30 ans des Templiers : quand un rêve de trail devient légende

Baptiste Brouillet
Baptiste Brouillet
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Gilles Bertrand et Odile Baudrier. (DR)

Créé en 1995, le Festival des Templiers célébrera sa 30e édition du 17 au 20 octobre prochains. L’occasion pour Gilles Bertrand, co-organisateur de l’évènement avec sa femme Odile Baudrier, de revenir sur l’histoire des Templiers et de dévoiler les nouveautés proposées pour cette fête du trail. Interview.

Il y a 29 ans, quand vous avez créé le Festival des Templiers, pensiez-vous qu’il pourrait devenir d’ampleur internationale ?

Gilles Bertrand : Au tout début, on n’avait pas spécialement de plan construit. C’est-à-dire que ce n’était pas comme une entreprise où on dit dans 3 ans on veut avoir atteint tel objectif, on faisait un bilan chaque année, et chaque édition était comme une victoire. Et puis avant d’installer les courses à Millau, on avait déjà 5000 participants. Avec notre expérience de grands reporters sur de grands évènements sportifs (avec Odile, NDLR), on savait qu’on pouvait créer quelque chose de plus important, au moins de renommée nationale. Nous avons d’abord embauché un stagiaire, puis un salarié, aujourd’hui, nous avons huit salariés et accueillons plus de 10 000 coureurs le week-end de la course. C’est vrai que l’on a à la fois profité et contribué à l’essor du trail en France.

En bientôt 30 éditions, il y a évidemment des moments qui vous ont marqués, et de nombreuses anecdotes sur le festival. Lesquels retenez-vous ?

Je pense qu’il y a trois évènements qui m’ont particulièrement marqué. Le premier, c’est l’arrivée de Patrick Renard, le premier gagnant en 1995. Il avait une expérience en marathon avec notamment un temps de 2h17, ce qui correspond à un top 10 français aujourd’hui, et a eu la curiosité de venir s’essayer à cette nouvelle forme de running. Et la photo de sa joie à l’arrivée et la manière percutante dont il raconte son aventure font partie de l’histoire du trail. Un peu comme celle de la première victoire d’un américain sur la course en 2022.

Le deuxième, je dirais que c’est en 2019, quand on prend la décision d’annuler la course du dimanche. Ce n’est pas commun d’annuler un tel évènement, mais une tempête était annoncée, elle a bien eu lieu. Quand on est organisateur, on a beaucoup de décisions à prendre, qu’elles soient petites ou grandes, et là je pense que l’on a réussi notre course parce que l’on a mis en sécurité toutes les personnes qui étaient sur la course, bénévoles et coureurs.

Et la troisième, je dirais que c’est en 2020, en période de Covid quand on a organisé l’évènement de manière sauvage.

Pour nous c’est une des plus belles éditions parce que les gens qui sont venus en avaient besoin et on avait beaucoup moins de pression qu’en temps normal. Ils devaient eux-mêmes se ravitailler et on les a accompagnés en vérifiant que tout se passait bien. On va dire que cette édition m’a valu quelques aller-retour à la préfecture par la suite (il rigole), mais on est content d’avoir réussi à organiser la course malgré les restrictions.

Pour cet anniversaire, avez-vous prévu des exclusivités, des nouveautés ?

On a essayé de rester pragmatiques. C’est-à-dire que l’on a mis en place des choses qui resteront pour les années suivantes. On va donc installer un musée éphémère dans l’entrée des Templiers avec 2 fois 25 mètres, qui retrace l’histoire de la course, et un grand corner avec une maquette en l’honneur de tous les bénévoles qui font vivre la course. On va construire une structure de 3 mètres de haut à Saint-Estève, où seront inscrits les noms des vainqueurs, comme un Hall of Fame, identifié sur l’espace d’accueil des Templiers.

On a également créé des navettes pour amener les coureurs sur leurs lieux de course depuis le Larzac, pour notamment réduire le nombre de voitures sur le site. Dans le cadre de l’anniversaire, nous créons aussi le « Templier social club », en lien avec les centres sociaux, pour permettre aux personnes qui n’ont pas forcément les moyens de faire du sport, de pouvoir pratiquer une activité physique avec un coach.

Après bientôt 30 ans, comment voyez-vous évoluer les Templiers et l’avenir du Festival ?

Avec Odile, on prépare une équipe qui prendra la tête de l’organisation une fois que nous arrêterons, afin qu’ils soient prêts. Pour les années à venir, il faut absolument garder l’esprit du festival, c’est-à-dire rester libre et indépendant, mais aussi rester à l’écoute du territoire. Aujourd’hui l’épreuve est bien intégrée dans le territoire, tout le monde n’est pas obligé d’aimer, mais il faut essayer que malgré tout les gens l’acceptent et soient fiers de dire que le Festival a lieu chez eux. Bien évidemment, il faut aussi que le trail reste à 100 % humain avec toujours ce contact avec les bénévoles et les coureurs, on est là pour créer des émotions. Les Templiers ont fédéré une grande communauté de coureurs, il faut absolument garder cela.

Si quelqu’un vient vous voir et vous dit M. Bertrand, je veux créer un trail, qu’est-ce que je dois faire, que lui répondriez-vous ?

Je lui dirais trois choses. La première de trouver un joli nom, qui capte l’attention des gens. Nos 17 courses portent des noms qui attirent, que ce soit la Monna Lisa, la Dourbie Formi, ça inspire les gens et cela leur donne envie d’essayer. Ensuite, de créer des parcours qui séduisent et qui ont du sens. C’est-à-dire qui ne sont pas plats, qui permettent de découvrir quelque chose pour faire une musique et qui plaît au coureur. Et enfin, savoir communiquer. Aujourd’hui, sans communication on ne peut pas exister, il faut connaître des règles simples, savoir gérer les réseaux sociaux, faire de jolies photos et se donner les moyens de transmettre le message que l’on souhaite.


Le Festival des Templiers s’impose aujourd’hui comme une référence incontournable du trail, alliant nature, tradition et esprit communautaire. Avec cette édition anniversaire, Gilles Bertrand et son équipe réaffirment leur engagement à perpétuer cet héritage, tout en restant fidèles aux valeurs humaines et à l’authenticité qui ont forgé la légende. Ce week-end, ils seront des milliers à prendre part à cette aventure représentant plus de 40 nationalités.

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