[dropcap]L[/dropcap]es faits se sont déroulés le 25 septembre dernier sur l’autoroute A75 dans le sens Montpellier-Clermont-Ferrand. Le prévenu au volant de sa voiture avait fait demi-tour sur l’autoroute devant les agents des douanes postés au péage Saint-Germain de Millau. Après quelques kilomètres, en constatant que le viaduc était fermé dans son sens, il s’est finalement arrêté à l’aire de repos du Viaduc avant d’être interpellé. Dans son coffre : 168,5 kg de résine de cannabis et 1 900€ en petites coupures.
Ce lundi, il a pu expliqué son rôle dans le trafic, sans pour autant donner de détails sur ses complices : « j’ai peur des représailles sur ma famille » a-t-il répété à plusieurs occasions.
Trafic de grande ampleur
L’homme de 38 ans originaire de banlieue parisienne n’en était visiblement pas à son coup d’essai : sorti de prison en 2016 après quatre ans de détention, il affirme s’être « tenu à carreau » depuis. Préférant travailler sur les marchés plutôt que de toucher le RSA et « être un boulet de la République » selon ses propres termes, il explique que c’est le confinement qui a mis fin à son gagne-pain. Sans emploi ni formation, consommateur de stupéfiants et avec des dettes de jeu à éponger, il a « craqué » et a cédé aux appels de ses anciens contacts qui cherchaient à le recruter pour un travail de go fast (transport des produits stupéfiants) payé 6 000€.
Je pensais que tout ça c’était derrière moi, mais avec le Covid, j’ai craqué »
Après avoir pris l’avion de Paris à Barcelone, le prévenu a récupéré 2 000€ en liquide et une voiture avec la cargaison en Espagne avec pour objectif de la ramener au point de rendez-vous dans le 93 (Seine-Saint-Denis). « J’étais au courant de ce que je transportais » a affirmé le prévenu qui, toutes les heures, répondait à un appel de son contact pour savoir si tout se passait bien.
Plus d’un million d’euros dans le coffre
La question de l’implication du prévenu dans ce trafic international s’est rapidement posée ce lundi matin au Tribunal de Grande instance de Rodez. Car les 168,5 kg de résine de cannabis que le prévenu devait livrer représentent 337 000€ à l’achat et, pour le procureur, 1,2 million d’euros à la revente. « Le fait de vous faire transporter autant démontre la confiance que l’on vous accorde » a insisté la Présidente du tribunal.
Aujourd’hui, ils savent retrouver les familles… »
Mais le prévenu n’a pas voulu en dire plus, de peur des répercussions possibles sur sa famille. Si la défense a insisté sur la vulnérabilité de l’homme de 38 ans et sur ses efforts pour parler malgré les menaces et la peur, le tribunal de Rodez aura suivi les réquisitions du procureur en condamnant le prévenu à cinq ans de prison dont un an de sursis probatoire avec obligation de soin et de formation. Le prévenu, maintenu en détention, devra également payer une amende de 30 000€ à l’administration douanière.