Il serait difficile de rendre hommage à tous les soldats de Saint-André-de-Vézines morts pour la France en un seul article, c’est pourquoi, pour bien comprendre l’enfer qu’ont vécu ces hommes, ces mères et ces pères, le drame de la famille Parguel de St-André est particulièrement parlant ; trois membres de la même fratrie décédèrent suite à ce conflit. A travers leurs histoires c’est toute une génération d’hommes qu’on souhaite honorer.
Le mois de septembre 1914 a été particulièrement meurtrier pour St-André ; le 29 septembre 1914 disparaissait un autre enfant du village, le quatrième depuis le début du conflit survenu un mois plus tôt : Parguel Clément Maurice, décédé à l’âge de 25 ans. Clément était né le 28 avril 1889, il était le fils de Célestin et Marie Léonie Parguel. Il était cultivateur et célibataire avant d’être recruté 2e classe au 24e bataillon des chasseurs.
Citation et médaille : « Bon chasseur. Tombé glorieusement, le 23 septembre 1914, au combat du bois de Cheppy, en faisant bravement son devoir. Croix de guerre avec étoile de bronze. »
« Des hauteurs de Epinonville, Vauquois et Baulny, des canons crachaient la mitraille, les éclats d’obus tombaient sur les maisons de Cheppy et de Véry. L’artillerie française répondait des crêtes de Varennes. Après plusieurs heures de lutte, notre armée se replia sur l’Argonne. Les Boches se dirigèrent sur Sainte-Ménéhould, Revigny, Trois-Fontaines, pillant et terrorisant sur leur passage, ils déferlèrent sur la région argonnaise, ne laissèrent à Cheppy qu’une faible garnison qui ne s’opposa pas au retour des fuyards de la commune. C’est ainsi que fut détruit le village de Cheppy à la suite de plusieurs combats sanglants, qui eurent lieu entre le 10 et le 25 septembre. » C’est là, dans ce contexte que Clément Parguel est mort.
Inscrits au monument aux morts de St-André, Clément et ses frères, Léon, Jules et Joseph Séraphin (ce dernier n’est pas mort à la guerre contrairement aux trois autres), sont réunis sur une plaque qui orne la sépulture familiale à Saint-André-de-Vézines.
Un mois à peine après Clément Parguel, ses parents vont avoir la terrible douleur de perdre un deuxième fils dans ce conflit. Le 29 octobre 1914 tombait Parguel Léon Célestin, à l’âge de 31 ans.
Léon était né le 18 octobre 1883, il était le fils de Célestin et Marie Léonie Parguel. Léon était cultivateur et célibataire. D’abord dispensé au service (soutien de famille), il a été incorporé en novembre 1904 puis renvoyé en disponibilité en novembre 1905. Rappelé par la mobilisation générale, il intègre, en tant que chasseur 2e classe, le 24e bataillon de chasseurs à pied. Disparu au combat, Bois des Forges (55).
« Notre artillerie (25e régiment) se distinguait le 23 octobre en détruisant trois batteries allemandes, dont une de gros calibre. Des combats acharnés se livraient quotidiennement en Woëvre, qui amélioraient les positions de nos soldats. C’est là que, au retour d’une reconnaissance aérienne, tombèrent sous les balles ennemies l’adjudant pilote Clamadieu et son observateur, le médecin aide-major de 1e classe Reymond, sénateur de la Loire. A la suite de ces progressions au Bois-le-Prêtre et dans la forêt de Mortmare, notre artillerie put tenir sous son feu la route de Thiaucourt à Saint-Mihiel par Nonsard-Buxerulles et Woinville. Le 29 octobre, les troupes du 6e Corps dégageaient Verdun du côté du nord, à droite et à gauche de la Meuse avec des combats difficiles dans le bois des Forges. »
Combats auxquels participait le 24e bataillon des chasseurs, dont faisait partie Léon Parguel. Bataille au cours de laquelle il succomba. Léon est inhumé à Esnes-en-Argonne (55).
Le dernier enfant de Saint-André-de-Vézines mort pour la France décède le 13 mai 1920, il s’agit de Parguel Jules Célestin, qui avait 33 ans. Jules est né le 18 juin 1886, il était le fils de Célestin et Marie Léonie Parguel qui perdent là leur troisième fils dans cette guerre. Bien que Jules n’ait pas la mention « Mort pour la France », il est inscrit au monument aux morts de St André, donc il y a des chances que son décès soit d’une certaine manière imputable à la guerre ! Il rejoint ainsi ses deux frères cadets, Clément et Léon tous deux tombés en 1914 au début de la guerre.
Un quatrième frère décède en 1923, trois ans plus tard (Séraphin) mais cette fois, cela ne serait pas des suites de la guerre. Séraphin était comme ses frères ; cultivateur, sans doute sur la même exploitation familiale, car comme eux, il était célibataire sans enfant. Lors de la mobilisation, il est incorporé comme soldat au 84e bataillon d’artillerie. Cavalier lors de son incorporation en 1907, membre de l’escadron du Train lors de la mobilisation générale, il passe à l’Artillerie lourde en 1917. Il semble avoir traversé la guerre sans encombre, et meurt chez lui, à Saint-André-de-Vézines.