstruction dut encore être ajournée, et ce n’est qu’en 1861 que le projet fut sérieusement repris. En effet, après Pierre Arnal premier curé (1828-1854) et l’abbé Bioulac (1854-1858), c’est sous le ministère de Jean-Baptiste Saurel qui fut curé de 1858 à 1886 dans cette paroisse que l’église tant attendue vit enfin le jour.
Du 18 mai 1861 où cette construction vint sur la table du conseil municipal encouragée par le maire Achille Villa et la famille de Gaston de Sambucy qui offrit 30 000 francs de souscription, à 1868, le curé dut faire face à de nombreuses oppositions, mais après sept ans d’atermoiements, les plans et devis de l’architecte toulousain Henry Bach furent approuvés en juillet 1866, et un emprunt communal de 160 000 fr. autorisé. L’adjudication n’eut lieu qu’en mai 1868, sur la mise à prix de 120 000 fr. Exécutée par l’entreprise Cammas, la construction de l’église commença en août 1868, et ne fut terminée qu’en septembre 1873. Durant ces cinq ans, les offices furent faits dans un local au 13 rue de la Liberté. La consécration solennelle du nouvel édifice eut lieu les 15 et 16 octobre 1873 en présence notamment de 4 prélats : Monseigneur Bourret, évêque de Rodez. Le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, Mgr Lyonnet, évêque d’Albi et Mgr Dalbert, évêque de Périgueux, présidèrent au baptême des quatre cloches.
Description de l’édifice
L’église de Saint-François a été bâtie dans le style roman secondaire (moins coûteux que le style gothique). La façade principale, entièrement construite en pierre de taille, offre un portail monumental aux colonnettes et archivoltes finement travaillées. On y avait prévu l’emplacement d’un tympan, à la place d’une simple cloison de briques, orné de sculptures symboliques, mais faute de budget, il n’y fut mis qu’en 1928 par Jean Malet, sculpteur qui représente dans un demi-cercle, Saint-François au premier plan recevant les stigmates des mains d’un christ ailé au loin.
Jules Artières se souvient de son édification : « Ce ne fut pas sans peine et sans tâtonnements que le monument fut mis en place, ce n’était pas en effet une petite affaire que d’élever du sol, un bloc d’environ 1500 kilos » (Messager de Millau, 10 novembre 1928)
Le Collège, adossé à l’église Saint-François et bâti à la même époque, appartient au style roman renaissance. Décrivant l’église, M. J. de Gissac, dans les Arts à Millau ajoute : « Une belle rosace à meneaux donne à cette façade un aspect imposant. Une série d’arcatures supporte les corniches, et la décoration du pignon est complétée par d’élégants clochetons. Les faces latérales et le pourtour de l’abside sont accostés de contreforts ornementés… Le clocher est un simple campanile peu élevé [toutefois à 34 m de hauteur], situé au-dessus de la sacristie. Il est incontestable que l’effet eût été bien plus beau, s’il avait été placé au-dessus de la façade principale. Saint-François mesure, dans œuvre, 39 mètres de longueur. La largeur de la grande nef est de 7,5 m et la largeur totale (celle du transept), 17,70 m. Le vaisseau central a 15 m de hauteur, flanqué de deux bas-côtés de 7 m de hauteur, d’un chœur voûté en cul-de-four, et, au-dessus de grandes arcades, un triforium et un niveau de fenêtres hautes. Les voûtes en plein cintre sont surmontées de chapiteaux. »
Le mobilier est remarquable par sa simplicité. Le grand autel, les autels latéraux de la chapelle de la Sainte-Vierge et de Saint-Joseph, tous en marbre sont l’œuvre de l’éminent sculpteur François Mahoux (1835-1901) de Rodez, auteur aussi des fonts baptismaux, la chaire est en bois de chêne, quatre confessionnaux sont faits du même bois. Les vitraux, très fins, mais un peu sombres, ont été faits par Rigaud, de Toulouse. Le chemin de Croix, en terre cuite polychromée, est sorti des ateliers de M. Robert Le Froc, de Paris.
Sa décoration intérieure fut assurée par un peintre d’Aurillac nommée Tourdes, notamment après un legs anonyme de 7 000 francs en 1896. En 1921, voyant que plusieurs vitraux avaient été brisés ou gravement endommagés par les vents qui se trouvaient dans l’église presque comme chez eux, une première grande restauration eut lieu. De nouvelles orgues furent installées et inaugurées le 26 mai 1929. Les peintures réalisées en 1896-97 subsistèrent jusqu’à une nouvelle restauration de l’édifice en 1957. A l’intérieur, l’église conserve deux tableaux représentant une Déploration.
En décembre 2000, Mgr Bellino Ghirard fit don de « la déploration du Christ Mort » œuvre anonyme de grande dimension qui fut restaurée de décembre 2003 à novembre 2004. Le 24 octobre 2005, le clocher de l’église s’est refait une beauté. Une grue de l’entreprise Millau Transport manutention (MTM) a pris possession de la rue du Barry, tandis qu’au sommet de cette grue, dans une nacelle, les professionnels de la couverture de l’entreprise CMT12 s’affairaient à remplacer les ardoises les plus abîmées par le temps.
Cette église a longtemps été magnifique avec ses multiples statues sur les bas-côtés et son maître autel en marbre, mais la plupart de ces éléments ont disparu. Les dispositions intérieures, notamment du chœur, furent grandement modifiées en 1969.
Une statue de la Sainte Vierge est cependant bien présente, avec ses chapelets qui se balancent au gré de l’air du temps, une statue vénérée par bien des fidèles, dont votre serviteur qui va y prier souvent pour sa maman.