Millau. Les orientations budgétaires sans débat au conseil municipal

Millavois.com
Millavois.com
Lecture 6 min.
Emmanuelle Gazel, jeudi 7 novembre, lors de la conférence de presse avant le conseil municipal.

Jeudi 7 novembre à l’Hôtel de Ville, à l’occasion du conseil municipal, Emmanuelle Gazel a présenté les grandes orientations de l’année 2025 pour la Ville de Millau.

Jeudi 7 novembre c’était jour de conseil à l’hôtel de ville. Au programme, le fameux Débat d’Orientations Budgétaires (DOB). Cette obligation légale dans chaque commune de France est traditionnellement le moment de joutes oratoires sur les grandes intentions de la majorité et ces choix reprochés par l’opposition.

Jeudi, point de débat, l’ex-opposition Saint-Pierre présente dans l’assemblée n’ayant pas droit de s’exprimer en séance, et l’opposition restante composée de Philippe Ramondenc, Karine Haumaître et Nathalie Fort n’ayant pas souhaité intervenir lors du « DOB ». Emmanuelle Gazel a donc déroulé tranquillement, maîtrisant son sujet, en maître de conférences plus que de séance.

Maîtrise de la dette et des dépenses

La maire de Millau le répète à qui veut l’entendre, « la situation financière de la ville est stabilisée », revenue « à la normale » après la crainte de la mise sous tutelle en début de mandat. La dette de la Ville reste aux alentours des 30 M€ et le restera. Pas de réduction de la dette prévue donc, mais une maîtrise assumée de son encours afin de rester sous les 12 ans de taux de désendettement, le seuil d’alerte étant de 15 ans.

Ces indicateurs permettent de déterminer la marge de manœuvre d’investissements pour les années à venir. C’est ainsi que la Ville a emprunté 2,7 M€ en 2024 et empruntera près de 4 M€ en 2025 pour financer ses projets (voir par ailleurs).

Et tout cela n’est possible que grâce à la maîtrise des charges de fonctionnement permettant de dégager des économies. « Cet exercice a ses limites pour les services de la Ville, on est bientôt à l’os », déclare l’édile malgré notamment 700.000 € d’économies réalisées par la mutualisation de services avec la Communauté de communes.

Une « dette cachée » et des menaces budgétaires

Tout n’est pas rose et Emmanuelle Gazel a pris le soin de prévenir. Aux dires de la maire, l’EHPAD Terrasses des Causses connaît de graves difficultés financières. La Ville ayant cautionné à 100 % l’emprunt réalisé pour sa construction, en cas de défaillance, cela sera donc à Millau de payer directement pour son établissement. En jeu, 16,6 M€, soit plus de la moitié de la dette totale actuelle de la Ville. De quoi assombrir sérieusement l’avenir si jamais la maison de retraite venait à vaciller car ce sont 1,2 M€ annuels pendant 35 ans à prendre en charge. Pour justifier son inquiétude, Emmanuelle Gazel confirme que la Ville a déjà été appelée en cours d’année 2024 par les créanciers pour envisager d’actionner la caution municipale.

« L’épée de Damoclès est réelle »

Autre sujet source de menaces sur le budget, le changement de gouvernement a provoqué un retard dans le vote de la Loi de Finances, et les problèmes de boucler le budget au niveau national a des répercussions directes sur les finances locales.

« Beaucoup de mes collègues envisagent de fermer leur mairie en signe de contestation, assure Emmanuelle Gazel. Ce n’est pas mon intention car cela reviendrait à priver la population de ses services. » En cause, les prévisions de baisses de budget de l’État dans son soutien aux collectivités : fonds de compensation de TVA, fonds verts sur les investissements, dotations générales, ajoutez à cela la hausse des cotisations retraite des agents, etc. « On parle au total de l’équivalent en charges de 10 agents de la Ville. C’est l’équipe de la Maison du Peuple. Donc on fait quoi ? On ferme ? »

Un niveau d’investissements ambitieux

Malgré tout, la Ville va investir et poursuivre son programme d’aménagements. Depuis le début du mandat, 39 M€ auront été injectés, soit 13 M€ de plus que prévu initialement.

Pour 2025, 6,7 M€ seront investis de façon « maîtrisée mais ambitieuse ». Certains projets sont décalés à 2026, comme certains de 2024 l’avaient été à 2025, pour équilibrer la dépense et lisser dans le temps la charge d’emprunt liée.

La liste des investissements et aménagements est longue. Avant l’avent, c’était déjà un peu Noël avant l’heure : sports, associations, économie, voirie, patrimoine, matériels, etc. La hotte de la maire est pleine.

Ces orientations budgétaires ont bien sûr été votées, avec une abstention, mais sans discussion. Ce qui est peut-être le plus… discutable.

Partager cet article