« N’ajoutons pas de la folie à la folie… »

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Depuis ce jeudi 29 octobre prédomine sur notre territoire une ambiance morose, nourrie par un sentiment d’incompréhension et d’injustice.

Pour enrayer ou du moins ralentir l’épidémie de COVID-19, le gouvernement a décidé d’un confinement d’au moins quatre semaines. Si ce confinement d’une manière générale passe aux yeux de tous pour un « confinement plus doux » que celui du mois de mars, il sonne en revanche comme un second coup de grâce pour les commerces dits « non essentiels » ( formule au jugement très subjectif au demeurant).

Nous l’avons montré, nous savons obéir, nous plier aux règles. Malgré tout, aujourd’hui, il nous est de plus en plus difficile d’intégrer ces règles qui évoluent, changent, varient selon des critères on ne peut plus flous et aléatoires. Il nous est de plus en plus difficile de ne pas tenir un discours de défiance face aux décisions prises et par conséquent de ne pas adopter une attitude contestataire.

L’actualité nous le démontre. En première, ligne quelques élus. Certains maires dits frondeurs, ont effectivement décidé à l’encontre des décisions de l’état, d’autoriser dans leur commune, la réouverture de leurs « petits commerces » afin qu’ils ne subissent pas/plus une concurrence déloyale et finissent par mourir sous son poids.

Si ce soutien est tout à fait louable et de leur responsabilité, la manière de le manifester n’en reste pas moins discutable.

Je comprends leurs arguments et y adhère complètement.

Mais est-ce vraiment le rôle d’un élu local que d’entraîner ses administrés sur le chemin de la « désobéissance » et à ses risques et périls dans le sillage de l’illégalité ?

Est-ce vraiment le meilleur moyen de lutter contre des décisions qu’on ne cautionne pas ?

Je m’interroge sur l’exemple donné par ces élus en ces temps bien assez troublés en mal de repères ?

Cet acte contestataire qu’ils initient, peut-il, vraiment, conduire à la construction positive d’une justice tant réclamée ?

Qu’il y ait remise en question des décisions iniques qui touchent nos commerces de centre-ville cela semble plus que nécessaire. Mais n’y a-t-il pas d’autres solutions ? D’autres solutions pour enfin arrêter de favoriser quelques-uns au détriment de tous les autres ?

Une autre solution que de mener une contestation qui a le risque de nous conduire au bord d’un précipice nommé « anarchie » où chacun déciderait pour lui-même et par lui-même ?

Ayons plutôt recours à une désobéissance éclairée. Agissons de manière raisonnée et raisonnable. Ce qui semble être le parti pris de madame Gazel.

Malgré ce qui se dit, il apparaît et j’espère, que cela ne semble pas de sa part incompatible et contradictoire avec un soutien indéfectible aux commerçants de Millau. Est-ce à dire qu’en refusant d’adhérer à la fronde mise en place elle abandonne son centre-ville ? Qu’elle se soumette, se dédouane et est dans la compromission ? Je ne pense pas. Désormais, à elle et ses élus de nous le démontrer avec raison et pragmatisme.

C’est un état de fait les mesures sont inégalitaires, incongrues et irrationnelles.

À nous aussi, avec le soutien de la municipalité, de nous adapter (et oui encore !) à ces contraintes. Réinventons notre consommation à notre échelle, à notre porte, ensemble :

  • Arrêtons de consommer dans ces grandes enseignes les produits dits non essentiels.
  • Clickons and collectons dans toutes les boutiques de notre commune dont on nous prive et qui nous manque.
  • Utilisons le chéquier « shopping Millau » du 31 octobre au 5 décembre.
  • Profitons des trésors d’inventivité et d’adaptabilité de nos commerçants (visite virtuelle, boutique en ligne.)
  • Commandons et emportons dans les restaurants où nous souhaiterions nous rendre si c’était possible.
  • Allons au marché à la rencontre de nos producteurs locaux.
  • Agissons collectivement au sein de l’ADM 12. Créons, soumettons des demandes et des mesures exceptionnelles adaptées à notre territoire (pour proposer des solutions aux secteurs qui n’ont pas de solutions de substitutions : bars, coiffeurs, secteurs du bien être…)

C’est sûr, tout ceci ne compense pas les pertes, mais cela participe à la solution en réduisant l’impact de cette crise.

Il est intolérable d’avoir à renoncer à nos libertés, nos plaisirs et parfois nos droits. Mais n’ajoutons pas de la folie à la folie.

L’union, le consensus, la solidarité et le bon sens seront les seuls remèdes à cette crise.

Karine Haumaitre

Conseillère municipale. Élue de l’opposition.

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