Millau. Au Marché Paysan, c’est un tout nouveau magasin qui vous attend

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[dropcap]J[/dropcap]eudi 5 mai en début de soirée, les producteurs associés du Marché Paysan inauguraient la réouverture de leur magasin, après trois semaines de travaux, entièrement autofinancés. Accès handicapé, vitrines frigorifiques, nouveau mobilier, nouvelle disposition des caisses, chambres froides refaites, meilleure isolation, back-office repensé… C’est un tout nouveau magasin qui vous attend au 14 rue Mathieu Prévôt.

L’occasion aussi de rappeler un peu la genèse de cette boutique pas comme les autres.

En 1983, six éleveurs ont eu l’idée de se regrouper pour transformer et vendre leurs agneaux, rejoints un peu plus tard par d’autres éleveurs (porc, volailles, abeilles…). Ce fut la naissance du GIE « Fermes des Grands Causses », avec son atelier de découpe et son camion pour les marchés.

Au début des années 2000, ce groupe invite d’autres paysans et paysannes producteurs et productrices de légumes, de fruits, de fromages, de vin, de pain… à travailler à un projet de magasin, projet qui se concrétise en novembre 2003 avec l’ouverture du Marché Paysan.

Un magasin pour une clientèle de copains ? Qui n’attirerait que des militants motivés pour soutenir la petite paysannerie ? Non, très vite la boutique a trouvé son large public : les clients y trouvent « une bonne nourriture, saine et à juste prix », c’est-à-dire un prix suffisamment rémunérateur pour le producteur et abordable pour le consommateur.

Pour Eliane Froment, productrice de volailles au Sonnac (La Cresse), être associée au Marché Paysan permet, outre « la belle aventure de la vente directe », d’accompagner ses produits jusqu’au bout.

Les décisions prises collectivement

Alors qu’est invoquée plus que jamais la nécessité d’une relocalisation et d’une souveraineté alimentaire, cette démarche de production locale pour une consommation locale se révèle toujours plus porteuse de sens.

« Avec d’autres, nous affirmons, par les faits, que l’avenir de l’agriculture s’écrit dans les pratiques paysannes et non dans les faits politiques d’import-export, expliquent les producteurs. Alors qu’une ferme disparait en moyenne chaque heure en France, que depuis les années 80, l’Aveyron a perdu la moitié des siennes, nous sommes heureux de voir que les nôtres perdurent, font travailler plus de monde, et que nous participons à l’installation de nouveaux paysans. »

L’inauguration a eu lieu jeudi 5 mai.

Depuis 2003, le groupe compte autour de 25 fermes associées et autant de dépôts-ventes, et le groupe s’est grandement renouvelé. Oui, la plupart des fondateurs sont aujourd’hui en retraite et la moyenne d’âge a fortement baissé. « Non seulement la production paysanne et la vente directe favorisent le maintien des fermes, mais elles permettent aussi d’en créer de nouvelles. Et à l’heure où trop de gens se plaignent, avec raison, d’emplois en perte de sens, nous goûtons la chance de tenir en main de beaux métiers, même si c’est pour certains au prix de beaucoup d’heures de travail », assurent-ils.

Nous ne ferons pas croire que tout roule toujours sans difficulté au Marché paysan. « Dès le début, le choix de prendre les décisions collectivement s’est imposé : nous sommes à égalité de responsabilité, ce qui signifie que, plus qu’un défi économique, c’est un défi humain que nous avons sans cesse à relever. Et si l’on doit souligner une réussite, c’est bien cette dynamique de groupe et celle du plaisir à travailler en commun ».

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