À Millau, la suppression supposée du repas des aînés portée par une publication de l’association « Millau en Action » a enflammé les réseaux sociaux. Face à cette polémique, la maire Emmanuelle Gazel a fermement démenti ces allégations, preuves à l’appui, et dénoncé « une stratégie de désinformation ».
Le feu aux poudre
Dans un post publié le 30 novembre sur les réseaux sociaux, l’association « Millau en Action » écrit que « la municipalité aurait supprimé le repas traditionnel des aînés ». « Des raisons budgétaires sont avancées pour justifier la disparition de cette institution de la vie millavoise », pouvait-on lire sur leur page Facebook. Cette publication a rapidement mis le feu aux poudre et suscité de vives réactions, contraignant la Ville à publier un démenti en ligne. Ce mardi 3 décembre, la maire de Millau, Emmanuelle Gazel, accompagnée d’une partie de son équipe, a également convoqué la presse pour « réagir ».
Un démenti ferme
Dès l’ouverture de la conférence de presse, Emmanuelle Gazel a présenté, selon elle, la preuve pour réfuter ces accusations, un mail datant du 8 novembre entre le directeur du CCAS et un agent de la collectivité confirmant la réservation de la salle des fêtes de Millau pour les repas des aînés prévus le 14 mai (pour les EHPAD) et le 23 mars (pour les seniors résidant à Millau). « Ce qui s’est produit est inacceptable. Jamais, à aucun moment, on n’a eu le moindre échange sur la possibilité de supprimer le repas des aînés entre élus. C’est malhonnête, calomnieux et diffamatoire de venir répandre de fausses informations sur un sujet sensible, de solidarité. Aucun fait ne peut étayer cette information, s’il y a des preuves, je veux bien qu’ils me les apportent », défiait Emmanuelle Gazel.
Des critiques sévères contre « Millau en Action »
Fustigeant une « stratégie populiste, irresponsable et inacceptable », Emmanuelle Gazel a déploré la tournure « nauséabonde » que prennent les débats à quinze mois des élections. « À Millau, j’espérais plus de respect dans le débat public », a-t-elle ajouté, comparant cette situation aux campagnes de désinformation utilisées par Donald Trump outre Atlantique pendant sa campagne. Elle a également dénoncé la posture de Christophe Saint-Pierre, ancien maire de Millau et président de l’association « Millau en Action ». « Il se met clairement hors la loi, avec des propos diffamatoires, car ils mettent en doute notre réputation et ont pour seul but de nuire à notre équipe, ce n’est pas digne de l’ancien maire de Millau », pestait la maire sans exclure la possibilité de déposer plainte, même si « l’intérêt général n’est pas d’aller surcharger les tribunaux », rappelait-elle avant d’appeler l’association Millau en Action à « prendre un peu de hauteur et à ne pas tomber dans le caniveau ». « On ne tombera pas avec eux dans le caniveau, on ne s’abaissera jamais à ce niveau de débat politique. Nos concitoyens attendent autre chose de la responsabilité politique. On se bat depuis le début du mandat pour rétablir de la confiance et faire de la proximité h24 », a déclaré Emmanuelle Gazel.
Colère et inquiétude des élus
Autour d’elles, les élus présents ne sont pas plus tendres et affichent leur colère et leur inquiétude. « Quand je lis, il n’y a pas de fumée sans feu, ça entretient ce climat de suspicion. On a l’impression que depuis leur démission ratée, ils sont dans une fuite en avant, mais surtout une fuite vers le bas. Après la démission, ils ajoutent le déshonneur », tacle au passage Michel Durand.
« Il y a quelques excités dans ce groupe, je suis étonné que monsieur Saint-Pierre puisse cautionner ça, s’interroge Jean-Claude Benoit qui tout comme Yannick Douls s’est dit « inquiet » sur le fait que de telles déclarations « pourraient entraîner des faits plus graves ». « On ne sait pas qui lit tout ça, et jusqu’où ça peut aller, la violence peut augmenter, mais jusqu’à quel niveau, s’interroge l’élu aux mobilités, on ne sait pas à qui on a affaire, il faut stopper toutes ces polémiques et surtout ces échanges sur les réseaux qui n’ont d’autre intérêt que de créer des tensions dont on n’a vraiment pas besoin dans notre pays et dans notre commune ».
« S’ils voulaient se questionner, il ne fallait pas qu’ils démissionnent. Ils auraient pu poser des questions clairement en conseil municipal et ils auraient eu des réponses en temps et en heure », ajoute Yannick Douls.
Un budget « sanctuarisé » pour les aînés
Le repas des aînés daterait de 1945, il représente une enveloppe globale de 15 000 € (11 000 € pour le repas des aînés, 3 500 € pour les EHPAD et 500 € pour les rendez-vous des vœux dans les résidences). Un budget que la municipalité actuelle exclut d’amputer d’un seul euro soulignant l’importance de ces rendez-vous. « Ces 15 000 € permettent à 500 ou 600 personnes de passer une journée où ils ont des sourires plein les yeux, certains chantent, dansent… Ces 15 000 €, ils sont sanctuarisés pour nous, il n’est en aucun cas question de supprimer ces moments-là de partages et le lien avec les aînés », conclut Emmanuelle Gazel avant de rappeler, que « le débat politique ne doit pas être celui du mensonge », regrettant surtout, au-delà de la méthode, « un manque de fond dans le débat », qui selon elle, « n’est pas à la hauteur d’un débat démocratique dans lequel s’affrontent des idées et des visions pour la ville ».
« Je voudrais dire à nos concitoyens que nous, on n’est pas prêts à se livrer à ce jeu-là », précisait la maire avouant ne pas être « dans le temps de la campagne ». « La campagne, c’est dans 15 mois, pour le moment notre ambition c’est de s’occuper des Millavoises et des Millavois et mettre un œuvre les engagements qu’on a pris il y a 4 ans ».
La réponse de « Millau en Action »
Invité à s’exprimer sur le sujet, Christophe Saint-Pierre a évoqué les circonstances du post et expliqué que l’association « Millau en action » avait été alertée par plusieurs personnes. « Nous avons eu des informations concordantes sur une éventuelle annulation du repas des aînés qui pourrait se transformer en simple goûter », explique le président de l’association qui juge ses sources « fiables ».
« Dans mon entourage, on me reproche souvent ma trop grande prudence, si nous avons publié cette information, c’est qu’elle nous a été donnée par des gens que je juge suffisamment sérieux qui étaient scandalisés et qui ont souhaité nous alerter », ajoute l’ancien maire de Millau avant de poursuivre : « Ce post n’a rien de diffamatoire, il est au conditionnel, le temps des choses qui ne sont pas certaines. Nous avons eu une réponse, nous en prenons acte, pour nous l’affaire s’arrête là et nous nous réjouissons du maintien du repas. Nous avons joué notre rôle de lanceurs d’alerte, bien que je regrette le rôle des réseaux sociaux dans la vie et dans la politique car il n’y a aucun moyen de contrôle, ils sont là, nous nous en servons comme tout le monde, mais aucun de nos posts ne sont agressifs, vulgaires ou mensongers », a ajouté Christophe Saint-Pierre rappelant certaines joutes oratoires du temps où Emmanuelle Gazel était dans l’opposition.
« Elle a la mémoire courte, elle m’a interpellé à maintes reprises régulièrement sur diverses questions avec le même fond et la même forme », ajoute-t-il et de conclure : « 2025 précède 2026. J’espère qu’elle n’imagine pas qu’on va la laisser tranquille jusqu’en mars 2026… ».