Présent mercredi 18 juin à l’occasion des 120 ans de la loi de 1905 sur la laïcité, François Hollande a conclu sa journée par une conférence intitulée : « Les principes universalistes de la loi de 1905 garantissent-ils toujours l’unité de la République ? »
Hasard des infrastructures, c’est au cœur de l’ancienne chapelle du Créa que celui qui fut président de la République de 2012 à 2017 a partagé son regard sur la laïcité.
« Parfois présentée comme une loi de contrainte, la loi de 1905 est avant tout une loi de liberté », a affirmé l’ancien chef d’État.
Rappelant les origines historiques de ce texte, porté par Jean Jaurès et Aristide Briand pour séparer l’Église et l’État, François Hollande a ensuite répondu aux questions de Laëtitia Delamare, professeure de philosophie, docteure en anthropologie sociale et ethnologie, spécialiste des enjeux contemporains liés à la laïcité.
L’actuel député de Corrèze a notamment été interrogé sur l’idée d’inscrire la laïcité dans la Constitution, à l’image de ce qui a été fait récemment pour le droit à l’IVG. « L’insertion dans la Constitution permettrait de répondre à la crainte qu’un futur pouvoir puisse revenir sur le principe de laïcité », a reconnu François Hollande. Il est en effet plus difficile de modifier la Constitution qu’une simple loi. J’avais d’ailleurs intégré cette proposition dans mon programme de candidature en 2012. Dans les faits, cela reste difficile à mener à bien, notamment à cause du Concordat encore en vigueur en Alsace-Moselle ».
Au fil des questions, l’ancien président n’a pas dissimulé la complexité du sujet, soulignant la nécessité de maintenir un dialogue incessant tout en affirmant qu’aucune pratique religieuse ne peut aller à l’encontre des principes de la République. Non sans humour, le socialiste a rappelé que la laïcité, c’est quand même compliqué.
Dans la deuxième partie de la conférence, plusieurs représentants des cultes ont été invités à partager leur point de vue.
« En 2015, lors des attentats, je recevais régulièrement les représentants des cultes, a indiqué François Hollande. Ce n’était pas une entorse au principe de laïcité. Nous avions besoin de faire bloc face à cette épreuve. Nous avons besoin de ces corps intermédiaires, de ces institutions qui contribuent à la paix civile, à condition qu’elles ne soient pas débordées par des idées extrémistes ».
Ahmed Ahammad, représentant de la mosquée de Millau, a été le premier à réagir. « Les attentats ont fait du mal à tous les musulmans. Le Coran est clair sur ce sujet : tuer une âme, c’est tuer l’humanité entière ».
Ann-Gaëlle Attias, rabbin de la communauté juive de Toulouse, a salué la réactivité de l’État pour protéger les lieux de culte, notamment à Toulouse, dans une communauté traumatisée par les attentats de 2012. Elle a toutefois exprimé un désaccord sur la volonté de l’État de structurer les cultes juif et musulman de manière pyramidale, à l’image de l’Église catholique. « Nous avons l’expression de multiples sensibilités. Il n’y a pas de chef chez nous, pas de pape », a-t-elle expliqué. François Hollande lui a répondu que « l’État a besoin d’interlocuteurs et de responsables avec qui échanger ».
Le Père Battut, de la paroisse catholique de Millau, a ensuite pris la parole. « La laïcité ne doit pas être seulement un arbitrage pour la République. Nous avons la chance de construire ensemble un projet de société, résumé par la devise liberté, égalité, fraternité. La diversité des religions peut être une chance ».
Enfin, la pasteure Nelly Gatta, représentante des protestants du Sud-Aveyron, a conclu. « Nous sommes aussi les garants de la laïcité. Nous intervenons dans les hôpitaux, les prisons ou les zones de guerre dans notre rôle d’aumônier, afin que la liberté de culte soit assurée partout ».
Cette conférence a permis de rappeler que la laïcité, loin d’être figée, est une notion vivante, au cœur des débats démocratiques.






