La croix de Paulhe en ciment repose depuis 1981 sur un socle massif aux limites de la commune de Millau, en bordure du Causse Noir. Elle domine la vallée du Tarn et le village de Paulhe, d’où son nom. La carte I.G.N. ne la signale pas. Elle est proche et même se confond avec la borne géodésique 852.
Originellement, sur le socle reposait une croix monumentale de 15 mètres de haut, en pin massif, connue comme étant la plus haute du Causse Noir. Elle fut érigée à la fin du XIXe siècle, par Charles Barascud (1850-1907), curé de Paulhe. Son existence fut brève : bénie le 21 mai 1899, elle fut abattue par la foudre le 6 août de la même année, le fluide l’ayant fendue de haut en bas. Une tempête de vent dans la nuit du 3 au 4 novembre 1899 la fit totalement fléchir. Le curé émit alors le souhait que la croix soit remplacée « quand on pourra ». Le temps passa au point que l’on oublia ce projet et le socle resta orphelin durant plus de 80 ans.
Albert Carrière passant dans le secteur au début des années 1930 s’interrogea alors sur l’origine de celui-ci : « Au Nord Est de Paulhe à l’extrême bord du plateau, on voit un bloc de maçonnerie à chaux et à sable de construction moderne. Est-ce la base d’une petite tour ? D’un signal pour le lever de la carte ? Piédestal de croix ? Fourches patibulaires ? Je ne sais. » (Monographie de Compeyre, Aguessac, Paulhe, 1932). Bien qu’elle ne soit plus visible, les habitants de Paulhe, avaient pris l’habitude d’appeler ce rayon « la Croix ».
Plusieurs décennies après la disparition de cette dernière, Louis Pailhas (1902-1996) qui était né à Paulhe, lorsqu’il passait dans ce coin avait émis un vœu : « Si un jour j’en ai les moyens, je ferai quelque chose pour la reconstruire » et c’est en 1981 qu’il finança en intégralité une nouvelle croix. Au cours d’un entretien, il confia à Pierre Solassol : « Là haut nous avons dix hectares d’un seul tenant. La croix n’est pas chez nous, mais j’ai voulu qu’elle soit faite là où mon prédécesseur l’avait élevé et j’ai dit à l’entrepreneur de laisser le vieux socle comme il était. Nous nous entendons très bien avec les voisins. » (Propos recueillis le 9 novembre 1990).
Par le soin de l’entreprise Lombardi, une nouvelle croix moulée en ciment se dresse (82 ans après la croix de pin) à nouveau sur le socle d’origine.
Dans l’espérance qu’elle résistera plus longtemps (l’intention de celui qui l’avait faite en 1899 étant de se préserver des orages), on peut y lire l’inscription suivante : « Que le bon Dieu protège le Causse et la vallée de la grêle et de la foudre, 1981 », il s’agit en quelque sorte d’une variante des inscriptions latines gravées sur les clochers de nos campagnes : « A Fulgure Tempestate, Libera Nos Domine » (De la foudre et de la tempête, protège-nous Seigneur).
Les paroissiens de Paulhe et leurs amis se sont retrouvés autour de cette croix pour une messe et une petite fête sur le Causse le dimanche 30 août 1981. Depuis, la croix malgré les intempéries n’a pas bougé, à croire que le message a été entendu.
Idéalement placée, avec une vue remarquable sur le viaduc de Millau et le château de Peyrelade, la municipalité de Paulhe a envisagé en 2016 de mettre à ses côtés une table d’orientation. Financé par la communauté de commune, ce nouvel équipement a été installé en février 2018.
Marc Parguel