Les registres paroissiaux, notariaux sont toujours intéressants à consulter. Ils ont le mérite, pour certains de nous faire connaître des faits assez insolites ou originaux en marge des actes de naissances et de décès.
Prenons exemple avec cette note d’Antoine Ayrinhac, notaire de Liaucous, qui en 1579 constatait un passage impressionnant de moucherons : « Le 20 août 1579, du valat de Comayras descendirent tant de troupes de mouscaillous tellement que nous gardoient de veoyr Mostuéjols comme si feust esté une mer et duroient environ demy cart d’heure, sur l’heure avant le soleilh couchant et s’en passoient vers Pierraleu ».
Messire Jean Pierre Du Maynial de la Gardie, prieur de la Roque Sainte Marguerite note tout ce qui se passe dans son village : « Ce jourd’hui 22 juillet 1716 à l’entrée de la nuit, il s’est détaché du haut d’une montagne située derrière le château de ce lieu vulgairement appelé le Serre de Capelet ou le Jas d’Albiges un rocher d’une hauteur et d’une grosseur prodigieuse lequel par sa chute a entraîné non seulement tous les arbres qui se sont trouvés sur son chemin, mais encore presque toutes les terres jusqu’à la roche vive. Le bruit de cette chute fut si grand qu’on l’entendit à ce qu’on assure à environ 2 lieues d’ici. Quoi qu’il en soit, il est très certain que tout ce lieu fut couvert après d’un épais nuage qui dura plusieurs heures et s’étendit jusqu’au moulin, ce qui a été accompagné d’une odeur très forte semblable à celle du soufre qui s’est faite sentir presque toute la nuit, tous les environs à une distance assez éloignée ayant été trouvés le lendemain couverts de poussière. »
En 1724, Saury, commandant d’Aubrac mentionne à la Roque en marge des baptêmes, mariages, décès… « illettré » ou « ont dit ne pas savoir signer » à l’endroit où apparaît le nom des présents ou témoins. Parmi les naissances, citons ces cas originaux : A la fin de l’année 1804, en pleine période napoléonienne, on déclara la naissance le 4 décembre de Pierre Jean Napoléon Ducros des Bouteillettes en hommage à l’empereur. Deux enfants nés de père inconnu ont été baptisés Bonnavanture à Saint-André de Vézines, le 23 novembre 1787, de Marianne Evesque et de père inconnu, et le 18 mars 1791 à Vessac de Marie Arjalier, naissance certifiée par Louise Héran et Rose Flavier de Vessac. A Saint Hilaire de la Parade (registre paroissial) le curé Jean Antoine Abriol (1er acte au 12 mai 1803) qualifie les hommes mariés « d’hommes » et les célibataires de « garçon ». Lors des mariages certaines conjointes sont désignées sous le terme de « honnête fille » (1808). En 1725, le 12 janvier, on peut lire dans les registres paroissiaux de Saint André de Vézines que : « Thereze Rouquette de la Roujarie, âgée seulement de 15 ans est la femme de Louis Barre ».
Les actes de sépultures dans les registres d’Etat civil de La Roque Sainte Marguerite ont particularité pour la période allant de 1721 à 1742, de comporter la cause du décès. Avec la présence d’un cordon sanitaire dans les paroisses voisines, la peste de 1721-1722 avait semble-t-il épargné La Roque, puisqu’on relève qu’un seul cas d’« agonie d’un vagabond au milieu d’un champ, terrorisant les populations » (Archives du subdélégué de Vabres, A.D.Aveyron).
On ne plaisantait pas en temps de peste, comme en témoigne cet acte de 1722 :
« Le quatorze juillet 1722 a été fusillé Jean Ruas de la Cadenède, fils de Noël Ruas et de Marie Bonnefous et inhumé le sus jour dans le champ dit de Costefrèfe proche d’un petit bois dit Monserbous à Aluech pour avoir passé les poteaux venant du Languedoc en Rouergue dans un temps de contagion où la communication était défendue par les ordres donnés par monsieur le marquis de Bonas, maréchal de camp et armées du Roy,commandant en Rouergue sous les ordres de monseigneur le maréchal de Wervik et fut fait fusillé par des soldats du régiment de Navarre commandés par Monsieur de Richaud capitaine, présents monsieur de Lairolle et de Monsieur Bouet, lieutenant » (Cavaillé, curé de Veyreau).
Le 21 septembre 1723, Jean Baptiste Forgue de la Roque Sainte Marguerite, 69 ans, décède d’une terrible indigestion. Sur le registre le curé affirme ainsi que l’individu est mort « ayant été attaqué d’une violente colique d’estomac pour avoir mangé trop de figues ». Le 12 octobre 1723, un homme, fils de cordonnier, meurt « de fort bon matin », d’une maladie qui aura duré trois semaines, et qui serait due à un simple coup de soleil.
En 1724, il indique que Jacques Montrozier, 55 ans a été trouvé noyé dans le puits du masage du Maubert « présumément en raison qu’il se soit jeté dans le puits sans qu’on sache comment ni pourquoi. »
Le 5 mars 1725, une femme de 57 ans, Marie Saubert, s’est semble-t-il un peu trop emportée. Dans le registre, le curé raconte que la victime est décédée d’une « suffocation de matrice causée par un comportement de colère contre son mari ». Messire de la Gardie, curé, devenant presque aveugle en 1727, ce sont ses successeurs qui continueront à noter les causes du décès, sous ses ordres, jusqu’en 1742.
A Saint-André de Vézines, bon nombre de décès sont détaillés : Pensant trouver un abri sûr un jour d’orage, sous les rochers de Roquesaltes le 30 août 1720, Pierre Baumel, de feu Jacques du village de Roquesaltes, est mort d’un coup de foudre, âgé d’environ 22 ans, inhumé le même jour. Le 2 septembre 1724, « Jeanne Mialgues, veuve de feu Pierre Cabanel, du lieu de Montméjean, mourut en venant des Cévennes, auprès de la croix de fer, sur la montagne de l’Espérou à cause du grand froid dont elle fut saisie. Quoiqu’elle fut bonne catholique, elle fut inhumée dans l’endroit où elle mourut et fut privée de la sépulture ecclésiastique par la négligence des gens de l’endroit et de ceux de sa compagnie, elle était âgée environ de 69 ans ».
Le 27 août 1756, « Antoine Causse, brassier du lieu et paroisse de Saint André de Vézines, âgé d’environ 70 ans, est mort soudainement d’une chute à Montméjean… et parce qu’il sentait mauvais, il a été enterré le même jour, par nous, curé de ladite paroisse dans le cimetière et tombeau de ses prédécesseurs. »
Les registres paroissiaux de Saint Pierre de Revens nous donnent quelques renseignements historiques. Ces registres sont « parafés » par les Conseillers royaux de la ville et de la baronnie de Meyrueis. « Anthoine Cres, docteur en droit, ce trentième de décembre mil six cent soixante-sept », « Jean Valdeyron, conseiller du Roy en la cour royale de Meyrueis ».
Marc Parguel