L’association « La Main chaude » vous invite à une soirée-conférence le vendredi 23 mai à 20h15, salle de conférence du CREA, pour redécouvrir l’impact de la loi de Séparation des Églises et de l’État dans le sud-Aveyron. À travers les récits de Ferrer, Donat et Pourcel, replongez dans une époque où l’affirmation de la laïcité a secoué Millau et ses environs.
Ferrer, Donat, Pourcel … des hommes et des affaires que les fouilleurs d’archives de la Main chaude ont documentés avec des récits qui mettaient en lice l’instituteur et le curé à l’orée du XXe siècle.
L’affirmation de la laïcité et de la déconfessionnalisation, en effet, bouscula la société locale. Pour les papistes cette terre de mission, arrachée au protestantisme, devait rester sous leur domination. Millau et le sud-Aveyron s’enflammèrent tant la question était explosive. En ce temps-là cité gantière avait des accents libertaires et rationalistes qui mobilisaient une partie, remuante, de la jeunesse et du monde ouvrier.
Hyppolite Chauzy, le leader de la grève de 1911, milita rudement pour que dès l’exécution le 9 octobre, à Barcelone, de Ferrer, le pédagogue anarchiste, son nom soit donné à une rue de notre ville. On lisait dans l’Indépendant millavois du 27 novembre 1909 : « … À Millau, l’Union de tous les groupements avancés se fit le 24 octobre, à la Maison du Peuple, pour protester au nom de Ferrer contre un cléricalisme sanglant et meurtrier… Il faut de toute nécessité barrer la route à une Église de plus en plus insolente, intransigeante et sectaire… »
À Peux-et-Coufouleux, en 1912, les époux Donat, jeunes instituteurs formés à l’École normale, firent face à la violence de l’abbé Laur fraichement issu du séminaire de Rodez. Un livre de lecture mis à l’index par Rome chauffa l’esprit du parent d’élève Emile Bonnet, à un tel degré, qu’il tira deux coups de fusil dans la chambre du jeune couple au risque de tuer et, malgré ce, il fut innocenté. À ce propos, Clémenceau écrivit : « … J’ai dit que je ne suis point un mangeur de curés. Ce n’est pas une raison pour que je laisse le clergé de Rome déjeuner d’un instituteur français tous les matins. L’instituteur voit contre lui à côté du sorcier du village tout le formidable appareil de l’Église… »

Pourcel, le directeur de l’École Eugène Selles connut un sort moins risqué. Il fut après 20 ans de services, fin 1905, la victime d’une sanction disciplinaire et donc déplacé. Que reprochait-on à ce militant socialiste, libre penseur, fondateur de la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Millau ?
L’Indépendant après avoir rappelé tous ses engagements demandait : « Quel est son crime ? » : « Certains individus ne peuvent pardonner à Pourcel d’avoir pris part au concours du journal socialiste la Petite République : concours organisé pour arriver à faire laïciser la laïque : sur près de 1400 concurrents il eut le 1er prix… »
Pour évoquer l’importance de cette loi, voulue par Combes, notre voisin tarnais, et défendue par Briand, nous visionnerons le film « La Séparation ». Un film historique aux dialogues tirés des discours à la Chambre, ceux de Doumer, de l’abbé Gayraud, et de Jaurès bien sûr… Un film porté par de grands acteurs. Puis nous pourrons évoquer Ferrer et les autres.
Rendez-vous vendredi 23 mai, 20h15, salle de conférence du CREA à Millau.
L’équipe de la Main chaude