Déchets recyclés, poussières maîtrisées et emplois créés : Cyclamen dévoile son projet à Millau

Millavois.com
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L'entreprise Cyclamen sera installée sur un terrain voisin de la nouvelle cuisine centrale et de l'entreprise Héran Industry.

Pour présenter leur projet et répondre à la polémique suscitée par l’installation de l’usine, la municipalité, la Région et les dirigeants de Cyclamen sont venus main dans la main présenter et défendre l’implantation de l’entreprise dans Parc d’activité Viaduc Millau 2. Lors d’une conférence de presse le 4 novembre, Cyclamen a confirmé un investissement de 25 millions d’euros, 60 créations d’emplois et une mise en service prévue fin 2026, en assurant que le futur site respectera les normes environnementales.

Après les rendez-vous économiques de la Région Occitanie, Emmanuelle Gazel, maire de Millau et Jallil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie n’étaient pas peu fiers de présenter à la presse l’entreprise Cyclamen et son cofondateur, futur dirigeant du site Millavois Arnaud Chaulet. La rencontre a eu lieu le 4 novembre à la Maison de Ma Région à Millau.

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Cyclamen, entreprise verte qui se veut vertueuse

Cyclamen est une entreprise créée en 2012 pour trois ingénieurs ayant « la volonté de se mettre en action pour lutter contre le changement climatique. » Leur métier est de trier les métaux non ferreux pour valoriser les matières recyclables (aluminium, cuivre…). Ils ont donc inventé un process avec des rayons X permettant d’effectuer ce tri. Leurs clients sont des industriels qui achètent ces matières premières brutes, des secteurs automobiles, aéronautique, défense, etc. Cette solution leur permet d’acheter un aluminium très pur et déjà décarboné. Ils ont pour objectif d’atteindre 500.000 tonnes annuelles de carbone évité par an.

Aujourd’hui, ils exploitent un site en Moselle, près de Bitche, sur une ancienne friche industrielle réhabilitée pour l’occasion, mais située dans une zone urbanisée. Cette implantation avait été choisie pour drainer les déchets industriels sourcés du nord de la France et de l’Europe. Si le site a permis de redonner vie à une ancienne friche, il a également provoqué une polémique importante, encore très récemment, sur de supposés impacts environnementaux et sanitaires relatés dans la presse locale. La volonté originelle était de participer à la réappropriation des anciennes friches pour offrir un nouvel avenir industriel à ces sites, « on a commis des erreurs qu’on ne souhaite plus faire, » explique Arnaud Cholet, qui a aujourd’hui cherché à s’installer en zone adaptée aux activités économiques et aux différentes lois actuelles (code de l’urbanisme, de l’environnement notamment).

L’entreprise emploie aujourd’hui 55 salariés en Moselle (70 prévus en 2026) pour 30 M€ de chiffre d’affaires (45 M€ prévus en 2026).

À la question « pourquoi Millau ?», le Montpelliérain répond facilement : « la ZAC était prête, on n’a aucun voisinage direct, un prix attractif au m². Surtout, ici on a rencontré une volonté humaine de nous aider, un accompagnement politique avec un interlocuteur unique. Autre élément important : la proximité de l’autoroute, car nous générons beaucoup de transports pour apporter les matériaux en vrac et les expédier. »

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Un agenda au pas de charge

Côté agenda, les enquêtes publiques des services de la préfecture de l’Aveyron sont désormais closes. L’heure est au délai d’instruction de rigueur et des échanges entre les services compétents et l’entreprise. Délais et échanges qui ne semblent inquiéter ni Emmanuelle Gazel, ni Arnaud Cholet le dirigeant qui déclare :

Nous sommes au niveau le plus bas de l’échelle de risque, nous sommes moins polluants qu’une ferme de 200 vaches.

Ce dernier prévoit d’avoir toutes les autorisations et permis avant la fin d’année 2025, réaliser les premières embauches début 2026, poser la première pierre au premier trimestre 2026 pour un début d’exploitation avant fin 2026.

Des inquiétudes et des réponses

Sollicité par nos soins sur les inquiétudes exprimées à Millau par Karine Haumaitre, élue de l’opposition, concernant les problèmes déjà rencontrés par l’entreprise en Moselle, en lien avec la dégradation de l’état de santé du voisinage de l’usine notamment et les risques de pollution, Arnaud Chaulet répond sans détour. « nous traitons des matières, qui sont classées comme déchets, mais qui ne sont pas polluantes. Notre process émet de la poussière, à l’intérieur de notre bâtiment. Cette poussière est régulièrement étudiée, pour le suivi de la santé de nos salariés. Nous disposons d’outils de management pour les contrôler. Cette poussière est également aspirée, stockée, puis réexpédiée pour être recyclée. C’est important, car dans notre cycle de production, à l’étape du tri par rayon X, notre premier ennemi c’est la poussière. Pour que le tri soit efficace, pour que le système fonctionne, il faut avoir éliminé la poussière avant. Elle est donc chassée lors de deux étapes préalables : lors du versement de la matière, puis lors de son nettoyage à sec. » Le directeur ajoute : « nous avons réalisé pour 5 M€ d’investissements en Moselle. Ces travaux ont généré beaucoup de poussière également. Il y a eu un amalgame de fait entre les poussières du chantier et celles de notre process. »

Je m’engage à ce que le site de Millau soit vert, et ouvert. Nous voulons en faire un modèle écologique : recyclage et production d’énergie verte, bilan environnemental, stockage d’énergie et utilisation des surplus d’énergie verte produite en Aveyron. »

« Une fierté pour Millau »

La maire de Millau s’est dite « fière d’accueillir à Millau Cyclamen après plus d’un an de tractations et d’accompagnement. C’est une première à Millau, l’arrivée d’une entreprise exogène si importante. C’est une entreprise de pointe, de l’économie circulaire, qui lutte pour l’environnement et crée des emplois. J’ai vraiment apprécié la transparence des dirigeants sur leur projet, la relation de confiance qu’on a su instaurer. Au-delà des bisbilles politiciennes de saison, c’est une vraie fierté d’accueillir à Millau une entreprise innovante et engagée pour l’environnement. Toutes les communes autour du projet ont déjà voté pour son accueil, demain Arnaud Chaulet le présentera en introduction du prochain Conseil Municipal de Millau. »

Arnaud Chaulet a conclu la rencontre en rappelant que le souhait de Cyclamen est de « faire de Millau notre vitrine, notre outil industriel de référence qu’on veut visitable et duplicable dans toute l’Europe ». Une entreprise ambitieuse sur un secteur en pleine croissance, performance soulignée par le Financial Times la semaine dernière, citant Cyclamen pour sa croissance organique dans le « green business mondial ».

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