Une cérémonie a eu lieu ce samedi 17 août à 10h30 au Mémorial du Lévézou, situé sur la commune de Saint-Léons, en bordure de la D911. Elle s’est déroulée en présence notamment de de Charles Giusti, préfet de l’Aveyron et Véronique Martin Saint Léon, sous-préfète de l’arrondissement de Millau.
Ce Mémorial, qui est dédié aux victimes de la barbarie nazie, se compose de l’ancien monument existant des Pins de Vinnac et de huit stèles qui l’encadrent. Ces stèles correspondent à celles qui jalonnent le bord des routes du Lévézou sur le canton de Raspes et Lévézou.
« Aujourd’hui, samedi 17 août, c’est exactement le 80e anniversaire de la tuerie de la ferme d’Argols, a rappelé Bernard Maury, président d’honneur du comité des anciens combattants. Mais, du 18 au 22 août 1944, de Rodez à La Pezade, la route a été ensanglantée par les Allemands au cours de leur retraite. Il est important d’en rappeler les faits, car si on a le droit d’oublier, on a le devoir de se souvenir.
Afin qu’ils puissent gagner la vallée du Rhône avant les alliés qui ont débarqué en Provence, à partir du 15 août 1944, les Allemands en garnison à Rodez reçoivent, le 17 août, l’ordre de quitter la ville le lendemain. Ce jour-là, entre 20 et 21 heures, trente otages et résistants détenus à la caserne Burloup sont transportés au terrain de tir de la Cible de Sainte-Radegonde où ils sont fusillés.
Le 18 août, il n’est pas encore neuf heures, lorsqu’environ 1500 soldats allemands quittent Rodez. Ils forment deux colonnes : la première, motorisée, doit gagner Millau dans la journée, la deuxième, composée de fantassins, va progresser sur le même itinéraire en trois étapes. Il est prévu qu’ils couchent la première nuit à Pont-de-Salars.
Pont-de-Salars, où le 29 juin 1944, pour se venger d’une attaque des maquisards près du village, les Allemands venus de Rodez ont réuni la population sur la place. Faisant preuve de courage et de sang-froid, le maire, Jean Amans, après de longues négociations avec l’officier allemand a réussi à éviter un massacre. Les fantassins passeront la deuxième nuit à la bergerie des Rauzes, à six kilomètres au nord du Bois-du-Four. Les jours suivants, les deux colonnes allemandes vont poursuivre leur route en commettant d’horribles exécutions et exactions. »
Toujours par la voix de Bernard Maury, la cérémonie a rendu hommage à la mémoire des seize civils et des neuf résistants du Lévézou, fusillés ou tombés au combat, au cours du mois d’août 1944. Leurs noms sont gravés dans le marbre sur les huit stèles ainsi que sur la plaque du monument.
Stèle : Lieu-dit « Le Bois de Tries »
René Dobrozac, 37 ans, Marcel Keller, 19 ans, Julien Renard, 23 ans.
Le 1er août 1944, au Bois de Tries, au cours de violents combats qui opposent deux sections du maquis de Villelongue et une section du maquis Du Guesclin aux troupes allemandes, trois résistants sont abattus.
Stèle : Lieu-dit : « La Franquèse »
Jean-Louis Vernhet, Gabrielle Vernhet, née Pons
Le 18 août 1944, au début de l’après-midi, une colonne allemande en retraite est accrochée par le maquis Arête-Saules sur la D911, quelques centaines de mètres au nord de la ferme La Franquèse de Jean-Louis Vernhet. En représailles, les soldats allemands abattent le paysan et son épouse qui s’enfuyaient en tentant de rejoindre les bois.
Stèle : Lieu-dit : « Le Baraquet »
Emilien Juillaguet, 43 ans, François Julien, 51 ans
Le 18 août 1944, vers 15h, après avoir abattu les époux Vernhet, les Allemands s’arrêtent à la ferme « Le Baraquet » située à un kilomètre au sud de La Franquèse. Le fermier Emilien Juillaguet et un Creissellois sont lâchement abattus.
