Vous avez aimé l’été 2024 ? Vous allez adorer les prochains ! Forêts, lacs, rivières, l’Aveyron se croyait épargné par le réchauffement climatique. Il n’en est rien, prévient Méteo France dans sa projection climatique pour 2050 (étude Méteo France, juillet 2024, publiée par l’AFP) notre département fera même partie des 15 % dont les températures augmenteront le plus.
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J’ai retenu ce scénario « intermédiaire » le plus proche des politiques actuelles de la France : il estime que les émissions mondiales de gaz à effet de serre commenceront à décroitre aux alentours de 2050. Jusqu’à cette date, les températures augmenteront. On le constate déjà. Sur le territoire millavois, la moyenne annuelle des températures enregistrées entre 1976 et 2005 était de 11°C. Selon le scénario intermédiaire du réchauffement, d’ici à la moitié de ce siècle, cette moyenne aura augmenté de 1,8°C.
L’ampleur des bouleversements à venir peut être mesurée par l’augmentation du nombre de jours anormalement chauds, lorsque la température est supérieure de 5°C ou plus à la normale.
D’environ 43 par an au début du siècle à Millau, ce nombre pourrait atteindre 92 jours chaque année en milieu de siècle. De même, le nombre de journées estivales, lorsque la température dépasse 25°C, passera de 39 jours par an en moyenne à 65 jours avec, en moyenne, 3 nuits caniculaires chaque année. Leur nombre pourrait atteindre15 par an dans les prochaines décennies. La lettre d’information du Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement estime qu’en 2050 le mois le plus chaud à Millau sera juillet, peut-être avec une hausse de 11° par rapport à 2017. D’une manière générale, il apparait que juillet sera, d’ici 2050, le mois des grandes chaleurs.
Raréfaction du gel
Alors qu’il gelait 47 jours/an à Millau, cette moyenne pourrait se réduire à 34. En montagne, la raréfaction du grand froid contribuera à fragiliser les structures rocheuses et rendre plus incertaine la présence de neige. Ce phénomène de gel non régulier, couplé à des hivers de plus en plus doux, est une menace directe pour les plantes: les températures douces favorisent le « débourrement » de la végétation, qui sort plus tôt de sa dormance hivernale et bourgeonne. Puis l’arrivée d’un épisode de gel tardif vient détruire cette végétation, à un moment où elle est particulièrement vulnérable. En revanche, toujours d’après le CPIE Rouergue, en hiver le régime des pluies sera profondément bouleversé en Aveyron.
Des bouleversements de plus en plus fréquents
L’augmentation de la température de notre planète provoque déjà des bouleversements qui, ponctuellement, peuvent tourner à la catastrophe. Tempêtes de neige, pluie diluviennes, vagues de sécheresse, le département en avait connu dans le passé, mais jamais aussi nombreuses, aussi proches, et à des périodes inhabituelles. C’est le phénomène de « goutte froide » qui s’est abattu sur tout le pays en février de cette année, alors qu’en août 2023, la région des Grands Causses connaissait une vague de chaleur exceptionnelle. On parlait de records, ils ont été battus en juillet 2024, mois le plus chaud jamais enregistré depuis 1940… jusqu’au prochain record.
Il va donc falloir se préparer à des bouleversements qui impacteront toutes nos activités, en ville comme à la campagne, économiser l’eau, changer nos façons de consommer, de nous déplacer, faire évoluer nos habitats et les sources d’énergie. C’est ce que nous verrons dans les prochaines Chroniques du Futur.
Philippe Ollivier