Il y a 80 ans, Millau était libérée

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Ce jeudi 22 août à 18h, la cérémonie de la commémoration de la Libération de Millau s’est déroulée au Parc de la Victoire, en présence des élus locaux, des représentants des anciens combattants et d’un public venu nombreux public.

Août 1944. Depuis plusieurs semaines maintenant, la France entière voit les forces occupantes refluer vers le Rhin et la chape de plomb qui s’était abattue sur notre pays se fissurer de partout. En Aveyron, la Résistance et les maquis font plier sous leurs coups de boutoir des nazis de plus en plus certains de leur défaite.

Des échauffourées meurtrières se multiplient dans tout le département. A Rodez même, des mutineries éclatent alors que les préparatifs de la retraite allemande sont engagés. Le 17 août, 30 otages sont fusillés à Sainte-Radegonde, les nazis pensant peut-être préserver leur repli en faisant régner la terreur. Le 18 août, les troupes quittent Rodez en direction de Millau passage obligé pour le Larzac et la vallée du Rhône. La progression est aléatoire, ralentie ou interrompue par les embuscades au Bois des Tries, au Bois du Four, ensanglantée par le massacre de civils d’Argols près des pins de Vinnac.

Les 20 et 21 août, Millau retient son souffle et attend l’heure de laisser exploser sa joie. Durant ces deux jours l’occupant, parfois l’arme au poing, rafle tous les moyens de transport inimaginables : vélos, motos, carrioles, chevaux, bœufs…

La longue nuit allait prendre fin ce mardi 22 août. C’est à 5h, aux premières lueurs d’une aube nouvelle que les Millavois entendent vrombir les moteurs des véhicules allemands. Les troupes occupantes entament leur retraite. Mais comme si la ville avait du mal à y croire, ce n’est qu’une heure après le départ du dernier soldat allemand qu’enfin à 8h du matin résonnent dans toute la ville les cloches de la Liberté.

Le maquis Rolland après avoir quitté son cantonnement d’Azinières entre triomphalement par le Crès à 8h45. Millau est libérée !

Les véhicules d’époque de l’association SAVA © Joël Vialettes

« Aujourd’hui, quatre-vingts ans plus tard, nous n’oublions pas toutes les souffrances endurées »

« En ce jour de commémoration, ce Parc de la Victoire, où nous sommes aujourd’hui rassemblés, est une fenêtre sur l’Histoire, a déclaré Michel Durand, adjoint aux anciens combattants. 80 ans après, l’avenue du Crès, juste derrière nous, résonne à nouveau de l’immense joie de la liberté retrouvée. C’est par là, après le départ des dernières colonnes allemandes un peu plus tôt que, vers 8h45, le maquis Rolland d’Aubrac avec à sa tête le capitaine Jean Carrière, est venu rendre la liberté aux Millavois le 22 août 1944. »

Michel Durand, 1er adjoint à la Ville de Millau, délégué aux anciens combattants.

L’élu millavois a alors contextualisé cette journée si particulière dans l’histoire de la cité du gant. « Le débarquement du 6 juin en Normandie et plus encore celui du 15 août en Provence avaient donné à la Résistance le signal de l’insurrection face à un ennemi pris en tenaille. L’Aveyron, véritable pépinière de maquis ne fut pas en reste. Mais les Allemands n’évacueront le département qu’à partir du 18 août après de multiples exactions et massacres.

Aussi, en cette matinée belle et ensoleillée du 22 août, après toutes ces années de souffrances, de privations et de peur sous le joug de l’occupant, c’est bien légitimement que petit à petit l’effervescence et la liesse gagnèrent tous les quartiers de Millau d’où montèrent « Marseillaise » improvisées et autres « Vive la France ! ». Les cloches sonnèrent à la volée chantant joyeusement la Libération et les drapeaux tricolores fleurirent aux balcons et fenêtres. La population quitta peu à peu son travail pour assister à ce moment historique. Pour autant, dans ces élans de joie et d’émotions partagées qui gagnaient l’ensemble des habitants de Millau, autorités et population ne manquèrent pas de rendre l’hommage que l’on devait à ceux qui ne pourraient jamais connaître cette joie débordante. »

Des gerbes furent déposées au monument aux morts place du Mandarous. C’est le sous-préfet Francis Laborde qui fut désigné par les représentants des mouvements de Résistance pour déposer, en leur nom, la gerbe dédiée à leurs camarades tombés face à la barbarie nazie. Une victime fut malheureusement à déplorer lors de cette journée si particulière, il s’agit du jeune Léon Azaubert, témoin involontaire du départ des Allemands, alors qu’il se trouvait peu avant le pont Lerouge, il fut atteint vers 8h30 par des tirs des troupes d’occupation ne supportant pas la présence d’un français témoin de leur retraite sur le chemin de la défaite.

Malgré ce drame et quelques débordements et règlements de comptes, auxquels il convient tristement de rajouter les vingt-trois jeunes maquisards tombés les armes à la main et le pilote américain Francis Hoy abattu ce même jour à la Pezade, ce 22 août 1944 restera comme un moment unique dans l’histoire de Millau. Un jour historique aussi joyeux que dramatique, sobre et éclatant pour toutes et tous unis autour de cette liberté enfin retrouvée.

« Aujourd’hui, quatre-vingts ans plus tard, nous n’oublions pas toutes les souffrances endurées, les vies brisées, les espoirs anéantis, a souligné l’élu millavois. Nous saluons les figures de cette histoire glorieuse et terrible à la fois. Ces figures surgies de l’ombre de l’Occupation pour rétablir ici ce 22 août 1944 la Liberté dans ses droits. »

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