Qui n’a pas éprouvé des difficultés, des inquiétudes ou de la colère face aux défaillances ou mauvaises surprises que nous ont réservées nos services publics en Aveyron ces derniers temps ?
– Annulation au dernier moment d’un TER sur les lignes Brive-Rodez, Toulouse Rodez, fermeture inopinée de gares : Rodez le 18 août, Saint-Christophe, Viviez-Decazeville plusieurs jours en août…
– Indignité des conditions d’accueil dans les EHPAD, dénoncée par le personnel et les résidents lors de la journée de mobilisation « Les vieux méritent mieux » du 24 septembre à Bozouls, Saint-Chély d’Aubrac et ailleurs.
– Obligation d’aller accoucher loin de chez soi pour les femmes vivant à Decazeville depuis la fermeture de la maternité en 2017 avec un risque pour la patiente et le nouveau-né. Et le maintien des petites maternités (Saint-Affrique, Millau, Villefranche) est menacé dans un rapport récent de la Cour des comptes.
– Limitation de l’accès aux soins avec la fermeture de dizaines de lits dans les hôpitaux d’Espalion, de Decazeville, de Saint-Affrique, accès restreint aux urgences dans les hôpitaux de Rodez, Saint-Affrique ou Decazeville.
– Fermeture des trésoreries de proximité à Baraqueville, Marcillac, Rieupeyroux ou Saint-Geniez d’Olt
– Classes parfois surchargées et remplacements non assurés dans l’Éducation nationale et dans l’enseignement agricole public
Et des difficultés supplémentaires pour les plus faibles se profilent avec les projets de report de six mois, au 1er juillet 2025, de l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation et de la baisse de la part de l’Assurance maladie dans le remboursement des consultations chez le médecin au profit des mutuelles complémentaires.
Manque de personnel, poursuite sans fin d’économies budgétaires : notre vie quotidienne et celle de nos proches sont directement affectées par les conséquences des fermetures et dysfonctionnements des services publics de proximité et la dégradation de notre modèle de protection sociale. Avec un sentiment d’abandon partagé par nombre d’entre nous sur lequel prospèrent les idées mortifères de l’extrême-droite.
Les services publics apportent du soin, du lien et de la sécurité à la population et, avec la Sécurité sociale, contribuent de façon indispensable à la cohésion sociale et territoriale de notre pays : à nous de les défendre et de les développer !
Le débat parlementaire sur le projet de loi de finances 2025 qui s’ouvrira au lendemain de son adoption prévue le 10 octobre en Conseil des ministres constitue à cet égard une opportunité majeure.
Le gouvernement Barnier cherche 60 milliards d’euros pour ramener le déficit public à 5 % en 2025. Il prévoit quelques mesures temporaires de « justice fiscale » pour donner le change, mais fera clairement porter l’essentiel de l’effort budgétaire sur de nouvelles coupes dans les services publics et la protection sociale.
Alors que la « politique de l’offre » de Macron s’est traduite par une faillite totale avec la dégradation des services publics, l’augmentation de la dette et du déficit public, il est temps d’affirmer le besoin d’une action publique ambitieuse pour répondre aux besoins de la population et préserver l’environnement, et d’une meilleure répartition fiscale pour faire payer aux plus riches et aux multinationales leur juste part d’impôt.
Rappelons que plus de 150 milliards d’euros, soit près du tiers du budget de l’État, sont distribués chaque année en aides publiques aux entreprises sous forme d’exonérations de cotisations sociales, de niches fiscales ou de subventions diverses. Et que l’évasion fiscale pratiquée à grande échelle par les multinationales représente un manque à gagner annuel d’environ 100 milliards d’euros.
L’austérité, avec ses effets récessifs (chômage, etc.), n’est pas une fatalité. Nous avons au contraire besoin d’investissements publics pour les besoins sociaux et la bifurcation écologique, et d’aller chercher l’argent là où il est.
Attac a fait six propositions précises et chiffrées qui pourraient rapporter a minima ces 60 milliards d’euros par an : taxer les superprofits, taxation unitaire des multinationales pour lutter contre l’évasion fiscale, restaurer l’ISF, taxer les super héritages, supprimer les niches fiscales inutiles et antiécologiques, imposition progressive des revenus financiers à la place de la flat tax.
L’heure n’est pas à l’apathie : nous proposons d’agir ensemble, associations, syndicats, partis du nouveau Front populaire pour porter sur la place publique le débat parlementaire autour du budget 2025, et nous mobiliser partout pour imposer les mesures de justice sociale, fiscale et environnementale dont nous avons besoin.
Attac Aveyron
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