Au cours d’une balade dans les rues du village, l’exclamation de cet ancien viticulteur : « La semal es escranca ! » Un qualificatif bien expressif en patois relatif à l’état de la comporte, difficile à traduire en français. Mais, elle est encore là, devant la maison de son propriétaire, tournée vers les faïsses autrefois couvertes d’un vignoble, dont le pic d’exploitation, 300 hectares, se situe en 1922.
Des souches produisant un vin de faible degré constituant pour la nombreuse main-d’œuvre agricole une boisson appréciée. Alors, imaginons un peu : en cette période de milieu septembre, grand branle-bas dans les caves du village, les comportes sont sorties pour « l’imbugation ».
L’inactivité les a séchées, il faut les mettre à l’eau afin que leur bois en gonflant retrouve l’étanchéité indispensable au transport des raisins.
Le jour d’ouverture du ban des vendanges, direction les parcelles de vigne juchées sur les charrettes pour amener à la cave la précieuse récolte. Des raisins cueillis manuellement par la colle des vendangeuses et précautionneusement disposés par le « banastou ». Autant de voyages aller-retour dans le travail et la bonne humeur communicative propre à ce temps de l’année.
Par la suite, alors que le premier jus a coulé par foulage et pressurage il ne reste que le marc dont la distillation va produire l’eau-de-vie. Pour la comporte des trajets plus courts depuis la cave vers la distillerie et enfin la fin de la saison.
Avec la diminution puis le quasi-abandon des exploitations, certaines comportes ont été reconverties à la décoration et au fleurissement des rues. Mais, là encore ce temps est révolu, débarrassée des ferrailles, son bois pourra consumer dans une cheminée où son âtre sera éclairé par une flamme teintée de bleu brûlant les vapeurs d’alcool emmagasinées.