Une douzaine de manifestants se sont rassemblés mercredi 28 mai à 18h30 devant la sous-préfecture de Millau pour dénoncer la reprise du chantier de l’autoroute A69, autorisée par la Cour administrative malgré la décision du Tribunal Administratif de Toulouse d’annuler le projet en février dernier.
À l’appel des opposants au projet, une douzaine de personnes se sont réunies à 18h30 pour exprimer leur colère. Dans l’appel à manifester, les organisateurs dénoncent une décision prise « à la suite des pressions du gouvernement et de tous ceux qui soutiennent ce chantier écocide ». Ils rappellent que « ce projet est toujours illégal et le jugement qui sera rendu dans quelques mois le confirmera », accusant l’État d’imposer un chantier contraire aux impératifs climatiques.
Selon eux, « à l’heure où le réchauffement climatique s’emballe », construire de nouvelles autoroutes comme l’A69, mais aussi « la RN 88 à 2×2 voies, le contournement ouest de Montpellier ou celui à l’est de Toulouse » est « une aberration ». Ils appellent à « dire notre colère face à ce déni de démocratie ».
« Une telle décision est incompréhensible »
Lors du rassemblement, Laurent Renaudin, secrétaire départemental des Écologistes Aveyron, a pris la parole pour dénoncer la décision de la Cour administrative d’appel. Il a rappelé que « cette décision du Tribunal administratif, prononcée le 27 février, nous donnait raison quant à l’absence de Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur dans le dossier ».
En bref, selon les juges, le projet d’autoroute ne recouvrait pas de dimension d’intérêt général qui aurait pu justifier la destruction de biodiversité protégée. »
Laurent Renaudin, secrétaire départemental des Écologistes Aveyron
Selon lui, le sursis à exécution accordé à l’État, qui permet la reprise des travaux, soulève de graves questions. « Une telle décision est incompréhensible, étant donné qu’il a été acté que le projet ne présentait pas de Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur. Les magistrats ont-ils cédé aux pressions politiques ? »
Laurent Renaudin s’inquiète aussi d’un possible affaiblissement de l’indépendance de la justice : « Cette décision vise-t-elle à nous envoyer un signal menaçant, signifiant que la séparation des pouvoirs serait en danger devant l’annonce d’une future loi de validation de l’A69 ? »

« L’A69 est le combat de l’époque »
Le militant écologiste estime que « le retour des pelleteuses sur le chantier de l’A69 est inacceptable » et refuse « que la destruction de cette terre se poursuive au nom de la vieille idole de la croissance ».
Il dénonce également « l’acharnement de l’État et des promoteurs à imposer leur projet d’autoroute mortifère », y voyant une atteinte au droit et à la démocratie : « Ils sont prêts à pilonner le droit, à attaquer les fondements mêmes de notre démocratie et à malmener la séparation des pouvoirs. »
« Nous vivons un moment charnière. Une bataille qui détermine les temps à venir et les perspectives de toute émancipation sociale et écologiste. »
Pour lui, la lutte contre l’A69 dépasse le seul cadre local : « La lutte contre l’A69, par son symbole, nous concerne tous et toutes. »
Il dénonce également d’autres projets routiers, comme celui de la RN88 à 2×2 voies en Aveyron, qu’il présente comme « une autoroute entre Rodez et Sévérac pour parachever l’axe autoroutier à camions de Varsovie à Madrid ».
Enfin, Laurent Renaudin appelle à poursuivre la mobilisation sous différentes formes : « Il va falloir continuer à batailler dans les tribunaux, lancer des pétitions, participer à des campagnes décentralisées contre le concessionnaire de l’autoroute… »
Et de conclure : « Que les promoteurs de ces projets le sachent bien, nous sommes toujours là, déterminés et combatifs. Contre l’A69 et son monde, résistons ! »

A propos de la RN 88 : « Des alternatives existent »
« Nous ne sommes pas des doux rêveurs qui ne proposent rien et qui disent non, il ne faut pas d’autoroutes, assure Laurent Renaudin à propos de la mise en 2×2 voies de la RN88 entre Rodez et Sévérac d’Aveyron. Il y a des alternatives, parmi lesquelles la remise en route de la ligne de train Rodez – Sévérac, les maires des communes de Rodez, Laissac, Bertholène et j’en passe, demandent que cette voie ferrée soit fermée et qu’on en fasse une voie cyclable pour les touristes. Alors que c’est probablement une des meilleures réponses qu’on peut apporter au tout voiture de développer les transports collectifs et notamment le train, surtout quand les rails existent et qu’il suffit de les remettre en état. C’est le même combat que porte le collectif Sud Aveyron Express qui demande à ce qu’il y ait plus de trains entre Sévérac et Tournemire pour que les gens de la vallée puissent se déplacer en train. On considère qu’avec le réchauffement climatique et la baisse nécessaire des émissions de CO2 pour arrêter le tout voiture, il faut développer le train. Construire aujourd’hui de nouvelles autoroutes, c’est une aberration totale. »

