À Millau, François Hollande appelle à « mener la bataille du 18 juin avec les armes de la démocratie »

Millavois.com
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En ce mercredi 18 juin, sous un soleil accablant, la stèle de la Résistance au bas du parc de la Victoire à Millau a été le théâtre d’un moment solennel et empreint de gravité : la commémoration du 85e anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 lancé par le Général de Gaulle. Une cérémonie marquée par la présence exceptionnelle de François Hollande, ancien Président de la République, qui a livré un discours d’une rare intensité, sans notes, mêlant mémoire historique et résonances contemporaines.

Maître de cérémonie, Michel Durand, adjoint aux anciens combattants, a glissé un trait d’humour en direction de l’illustre invité : « Comme quoi, monsieur le Président, vous voyez que certaines rumeurs ne sont pas complètement fondées », lançait-il avec le sourire, en référence à la malédiction de la pluie qui s’est abattue sur François Hollande dès son investiture le 15 mai 2012.


Pour rappel : Nathalie Fort est la seule conseillère de l’opposition municipale de Christophe Saint-Pierre à n’avoir pas démissionné. Sa démission fin novembre 2023 aurait provoqué des élections municipales anticipées.

Une cérémonie entre mémoire et engagement

Organisée en fin d’après-midi, la commémoration a réuni les autorités locales, des délégations d’anciens combattants, des habitants, ainsi que les musiciens de l’Élan Millavois et de l’Harmonie du Sud-Aveyron. Comme chaque année, le message du général de Gaulle a été lu — par Jean-Paul Muller, président du comité d’entente des associations patriotiques de Millau —, suivi du message de la secrétaire d’État aux Anciens Combattants, Patricia Mirallès, lu par la sous-préfète Juliette Beregi. Mais c’est bien François Hollande qui a captivé l’audience.

Un discours sans notes, aux accents universels

L’ancien chef de l’État, désormais député de la Corrèze, a débuté son allocution en remerciant la municipalité pour son invitation : « Je veux d’abord remercier la municipalité de Millau de m’avoir invité pour célébrer ici l’appel du 18 juin, et faire comprendre que ce qui s’est produit il y a 85 ans (…) résonne encore aujourd’hui. »

Revenant sur le sens profond de cet appel lancé dans une nuit sombre de l’histoire, il a martelé un message d’espoir et de résilience : « Rien n’est fatal, rien n’est définitif, rien n’est irréversible. (…) Même lorsque les valeurs que nous portons semblent vaciller, même quand le monde lui-même s’embrase, il y a toujours une lumière, un chemin, un espoir, dès lors qu’il y a une volonté. »

S’appuyant sur les enjeux actuels — conflits, montée des populismes, remise en cause de la démocratie —, François Hollande a rappelé la responsabilité citoyenne : « Le message du 18 juin, c’est que ça dépend de nous. (…) Une nation, c’est d’abord celles et ceux qui la composent. (…) Si nous voulons rester une nation libre et indépendante, nous devons comprendre que la France a une place, un rôle, et des capacités à modifier l’ordre des choses. »

Face à la montée des défiances envers les institutions, il a insisté sur la nécessité de l’éducation civique dès le plus jeune âge : « Tout doit être fait pour que dans les écoles de la République, nos enfants apprennent ce qu’est l’Histoire, ce qu’est la démocratie, les règles de droit et les fondements de ce qui fait la République. »

« Une bataille à mener pacifiquement »

Mais François Hollande a surtout alerté sur les nouveaux visages des menaces qui pèsent sur la démocratie : « Nos adversaires, nos ennemis, sont aussi ceux qui possèdent, s’approprient, y compris nos données, à travers les réseaux sociaux, qui nous manipulent (…). Cette bataille-là, il faut la mener pacifiquement, par les armes de la démocratie. »

Un appel fort, qui a trouvé un écho particulier en cette période d’instabilité internationale et d’incertitudes politiques. « C’est le sens du 18 juin. Pas simplement de regarder ce que l’histoire nous enseigne, mais ce que l’avenir exige de nous », a-t-il conclu sous les applaudissements.

Un climat politique en arrière-plan

Cette visite très remarquée de François Hollande à Millau, aux côtés de la maire Emmanuelle Gazel, n’a pas manqué de susciter des commentaires quant à son éventuelle dimension politique, alors que les élections municipales de 2026 se profilent. Pour certains, ce 18 juin pourrait bien marquer officieusement le lancement de la campagne locale.

François Hollande devait poursuivre sa journée millavoise par une conférence à 20h30 à la salle René Rieux, autour de la laïcité : « Les principes universalistes de la loi de 1905 garantissent-ils toujours l’unité de la République ? », animée par la philosophe Laëtitia Delamare.

À Millau, ce 18 juin n’a pas seulement été un moment de mémoire : il a été, aussi, un appel à la lucidité et à l’engagement.

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