Opinion. Pour Karine Haumaitre, « Millau mérite mieux » : entre « désillusions » et « gestion à court terme »

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Dans cette tribune, Karine Haumaitre, élue d’opposition, dénonce la gestion actuelle de la municipalité de Millau. Malgré les « grands événements » annoncés pour 2024, elle pointe une ville « mal entretenue », une « communication de façade », et un « manque de transparence ». Elle appelle à une gouvernance plus équitable, à des actions concrètes et à une vision à long terme pour le bien-être des Millavois.

« En ce mois de septembre, l’album photo de rentrée de notre majorité municipale semble quelque peu différent du mien et de beaucoup de Millavois.

Alors on nous l’a annoncé l’année 2024 est « l’année des grands événements ». Mais n’en faire uniquement que cela, uniquement l’année où l’on surfe sur l’opportunité de calendrier avec ses grands moments, ses divers anniversaires ou inaugurations, c’est un peu court.

Reconnaitre l’importance de ces moments enthousiasmants, ces moments de ferveur, ces bonheurs ponctuels, ne doit pas nous rendre naïfs, aveugles et imperméables à tout le reste plus important et essentiel sur le long cours. Cela ne doit pas nous interdire le droit d’observer avec objectivité les choses, de demander des comptes et d’exiger une obligation de résultat sans être traité très irrespectueusement de « grincheux ».

Un mandat ne se résume pas et ne se juge pas sur sa capacité à donner à voir, à tout miser sur la communication, à n’être qu’un mandat de façade de bon maire surtout quand les coulisses sont loin d’être glorieuses. Non, un mandat n’est pas un immense jeu de rôles que l’on se distribue entre amis pour se faire plaisir dans une garden-party géante ne traitant que de ce qui nous intéresse et est utile pour être dans l’air du temps.

Les administrés ce qu’ils demandent et recherchent c’est l’ irréprochabilité, la constance, l’équité sur les domaines principaux que sont les services, la sécurité, la salubrité, l’attractivité… autant de domaines où ils ne doivent souffrir d’aucun inconfort, d’aucune incompréhension, frustration ou injustice. Or témoignages à l’appui beaucoup de millavois sont désabusés et en colère. En colère face à une gestion à la carte, par réaction et en urgence où l’on oppose les Millavois entre eux. Pour une majorité municipale dont le projet programmatique était basé sur «  le prendre soin qui rassemble », c’est raté !

C’est raté, car la ville est sale, très mal entretenue. Les rues, chaussée , trottoirs et avaloirs sont délabrés, délaissés parfois abandonnés. Une pollution des cours d’eau s’est encore invitée cet été. Les trafics en tous genres sont installés, l’usage des stupéfiants bien ancré partout. La tranquillité publique dégradée. L’activité économique laborieuse. L’attractivité réduite. Alors Millau est certes une ville qu’on visite, mais malheureusement elle finit par demeurer aujourd’hui bien plus une destination de passage qu’une destination où l’on s’installe, car elle désillusionne très vite. Le cadre ne faisant pas tout.

Autre désillusion, pour une majorité qui se voulait être dans la transparence, le collégiale et la proximité on se retrouve en tant qu’élu minoritaire depuis quelque temps à devoir lire des « décisions du maire » et à dire amen ne passant plus en délibérations. À assister à des commissions de plus en plus espacées. Et confrontés en tant que Millavois à constater les décisions, des reports de décisions, des changements de décisions et dire Amen.

On a rarement le retour des études et dispositifs lancés. Il faut le provoquer par le biais de questions diverses afin de débloquer, éclaircir… ou pas des situations. 0n a rarement de compte-rendu sur les décisions prises : réussite ? Échec ? Pertinence ? Annoncer et dire c’est bien. Rendre effectif et efficace sans enjoliver c’est mieux.

Entre autres exemples : Le Silex : dernières informations en ma possession concerne les marchés qui ont été lancés… avec du retard… mais lancés. Des réunions se tiennent avec certains interlocuteurs. Pour ma part toujours des interrogations sur l’après. Une fois les travaux réalisés qu’en sera-t-il du fonctionnement ? La MJC et acteurs au cœur du projet le seront-ils toujours ? Est-ce qu’une fois les travaux terminés, les équipements seront présents dans la foulée pour que ça fonctionne ? Est-on assuré d’un non-changement de destination des lieux ou d’arguments contraires sur la pertinence du besoin ?

Le budget : de la même manière qu’on surfe sur l’opportunité de calendrier pour cacher plus aisément la misère et se maintenir dans la gloriole on se félicite « d’avoir remis à flot les finances », mais sans préciser, au moins par mesure d’honnêteté, que la situation financière a bénéficié de recettes conséquentes dont certaines que la ville ne maîtrise pas, mais qu’elle encaisse ! Produit de la taxe foncière ( 15% de produits en plus sur 3 ans. Du jamais vu. Les propriétaires ont dû s’en rendre compte), taxes additionnelles sur les mutations (la Ville en 2022 a encaissé 1 200 000 €), recette de stationnement (en 2023 : 891 541 €). Sans elles la situation serait sûrement plus problématique. En 2025, l’évolution des recettes fiscales va à priori se ralentir… À voir.

Hôpital : fin 2023 on se targuait de donner des réponses aux Millavois. Malheureusement, les Millavois, les soignants semblent plutôt en pénurie d’information. Il y a un vrai manque de transparence. Il y a des inquiétudes. Elles ne sont pas fantasmées, mais bien réelles. Quid des décisions de mesures d’économie ? Quid du fait qu’il faille revoir la voilure ? Quid des solutions et garanties pour la période intermédiaire afin de ne pas détériorer l’offre de soin ? Quid des difficultés rencontrées, car il y en a ? Vous disiez «  l’État doit être au rendez-vous pour garantir le calendrier ». Le garantir, mais à quel prix ? Et ne doit-il pas garantir davantage ? Notre Premier ministre affirme se retrouver devant un mur budgétaire le contraignant à faire des économies notamment dans le domaine de la santé. Quels impacts et risques pour notre territoire ? Pour le projet ? Il est urgent d’avoir des réponses.

La ville mérite mieux qu’un conseil municipal branlant. Sa tenue (quorum) ne tient parfois que grâce aux pouvoirs. Beaucoup d’élus sont absents ponctuellement, régulièrement, et d’autres ne siègent jamais. On ne sait plus qui fait quoi les attributions de délégations changent au gré des démissions ou désaffections. Quand on me dit en conseil « que mes interventions et propositions sont à la hauteur de mes indemnités c’est-à-dire niveau zéro », moi ce que je souhaiterais c’est que les interventions et actions de certains élus de la majorité soient à la hauteur des leurs. Surtout quand on se positionne en père et mère la vertu. Dans un mandat l’immédiat est important malheureusement il est maigre. L’horizon est primordial malheureusement il n’y en a absolument pas. »

Karine Haumaitre, élue d’opposition

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