Huit organisations syndicales (CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, FSU, UNSA, Sud Solidaires) ont appelé à une première mobilisation, ce jeudi 19 janvier, partout en France, pour refuser le projet de réforme des retraites du Gouvernement. Dans l’Aveyron, sept d’entre elles (la CFTC n’étant pas présente localement) ont décidé d’une manifestation départementale, ce jeudi à partir de 14h à Rodez.
Leur principale interrogation n’est pas de savoir si cette première mobilisation sera une réussite. Car ils en sont certains. C’est de savoir qu’elle sera la hauteur de cette réussite et donner le ton pour la suite. Rarement, les responsables syndicaux du département n’ont été aussi sûrs d’eux à quelques jours de la manifestation. Mais il faut rappeler aussi que cela faisait 12 ans qu’il n’y avait pas eu une telle unité face à un projet gouvernemental.
« Il y a une opposition extrêmement forte à ce projet de réforme porté par le Gouvernement, détaille David Gistau, responsable départemental de la CGT en Aveyron. Selon les sondages, entre 70 et 76 % des Français sont opposés au projet de réforme. » Tous les responsables départementaux sont d’accord pour dire que le 19 janvier n’est qu’une première étape. Que le mouvement pourrait s’inscrire dans la durée. « Les températures sont fraîches actuellement, confie David Gistau, mais l’atmosphère devrait considérablement se réchauffer à partir de jeudi ! »
S’ils sont confiants pour le succès, c’est qu’il y a déjà 7 bus qui sont prévus pour cette mobilisation (trois du sud Aveyron, deux de Villefranche et deux de Decazeville). Et qu’ils reçoivent des appels de salariés pour savoir comment faire grève, comment participer. Une vraie prise de conscience, qui pourrait mettre des milliers de personnes dans les rues de Rodez ce jeudi.
« Je garantis une tempête et j’espère un cyclone ! »
Du côté de la CFE-CGC, on veut surtout rappeler que « c’est un hold-up du gouvernement sur les retraites » qui est en train de se passer : « Le gouvernement dit ne pas vouloir toucher à l’argent des caisses des retraites, aux 180 milliards, explique Jacques Douziech. Mais on n’y croit pas ! Cette réforme n’est pas acceptable, car elle est injuste pour les salariés. » Le terme « hold-up » sera d’ailleurs repris pas son homologue de la FSU, Sylvain Lagarde : « Le terme est intéressant. Car c’est un hold-up idéologique et politique pour un détournement de fonds de l’argent des retraites, qui est du salaire différé et pas là pour rentrer dans le budget de l’Etat. Aujourd’hui, il n’y a pas de problème de financement, mais de choix politique. C’est un mensonge quand on dit que l’on n’a pas d’autres choix. Rien n’est négociable avec ce gouvernement sauf le retrait de ce projet de réforme. »
Autre sujet qui a été abordé, le problème des emplois précaires. « Est-ce que l’on a pensé aux femmes ?, demande Emmanuel Dumas, responsable départemental FO Aveyron. Ce sont elles qui vont trinquer le plus, parce qu’elles se sont arrêtées pour les enfants, ou ont travaillé à temps partiel. Mais aussi ceux qui ont des carrières longues. Il faudrait commencer à travailler à 14 ans et cotiser 43 ans ! »
Pour Jean-François Chaliez, de l’UNSA, « on peut aussi se demander qui arrivera à 67 ans pour avoir une retraite à taux plein. Beaucoup n’auront pas assez de trimestres pour partir plus tôt. Et même en imaginant vouloir partir avec une décote. La vraie réalité, c’est que beaucoup se retrouvent en inaptitude à 60 ans, puis au chômage. Donc, cette réforme ne fera que prolonger la précarité. »
« Avec la réforme de l’assurance chômage, la précarité qui augmente, la hausse des prix, explique Emmanuel Dumas, c’est une provocation envers le monde du travail ce projet de réforme. Je garantis une tempête et j’espère un cyclone ! »
En attendant, jeudi, le départ sera donné de l’Esplanade des Ruthènes, pour aller jusqu’à la place du Bourg. Car les organisations syndicales ont demandé une entrevue avec le député Stéphane Mazars, et attendent une réponse.