Stèle : Ferme d’Agladières, D911
Pierre Hubac, 20 ans
Le 20 août 1944, les Allemands en retraite qui ont passé la nuit à Pont-de-Salars capturent un jeune Toulonnais, réfractaire au STO, venu se cacher à la ferme d’Agladières, à 4 kilomètres au nord du Bois-du-Four. Il est fusillé après avoir été torturé.
Stèle : sur la D529 à 1 km de la D911
Paul Culié, 17 ans, Henri Vallageas, 18 ans
Dans l’après-midi du 19 août 1944, un élément allemand qui éclaire la progression de la colonne en retraite surprend une patrouille du maquis Stalingrad chargée d’une mission de reconnaissance. Deux résistants réussissent à s’enfuir, mais deux autres originaires de Toulouse sont blessés et lâchement exécutés sur place.
Stèle : Ferme de la Devèze
Pierre Calmes, 17 ans, Jean Sauvat, 20 ans
Dans la matinée du 19 août 1944, en fouillant la ferme de la Devèze, les soldats allemands trouvent deux Millavois qu’ils emmènent et fusillent sur la route de Millau.
Stèle : Bois de la Tâcherie
Eanowki, 44 ans, Origondi, 22 ans
Dans l’après-midi du 18 août 1944, deux sections du maquis de Coudols montent deux embuscades en bordure de la D911, à hauteur de la Tâcherie. Au cours des combats, deux résistants sont tués.
Stèle : Lieu-dit « Le Bois du Four »
Camille Clareto, Philémon Millau
Le 19 août 1944, deux sections du maquis Arête-Saules montent une embuscade sur la D 911, à hauteur du Bois-du-Four, afin de continuer de harceler la colonne allemande en retraite. Deux résistants sont tués lors de l’accrochage.
Le Monument des Pins de Vinnac
Albert Grégoire, 15 ans, Raymond Gayraud, 16 ans, Albert Sévigné, 19 ans, Germain Blanc, 23 ans, Emile Capras, 25 ans, Louis Vaissière, 33 ans, Louis Ginesty, 38 ans, Louis Garcia, 52 ans, Un inconnu
Le 19 août 1944, vers midi, une horde de nazis pénètre dans la ferme d’Argols où des hommes et des enfants sont en train de dépiquer. Les Allemands entrainent à coups de crosse neuf innocents jusqu’à la D911 où ils sont lâchement fusillés.
Tous sont morts pour la France
Neuf résistants et seize civils tués ou exécutés sur l’ancien canton de Vezins, mais, en ce mois d’août 1944, les victimes de la barbarie nazie sont nombreuses dans tout le département de l’Aveyron. Les Allemands, constamment harcelés par tous les maquis, commettent des atrocités et répriment sans discernement, surtout depuis qu’ils ont reçu l’ordre le 17 août de se replier en empruntant la vallée du Rhône.
Ainsi, le soir même, à Sainte-Radegonde, près de Rodez, ils fusillent 30 prisonniers détenus à la caserne Burloup. Le lendemain, les Allemands quittent Rodez en direction du sud. Les stèles qui jalonnent la route jusqu’à Millau témoignent des combats sanglants et des actes répressifs commis au cours de leur retraite. Le 22 août au matin, les Allemands quittent Millau.
A la sortie de la ville, ils fusillent le jeune Léon Azaubert. Lors de la traversée du Larzac, près du lieu-dit Les Infruts, ils abattent l’avion de reconnaissance du lieutenant Francis, pilote de l’US Air Force. Plus tard, ils sont accrochés par le maquis Paul Claie au lieu-dit La Pezade. Ils massacrent 23 résistants. La « colonne infernale » va poursuivre sa retraite vers la vallée du Rhône en continuant ses atrocités.