Millau face aux inondations : l’appel à l’action de l’ARTD

Fanny Alméras
Fanny Alméras
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Le 15 octobre dernier, lors de son assemblée générale, l’Association des Riverains du Tarn et de la Dourbie (ARTD) a dressé le bilan de son année et insisté sur la nécessité d’une action renforcée pour anticiper les risques de crue et d’inondation à Millau. La gravité des récentes inondations en France et en Espagne rappelle, selon l’association, que « le temps des effets d’annonces et des promesses est révolu, il faut faire place à l’action ».

Depuis sa création en 1995, l’ARTD œuvre pour la prévention des crues et la protection des biens et des personnes : de la construction d’une arche supplémentaire au pont du Larzac aux travaux de régulation de la Dourbiette, l’association participe ou suit de près chaque projet de prévention locale. Sur ce dernier point, « pour mettre fin à une fausse idée qui circule parmi les millavoises et millavois, l’association tient à rappeler que : les aménagements de Dourbiette qui sont, comme à l’époque, efficaces pour les petites et moyennes crues, sont totalement inefficaces si la Dourbie et le Tarn sont en crue et que si nous devions connaître les funestes événements ».

Plus tard, l’association a contribué à la fondation du GERI sous la municipalité Guy Durand, (Groupe d’étude et de réflexion sur les inondations) à Millau, un cadre essentiel pour planifier et adapter les dispositifs anti-crues. Désormais reconnu au niveau national, l’ARTD siège au conseil d’administration d’UNALCI France Inondations et s’engage sur le terrain auprès de sinistrés d’autres régions touchées par les crues.

Les membres du bureau de l’ARTD.

Elle place également l’éducation des jeunes au cœur de sa mission et mène régulièrement des actions de sensibilisation pour transmettre la « culture du risque » aux générations futures, comme à Mende et Cahors récemment, où 120 élèves ont participé à une journée de formation sur la prévention des inondations.

Etre davantage dans l’action

Les récentes inondations du nord de la France et de l’Espagne rappellent à quel point il est essentiel de mesurer le risque et de s’y préparer. Pour l’association, malgré la dernière signature du Papi (Programme d’Actions et de Prévention des Inondations) en sous-préfecture et l’intention des élus et instances concernés, sur le terrain, « les choses n’avancent pas suffisamment vite, il faut cesser la communication et être davantage dans l’action ». Le président et les autres membres ont pointé plusieurs mesures concrètes qui devraient être priorisées dans les mois à venir, notamment davantage de réunions du GERI pour mettre en place rapidement trois initiatives.

La restauration ou le remplacement des panneaux d’indications de crue et leur éclairage, la mise en place d’un plan de stationnement par quartiers pour les véhicules lors des crues pour éviter l’affolement général et que la pagaille envahisse notre ville et enfin, l’étude rapide du dossier de la rue de Ladoux.

« Si efficaces lors des événements de 1982, consultés heure par heure par la population, ce système vient en complément des moyens informatiques l’électronique et les moyens modernes n’étant pas infaillibles surtout en cas de panne des réseaux ».
« Les données de 1982 ne sont plus d’actualité aujourd’hui, dans les familles il y a 3 ou 4 véhicules ce qui n’était pas le cas auparavant ».

Les habitants du quartier de Ladoux, dont certains étaient présents lors de l’assemblée générale, « se sentent abandonnés », explique Didier Martinez. « Certes, ce dossier n’est pas facile, mais il faut avancer. Nous rappelons que les techniciens de l’association étaient présents avec les élus sur le terrain et que des idées ont été émises. Ce dossier important doit être travaillé et des solutions trouvées. La mise en place d’un bassin de rétention d’eau et d’une buse adaptée pour son évacuation permettrait de retenir l’eau afin qu’elle ne s’engouffre pas dans la rue et inonde plusieurs familles », détaille-t-il en rappelant que « le projet a été écarté car trop jugé trop couteux ».

La buse du quartier de Ladoux en amont des habitations.

En attendant l’action et plus largement, l’association souhaite rappeler à « ceux qui pensent que l’assurance est un puits sans fonds » que « le coût des sinistres climatiques pour les assureurs tricolores atteint cette année 6,5 milliards d’euros, et induit une augmentation de la taxe catastrophes naturelles qui passe de 12 % à 20 %. Nos cotisations multirisques habitations vont augmenter de 10 %, voilà la vraie réalité, déclare Didier Martinez, c’est le pouvoir d’achat de nos concitoyens qui va encore et encore être impacté », peste-t-il.

L’urgence d’agir

C’est dans ce contexte que l’association aborde l’urgence de limiter les impacts environnementaux lors des aménagements urbains et périurbains. Elle appelle les communes à interdire toute nouvelle construction dans les zones à risques, notamment lorsque des bâtiments détruits en zone rouge ne sont pas remplacés, de faire cesser la bétonisation, notamment pour empêcher l’implantation de structures commerciales dans ces zones sensibles, « les récentes inondations à Givors en sont un exemple éloquent », rappelle le président.

« Il est essentiel de désimperméabiliser nos villes et de repenser un système administratif moins lourd et moins lent. La loi sur l’eau, aujourd’hui dépassée par les nouvelles réalités climatiques, mérite une refonte complète ». L’association insiste pour que les dossiers bien préparés soient défendus à l’Assemblée nationale, au Sénat, par nos élus. Enfin, malgré les restrictions budgétaires, « il est crucial de se rendre dans les ministères afin d’aller chercher des subventions. Ce n’est qu’à ce prix que nous serons efficaces dans l’anticipation et que nous serons préparés au pire. L’eau n’est pas une ennemie, apprenons à vivre avec elle et respectons nos rivières », concluent les membres de l’association.

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