Installé dans son local au 1 bis de la rue du Champ du Prieur à Millau, le Théâtre de la Doline est un incontournable du paysage culturel sud aveyronnais. Fondée en 2002 par Juliette Athlan et Denis Psaume, la compagnie est depuis 2015 pilotée par la nouvelle génération incarnée par Emilie Psaume et Pierre Pineau.
Si ce binôme, à la vie comme à la scène, n’a pas fait table rase de l’héritage familial, ils ont su marquer la structure de leur sensibilité. Grâce à une programmation intégrant concepts novateurs (Murder party, escape game, hypnose) et créations théâtrales plus classiques, la Doline a conquis un large public, si bien que le théâtre affiche de plus en plus régulièrement complet.
Quels sont vos parcours et vos rôles dans la Doline ?
Emilie Psaume : J’ai commencé le théâtre à 14 ans avec mes parents. Ça m’a tout de suite accroché. Le rapport avec le public, le fait de pouvoir provoquer une émotion chez les spectateurs, les entendre rire, c’est quelque chose de magique. En 2002, je tourne mon premier spectacle « C’est un p’tit Lion » écrit par mon père. Ensuite, j’ai pris des cours au conservatoire de Montpellier, puis au Studio Alain de Bock à Paris où je jouais également dans un petit théâtre. J’ai aussi fait plein de stages, de clown, de commedia dell’arte, et d’acting, notamment à l’Acting Studio à Lyon. Depuis 2008, je suis intermittente du spectacle avec différents projets et directrice de la Doline depuis 2014. Aujourd’hui, j’ai plusieurs casquettes : je m’occupe de la programmation du théâtre avec Pierre, je donne des cours à la cinquantaine d’élèves ados et adultes qui fréquentent nos ateliers et je suis sur les planches dans nos différentes créations, sans oublier le travail de mise scène.
Pierre Pineau : J’ai un premier parcours professionnel assez éloigné du théâtre, mais qui me sert quand même aujourd’hui, puisque j’étais électricien. En rencontrant Emilie et en venant à Millau, j’ai décidé de me reconvertir pour assurer la partie technique du théâtre. J’ai suivi une formation technicien de son et lumière en interne, avec également plusieurs stages à la Maison du Peuple. Je m’occupe aussi de la partie administrative de la structure, des aménagements et travaux et collabore avec Emilie pour la programmation.
Comment s’est passée la transmission ? Est-ce qu’il n’y pas eu des doutes ?
Pierre Pineau : On y a cru tout de suite. La structure était saine, elle existait depuis 2002 et avait son public. Il y a quand même eu un gros travail surtout pour réaménager la salle avec plus de 30.000 euros de travaux. Grâce à un prêt personnel et à l’aide de la Fondation Diaz, de la Caisse d’Epargne et de la Ville de Millau, nous avons pu donner au théâtre de la Doline une autre dimension, avec la création d’une scène, d’une régie, d’un pont lumière ou encore de gradins. Les trois premières années, on a essayé des choses, tâtonné, l’objectif était de trouver une formule qui nous ressemblait, sans perdre pour autant l’identité de la Doline.
Emilie Psaume : La difficulté était effectivement de suivre sa propre route tout en mettant à profit le travail qui avait été accompli tout au long de ces années. L’identité de la Doline, c’est la comédie didactique. On n’est pas obligé de se taper sur les cuisses sans arrêt, mais le rire est un bon moyen de faire passer un message, parfois sur des sujets graves comme le suicide avec « Meilleurs Vœux » ou le quotidien des personnes à la rue avec « Claude ». On a donc souhaité perpétuer ce marqueur fort de la compagnie, avec une création chaque année et des cafés impros, avec un tarif très accessible, qui sont les successeurs directs des cafés théâtres, lancés par mes parents.
En parallèle, il fallait trouver un nouveau souffle. D’abord parce que comme disait Pierre, on avait envie d’écrire cette nouvelle page à notre manière, mais aussi parce qu’on souhaitait profiter de cette transmission pour toucher un nouveau public. C’était le début des murders party et du théâtre participatif, du coup, on s’est dit pourquoi pas ? Le concept d’enquête théâtralisée, avec les spectateurs dans le rôle du détective, a rapidement trouvé son public à Millau. Pour nous, c’était et c’est toujours un véritable défi. Chaque murder party demande énormément de travail, avec la recherche d’un thème, l’écriture d’un scénario original, les costumes, et tout ça pour seulement une représentation.
Mais finalement, le jeu en vaut la chandelle puisque ça a été une porte d’entrée pour beaucoup de personnes qui ne fréquentaient pas le théâtre, si bien que les dernières murders party affichent complet.
Nous avons imaginé et ouvert en 2017 un escape game éphémère dont on nous parle encore aujourd’hui.
Il y a aussi le spectacle Hypnose Expérience de Pierre Cika, qui plusieurs fois par an fait salle comble, avec là encore, un public différent des pièces de théâtre plus conventionnelles.
On est également attachés à conserver une programmation jeune public et à ouvrir notre théâtre à des compagnies amies qui viennent jouer leurs créations.
Quels sont les projets et les axes de développement pour les prochaines années ?
Pierre Pineau : On a vraiment très envie de remonter un escape game et ça correspond aussi à une demande du public. L’idée est de créer un concept plus pérenne, en fixe. C’est un projet qui prend forme et qui on espère devrait voir le jour dans un futur proche.
Emilie Psaume : Il y a aussi tout un travail pour faire sortir certaines créations du théâtre. C’est ce que nous avons fait plusieurs fois avec des murders party qui nous ont été commandées pour des événements comme le festival « Polar, sorcières et soupe au potiron » sur le Lévézou ou lors de la journée d’intégration des étudiants de la communauté de communes. Et puis à plus court terme, je jouerai les 22 et 23 mars à la Doline, le spectacle « Je rame, mais pourquoi pas… » J’ai souhaité remonter cette création originale que j’avais jouée la première fois en 2012. Plus de dix ans après, on a réussi à faire mentir le titre et ça valait bien le coup de reprendre, dans une formule entièrement repensée, ce seul en scène fortement inspiré du music-hall qui mêle la jonglerie, la magie, les belles tirades, la chanson et bien sûr des surprises.
Propos recueillis par Aurélien TROMPEAU
[box type= »info » align= » » class= » » width= » »]Théâtre de la Doline, 1bis rue du Champ du Prieur à Millau. Contact : theatredeladoline.com ou 05 65 58 83 40.[/box]