On l’a vu, le Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage de Millau est un acteur majeur du maintien de la biodiversité sur la région des Grands Causses. Il accueille tous les ans plus de 450 animaux en difficulté, où ils sont soignés ou élevés avant d’être réintroduits dans leur milieu naturel.
Or, ce centre, géré uniquement par des bénévoles, ne pourra survivre que par la création de 1,5 poste de salariés. « Il nous faut absolument une personne en permanence », assure Jean-Claude Austruy. « Le terrain est à moi, il est mis à disposition de l’association pour 0 euro, mais qu’est-ce qu’il va arriver quand je ne serai plus là ? », se demande celui qui à la tête de l’association depuis ses débuts, au milieu des années 80.
Avec son budget qui tourne bon an mal an autour de 30.000 euros, il est en effet inenvisageable d’embaucher quelqu’un, quand on a par exemple plus de 3.000 euros de frais de nourriture pour les animaux, 3.300 euros de frais de déplacement ou encore 6.300 euros de frais de personnel (services civiques).
« Si un vautour cause un accident, les mairies sont responsables »
« Depuis 25 ans, les élus sont d’accord pour nous aider, mais seulement pour des aides ponctuelles. Ils sont motivés, mais jusqu’à un certain point, souligne Jean-Claude Austruy. Il y a 45 centres comme nous en France, tout le monde y arrive, et nous non. Sans financement, le centre va fermer, nous n’accueillerons plus les animaux en détresse, il faudra qu’ils (Ndlr : les élus) se débrouillent », regrette-t-il, en rappelant pourtant que les mairies sont responsables des animaux errants. « Par exemple si un vautour cause un accident, ils sont responsables ».
Armé de son bâton de pèlerin, Jean-Claude Austruy a donc frappé à la porte de tous les financeurs institutionnels locaux. Certains ont répondu, comme le Conseil départemental, qui a octroyé une aide sur le fonctionnement de 3000 €. Ou le Parc des Grands Causses, qui a confié au centre une étude qui lui permettra de gagner 10.000 € sur deux ans. La Ville de Millau et le Parc National des Cévennes ont aussi mis la main à la poche. Mais toujours pas de quoi assurer le salaire d’un poste et demi.
« Nous avons contacté toutes les neuf Communautés de communes concernées par notre rayon d’action, et seulement deux ont répondu. Nous avons fait des pétitions, 300 personnes ont écrit aux Communautés de communes. Or elles ont répondu à ces 300 personnes, mais ne nous ont jamais contactés », déplore Jean-Claude Austruy.
En attendant, conscient que l’année 2018 sera une année charnière et 2019 probablement une année décisive, le président de l’association ne peut qu’encourager les administrés, chacun de nous, à interpeller et solliciter les élus. « Les élus des mairies et des communautés de communes sont la clé de notre avenir en tant que centre de sauvegarde ». Le message est passé.