Du Rozier, lorsqu’on se dirige vers le village des Vignes dans les Gorges du Tarn, nous traversons peu avant, le village du Villaret. Un panneau sur la droite attire l’attention. Sur celui-ci, on peut lire : « Monuments historiques et sites, route Mariale Notre-Dame du Villaret, oratoire à 50 mètres ». Une croix est en effet visible en contrebas, et un toit émerge du sol.
Il fut autrefois le centre paroissial de la rive droite du Tarn. Cet édifice était en effet très important, car autrefois le Villaret se nommait « le Villaret-Notre-Dame », en raison du sanctuaire de ce nom qui se trouvait dans ses appartenances territoriales.
Origine
Voici son origine d’après Achille Foulquier : « Cette église ou plutôt cette chapelle dédiée à Notre-Dame, et bâtie, selon toute apparence, par les bénédictins de la Canourgue, était située à une centaine de mètres en contrebas du village du Villaret. Nous croyons qu’il faut l’identifier avec la chapelle de la Combe, mentionnée dans un document des archives départementales et unie, le 28 octobre 1155, par Aldebert le Vénérable à la table conventuelle de Saint-Victor de Marseille. La désignation de la Combe lui venait apparemment de son site fertile.
Le mot « Combe » est, en effet, synonyme de terrain productif. On voit encore les ruines de l’édifice sacré dans un champ appartenant à M. Alphonse Solanet, des Vignes. Il est vraisemblable que la chapelle du Villaret fut à l’origine un centre paroissial, groupant tous les habitants de la rive droite, et qu’après la construction de l’église paroissiale actuelle, elle fut transformée en une simple chapelle de secours, desservie par le vicaire de la paroisse à la manière de la chapelle actuelle des Vignes. On croit communément qu’elle fut détruite au XVIe siècle par les huguenots. La tradition locale veut qu’elle ait été remplacée, vers cette époque, par la chapelle des Vignes (Notre-Dame-de-la-Pitié) » (L’église du Villaret, Monographie de Saint-Préjet du Tarn, 1908)
Dans son Vade-Mecum du touriste, intitulé « Voyage au pays des Merveilles », Léon Costecalde (1852-1945) écrit en 1892 p.242 : « Regardez sur la rive droite, nous dit le Cicérone. Voyez ces ruines, au milieu de ce petit champ. Elles proviennent d’un antique sanctuaire appelé Notre-Dame. On croit que cette église constitua au moyen-âge le siège d’une paroisse. Elle était construite en style roman du XI ou XIIe siècle. Le presbytère se trouvait à côté ; il ne reste de ce bâtiment que la cuisine. D’aucuns pensent qu’il y avait là plusieurs religieux bénédictins du Rozier ».
Un édifice sorti de l’ombre et des ronces
L’édifice est tombé en ruine au cours des siècles et a été sorti de son roncier, pour ce qu’il en reste, en 1968. Seule reste debout l’antique chapelle Notre-Dame restaurée durant cette période par Joseph et Marie Costecalde, propriétaires au Villaret et très attachés au culte marial. La statue placée dans l’oratoire fut dès lors la reproduction de la Vierge de la chapelle miraculeuse de la rue du Bac à Paris (lieu présumé de l’apparition de la Vierge à Catherine Labouré en juillet 1830).
Cette statue fut cassée récemment et le site au bout d’une cinquantaine d’années était à nouveau envahi par les broussailles. Le 29 octobre 2021, une quinzaine de bénévoles de l’association « Les amis de Saint-Préjet et Patrimoine des Vignes » se sont réunis afin de remettre en lumière la chapelle. Avec l’autorisation de Madame Combret, propriétaire du terrain, des débroussailleuses, tronçonneuses, sécateurs, les membres de l’association se sont mis à l’œuvre. La croix a été repeinte et la statue cassée à été remplacée par celle de Notre-Dame-de-Lourdes. Sous cette dernière, on peut lire le message : « Gardez-nous sur la route ».
Marc Parguel