Pour Millau en Action, les perspectives financières pour 2025 sont « préoccupantes »

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La récente présentation du rapport d’orientation budgétaire 2025 lors du conseil municipal de Millau a mis en lumière « des perspectives financières préoccupantes pour la commune ». Avec « des recettes attendues à la baisse et des projets générateurs de charges de fonctionnement », Flora Gaven et Christophe Saint-Pierre de « Millau en Action », apportent un éclairage critique sur les choix de la municipalité et les défis qui s’annoncent en appelant à faire « attention à l’effet ciseau ! ».

« Il y avait la semaine dernière la présentation du rapport d’orientation budgétaire au menu du conseil municipal millavois. Ce rendez-vous, annuel et formel, est toujours un exercice de style pour la majorité en place au cours duquel elle annonce ses intentions et projets pour l’année à venir tout en tentant de démontrer sa valeur, ses compétences et sa bonne volonté. C’est ainsi dans tous les conseils municipaux de France. Cette année à Millau ce fut encore le cas.

Au-delà de la forme, les propos d’Emmanuelle Gazel méritent quand même quelques remarques et quelques éclairages.

Au cours d’un long préambule, Emmanuelle Gazel a replacé la Ville dans son environnement institutionnel et financier. Normal, la présentation est réglementée par les textes. Plus intéressant en revanche, elle a clairement indiqué qu’à l’avenir, les dépenses de fonctionnement de la Ville seraient « incompressibles ». Soit ! Mais nous pouvons aussi comprendre par là qu’elles ne peuvent aller qu’en augmentant par le simple fait mécanique de l’inflation d’une part, mais aussi sous l’effet d’orientations politiques prisent par la Ville elle-même (la gratuité de certains services entraine de fait une perte de recettes et donc une augmentation du coût à charge de la commune) ou encore par l’État avec des transferts de charges par exemple.

Dans le même temps, Madame la Maire nous annonce une baisse prévisible des recettes de la commune par la diminution des dotations de l’État ou du remboursement de la TVA. Nous dirions, malheureusement rien de nouveau, nous avons connu la même situation sous le mandat de François Hollande.

Là où les choses se compliquent véritablement et s’assombrissent encore, c’est dans l’énoncé des projets d’investissement de la majorité pour l’année à venir. Ils portent exclusivement sur la construction ou la réhabilitation de nos équipements publics. Sur le fond, nous pourrions y souscrire pensant qu’ils peuvent apporter confort et services pour nos concitoyens. Malheureusement, le revers de la médaille est moins honorable. Tous entraineront tôt ou tard des frais de fonctionnement pour la collectivité. Aucun d’entre eux ne s’inscrit dans une réflexion plus large visant à créer un environnement propice à la création de richesses.

Et là, grand écart de Madame la Maire qui annonce « en même temps » un blocage de la baisse des dépenses de fonctionnement… une baisse des recettes et… des investissements à venir générateurs de dépenses… de fonctionnement !

La spirale, augmentation des dépenses de fonctionnement et diminution des recettes est ouverte. Inquiétant !

L’une des informations marquantes du rapport d’orientation budgétaire est l’annonce du montant de l’épargne nette qui ne s’élève qu’à 210.000 euros après remboursement des emprunts. Une somme étonnamment faible au regard de l’augmentation très importante des recettes fiscales provenant de l’augmentation de la taxe foncière et des droits d’enregistrement depuis 3 ans (2.521.631 euros de plus en 2024 par rapport à 2021). Cette situation est pour le moins surprenante, voire préoccupante. Comment expliquer qu’avec de telles recettes supplémentaires sur les exercices passés, la Ville ne parvienne pas à dégager une épargne plus conséquente ?

Ce rapport doit aussi être lu à la lumière de la décision modificative présentée le même soir.

Bien que l’on nous assure que les dépenses soient maîtrisées, un ajustement de 527.000 euros au niveau des charges de personnel a été nécessaire pour boucler l’année. Une situation qui soulève de nombreuses questions sur la gestion prévisionnelle du budget et la maîtrise des dépenses de la collectivité.

Il est particulièrement préoccupant de constater qu’en novembre, à quelques semaines de la fin de l’exercice, il est nécessaire de procéder à un ajustement budgétaire majeur. Ce type de réajustement, s’il peut être justifié dans certaines situations exceptionnelles, est loin d’être idéal. Il soulève la question de la prévision budgétaire. Pourquoi n’a-t-on pas su anticiper ces dépenses dès l’élaboration du budget initial ? Pourtant, avec une augmentation de ces charges de 2.458.185 euros entre 2021 et 2024, nous aurions pu nous attendre à ce que la commune anticipe plus rigoureusement leur évolution.

Dès le début du mandat, un plan pluriannuel d’investissements avait été défini, censé structurer les grands projets sur plusieurs années, afin d’assurer une planification claire et cohérente des dépenses.

Force est de constater que ce plan, censé offrir une visibilité à long terme, a été sans cesse modifié au fil des mois. Des projets sont régulièrement reportés, revus à la baisse ou totalement supprimés, ce qui interroge sur la rigueur, la cohérence et la vision à long terme de la majorité.

La décision de reporter des investissements importants peut effectivement permettre de donner l’impression que la Ville est moins endettée.

Pourtant, à y regarder de plus près, cette approche semble davantage viser à une optimisation factice des ratios financiers sur l’instant, dans un pur souci de communication, à moins qu’il n’y ait la volonté de « cacher la poussière sous le tapis » et de reporter les difficultés à plus tard.

La Ville doit se doter de projets qui soutiennent son développement à long terme et qui améliorent la qualité de vie de ses habitants, tout en s’inscrivant dans une dynamique de création de richesses directes ou indirectes. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons construire un avenir durable. Cela ne semble pas l’option prise par la majorité actuelle.

Le rapport d’orientation budgétaire 2025, éclairé par la décision budgétaire modificative n°4, invite à la prudence et pousse à l’inquiétude. Comment la municipalité Gazel peut-elle prétendre assainir les finances de la Ville avec des recettes prévues à la baisse et des dépenses de fonctionnement inévitablement attendues à la hausse ? Encore un exercice de communication périlleux qui nous interpelle. »

Flora Gaven, Christophe Saint-Pierre
Millau en Action

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