Dans cette tribune au ton acéré, Me Jean-Louis Esperce livre son point de vue sur les récents aménagements du boulevard de la République à Millau. S’il salue l’esthétique du réaménagement, il dénonce avec ironie certaines décisions jugées absurdes, notamment la limitation de vitesse à 20 km/h.
Après de longues semaines de travaux en profondeur, comme en surface, le boulevard de la République, du Mandarous au carrefour de la rue Alfred Merle, a été rendu à la circulation. Dans l’ensemble les aménagements des espaces, chaussées ou trottoirs, présentent une esthétique agréable. On n’est pas retombé dans les excès que l’on a connu rue Clauzel de Coussergues où les bancs avaient voyagé à travers le monde avant de nous parvenir et où les plantations contraignent les véhicules à faire du gymkhana. Dont acte.
C’est ainsi que Madame la Maire s’est empressée d’inaugurer cette réalisation, qui pour une fois, n’était pas le résultat des réflexions, des travaux et des dossiers du Conseil Municipal précédent. Inauguration en présence de quelques élus de ce Conseil « Croupion » puisque le temps du mandat qui s’achève dans moins d’un an, on a vu le départ d’adjoints et d’élus de la majorité, puis de l’opposition et parmi les élus qui restent deux au moins exercent leur mandat en étant domiciliés à des milliers de kilomètres de notre ville. On a connu dans l’histoire des Parlements « Croupion » mais à Millau nous avons un Conseil Municipal « Croupion ». C’est une nouveauté !
Mais là n’est pas l’essentiel. Quelques amis, plus observateurs , m’ont fait remarquer que cette portion du boulevard de la République était soumise à une réglementation spéciale qui s’affiche côté Mandarous et côté rue Alfred Merle dans un panneau carré de dimensions modestes, qui impose une limite à la circulation des deux roues et des véhicules automobiles à 20 km heure ! À présent que la quasi-totalité de la voirie municipale est limitée à 30 km heure pour le boulevard de la République nouvelle version, Madame la Maire a fait plus fort ce sera 20 à l’heure sur moins de deux cents mètres ! Il faut dire que tout aussi discrètement le boulevard De Bonald est soumis à la même règle. J’invite les Millavois à faire l’expérience en circulant sur cette portion de boulevard, un œil sur le compteur en veillant à ne pas dépasser le 20km à l’heure. Il se peut que cela énerve certains de ceux qui suivent pour peu qu’ils ne soient pas informés de cette nouvelle contrainte. Mme Gazel nous fait de l’Hidalgo et cela a toutes chances d’avoir le même succès qu’à Paris.
La question que l’on doit se poser, et que manifestement les élus responsables ne se sont pas posés, qu’il s’agisse du 30 km heure, qui donne droit à des amendes de 135€ , grâce aux pièges tendus, çà et là, par les forces de l’ordre et à fortiori pour les 20 km heure, quel est le but poursuivi ? Personne n’a fourni le moindre justificatif, car il n’y a pas eu le commencement d’une étude d’impact avant la prise de décision. Alors il faut imaginer que Mme Gazel continue, suivant l’exemple parisien, sa guerre contre les Millavois et les étrangers qui utilisent des véhicules automobiles pour se déplacer au prétexte d’écologie.
Si tel est le fondement de la décision, comme on peut le supposer, disons-le c’est complètement raté, en raison d’une part de la faible distance concernée et d’autre part parce qu’il a été démontré qu’un moteur à explosion, qu’il soit diesel ou à essence, fonctionne en produisant des gaz d’échappement dont l’importance et le degré de pollution varient avec le régime c’est-à-dire la vitesse. Chaque moteur a un régime optimum, mais tous les moteurs sont plus polluants à bas régime.
Même à Millau l’écologie punitive a ses champions. Si notre pays a décidé de diminuer de moitié ses émissions de gaz à effet de serre c’est-à-dire de passer de 0,9 % de la pollution mondiale à 0,45 % c’est pour nous faire passer pour plus exemplaires que d’autres sans que cela change quoi que ce soit au climat de la planète au prix d’un maximum de contraintes pour la grande majorité des Français.
Mais il arrive que ceux qui sont victimes, et ils sont nombreux, de contraintes absurdes se révoltent et il arrive que les gueux gagnent la bataille. Les échéances électorales sont aussi là pour le démontrer comme la consultation sur la piétonnisation l’a déjà fait dans notre ville. Aujourd’hui 20 à l’heure, demain pourquoi pas le retour à la traction hippomobile ? Mais là aussi il n’est pas certain que cela puisse satisfaire les enragés de l’écologie. En Bretagne la décision d’un maire d’une petite commune rurale d’organiser le ramassage scolaire avec un cheval tirant une voiture adaptée à ce transport a été attaquée en justice par des « écolos » !
Dans ce domaine, comme disait Jacques Audiard, il n’y a pas de limite…
Me Jean-Louis Esperce
Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur au média Millavois.com et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.