Le domaine de Massabuau est situé à 4 km à l’ouest de Veyreau et sur la limite est de la commune de Peyreleau à 903 mètres d’altitude. « L’abattoir des bœufs » à la fois toponyme et patronyme, avait aussi une orthographe commune avec le village de la Dourbie : Massebiau. Son existence est antérieure au XVIe siècle, époque à laquelle il appartenait à Raymond Massabuau.
En 1793, les bâtiments du domaine étaient constitués par une maison à un seul membre au rez-de-chaussée, avec grenier au-dessus ; une écurie avec grenier, deux bergeries pour 180 bêtes chacune, deux granges, une citerne et un four (Archives départementales de l’Aveyron, 3 E 13 255, fol.33), le tout en mauvais état. Devant les bâtisses, on remarquera une mare argileuse bordée de murets de pierres sèches.
Le domaine fut abandonné à la fin du XIXe siècle. Il comptait 12 habitants en 1804, 6 habitants en 1868.
A l’Ouest et tout près de Massabuau, sur le sommet d’une colline on rencontrait des vestiges très anciens d’un important établissement (villa) de plus de 50 mètres de longueur. Louis Balsan dans les procès verbaux de la Société des Lettres (séance du 8 octobre 1931) mentionne cette villa romaine de Massabuau comme suit : « M. le Président de la Société Forestière du Rouergue ayant bien voulu nous autoriser à continuer nos recherches dans les terrains de Saint Jean des Balmes, nous avons commencé, avec M.A.Carrière des fouilles à une construction romaine située sur le sommet d’une colline, à l’ouest et tout près de la ferme de Massabiau. Nous avons dégagé un angle de mur recouvert de crépis orné de dessins en cinq couleurs et un pavage formé de fragments de briques pris dans un épais mortier. Il est probable que cette villa est contemporaine de nos stations des « grandes urnes » ». (Procès Verbal de la Société des Lettres, tome XXXII).
En 1559, Massabuau appartenait à une famille Buau (A.D.Aveyron, 3 E 13 255 fol.33). On apprend qu’au XVIe siècle, ce domaine servit de repaire aux calvinistes : « Le 3 janvier 1575, M. de Daudo, le capitaine Bajordan, M. de Sérignan, gouverneur de Montauban et plusieurs autres gentilshommes protestants passèrent à Millau, se rendant aux Etats de Nîmes. Un certain nombre allèrent loger à Carbassas et à Paulhe ; le lendemain ayant voulu franchir le Causse Noir pour aller à Massabuau, ils tombèrent dans une embuscade tendue par le Capitaine Bélarga et perdirent des chevaux et des mules valant environ quatre mille écus » (Mémoires d’un Calviniste, p.372).
Simon d’Albignac, seigneur de Peyreleau et Veyreau se rendra acquéreur de ce domaine au début du XVIIe siècle. Ce dernier arrente ses métairies de Massabuau et le devois de Malbouche moyennant 80 setiers de blé (6 février 1643, Duranc). Il baille à son fermier Ruas 2 paires de bœufs, 30 setiers grain, 165 bêtes à laine pour lesquelles il paiera 1 l. 1/2 de laine par an et autant de fromage poids du domaine ; il paiera le creys des moutons comme les autres rentiers. La métairie est franche de quarts, quints et censives. Ruas paiera chaque an 20 livres pour les tailles royaux ; ledit seigneur paiera le surplus.
En 1665, le seigneur du Triadou (Peyreleau) afferme Massabuau moyennant 39 setiers, 1 carte de seigle 70 setiers de blé seigle orge et avoine tant d’un que d’autre. Il y a deux paires de bœufs et 180 bêtes à laine. En 1737, Massabuau est affermé moyennant 39 set. 1 carte de seigle, 37 set. comble avoine, mesure de Peyreleau ; 2 quintaux 20 l. de laine, 2 quintaux, 20 l. de fromages ; 6 moutons de creys, 2 chevreaux, 3 paires de poulets bons. Tailles et censives : 16 l 10. Inventaire : 2 paires de bœufs évaluées 1201, 102 brebis de port, 32 bassives, 42 agneaux (12 mai 1737).
En 1793, Massabuau était toujours la propriété de M. d’Albignac ; le domaine comptait alors 150 hectares et 180 bêtes à laine (Marre, les Grands Causses, t.II, p.23, 60). On consacre à cette époque 60 arpents sur 300 (34 hectares sur 150) aux labours, le reste, c’est-à-dire les 4/5 de la propriété, sont en hermes ou en bois. Vendu par la Nation le 6 floréal an II (25 avril 1794), sur estimation de 13 750 livres, le domaine de Massabuau fut adjugé à Antoine Réfrégier de Paulhe, pour 16 000 livres (Verlaguet).
Après la Révolution, il appartenait à une famille Causse, dont est issue mon arrière arrière grand-mère Marie née le 30 novembre 1815 au domaine et fille de Antoine et Julie Causse, ces derniers s’installèrent par la suite à la Combe (commune de Saint André de Vézines). En 1891, le domaine est affermé à Arnal des Paliès. Après avoir été abandonné, Massabuau fut acheté en 1918 par la Société forestière du Rouergue (E. Vigarié, Géographie de l’Aveyron, t.II, p.375). Ce domaine est aujourd’hui la propriété de l’O.N.F. (Office national des forêts).
Marc Parguel