Dans la nuit du 8 au 9 avril 2024, un éclair a frappé le cœur de Veyreau. Le clocher de l’église, symbole du village et repère affectif pour ses habitants, s’effondrait sous les flammes. Raymond Trémolet, Millavois et Veyralen de cœur, livre ici une prose, entre douleur et espérance, pour écrire l’émotion et la force d’une reconstruction désormais achevée.
Pour les Veyralens, de souche ou de cœur,
La nuit du 8 au 9 avril 2024 fut un grand malheur,
Le clocher de l’église, fierté du village
S’est effondré, calciné, en triste héritage.
Fait divers pour la presse et ses échos,
Mais dans les cœurs, des plaies, des sanglots.
Réveillés en sursaut aux heures profondes,
Ils se sont demandé : quelle faute en ce monde,
Méritait pareille punition.
Fidèles aux valeurs de leurs aïeux,
Le maire, les voisins, les amis valeureux,
Plutôt que de céder à la peine ou au doute,
Ont retroussé leurs manches, repris la route.
Avant d’agir, il fallut compter
Assurance, mairie, dons concertés,
Un demi-million fut rassemblé,
Pour réparer, pour reconstruire, pour rêver.
Alors, le chantier fut lancé,
L’église mise en sécurité,
Gravats ôtés, cloches descendues,
Dans un silence presque entendu.
Non, elles n’ont pas pris leur envol vers Rome,
Comme le dit la légende que l’on nomme,
Emmaillotées, pleines d’histoire,
Elles sont parties vers la Normandie
Se refaire un autre visage.
Refondues, elles reviennent à la vie,
Et fin mai, leur retour fut ovation et cris,
Baptisées selon la tradition,
Elles ont sonné, pleines d’émotion.
Dans l’atelier d’un charpentier d’antan,
À la Parade, tout près, humble et patient,
Un nouveau clocher a vu le jour,
Sculpté dans le chêne avec amour.
La placette vibra comme une scène de théâtre,
Où l’on vit, pièce après pièce, renaître,
Le nouveau clocher, aux lignes assemblées
Bois, ardoises et zinc enlacés.
Aux côtés de mon fils Damien,
J’ai vu monter, au clair matin, serein
Ce colosse de vingt mètres, tel un géant,
S’élever lentement et fièrement.
Midi sonnait en ce printemps,
Les spectateurs nombreux ont applaudi,
La fin d’un drame et le début d’une vie.
Raymond Trémolet
