[dropcap]L[/dropcap]a logique des 70’s souhaitant adapter la ville à la voiture s’inverse aujourd’hui. La volonté de la réappropriation de l’espace public par les piétons est une réalité qui alimente d’ailleurs de plus en plus les programmes municipaux. Millau n’y échappe pas et entrera dans sa deuxième édition à partir du 1er juillet. Mais pourquoi ce projet autant dans l’air du temps a-t-il tant de mal à s’imposer dans notre commune ?
Serait-ce que le Millavois (riverain, habitant de la périphérie, des hauteurs, commerçant, artisan, professionnel de la santé, du service à la personne, jeune, âgé…) serait, indifféremment, réfractaire à tout changement ? Contre tout par principe ? Englué dans ses habitudes ? Un peu de tout cela me direz vous ! Mais s’arrêter à cela me semblerait bien trop caricatural et réducteur.
Ou alors serait-ce plutôt, et il faut l’entendre, à cause du fait que le processus d’élaboration de ce projet n’a pas bénéficié d’un ping-pong suffisamment récurrent, régulier, nécessaire, revendiqué entre TOUTES les parties concernées jusqu’à sa « présentation » ce 9 mai. Un projet aussi conséquent ne peut prétendre aboutir en toute quiétude sans ces ingrédients essentiels.
Ce projet « n’est pas un caprice, mais un projet de campagne » et la volonté de le reconduire date de presque un an. Alors comment se fait-il qu’il faille attendre aujourd’hui, seulement 1 mois ½ avant le début de la « deuxième saison » pour avoir une PRÉSENTATION ? Présentation avec beaucoup de conditionnel : « la signalisation DEVRAIT être revue (…), les animations DEVRAIENT (…), les élus ESPÈRENT (…) TENTENT de répondre… ». Pourquoi tout cela nous donne l’impression que tout reste à faire ? … ceci n’a vraiment pas vocation à rassurer.
Et puis pourquoi une présentation officielle qu’aux seuls commerçants ? Certes éminemment nécessaire, mais pas suffisante. N’y aurait-il qu’eux d’impacter ? Je ne crois pas…
Créer des zones piétonnes (apaisées) ce n’est pas uniquement retirer, invisibiliser les voitures dans les rues concernées. Cela doit entraîner tout un tas de transformations dans les lieux où l’on souhaite interdire la circulation afin de maintenir et exacerber le lien avec le reste de la ville. Pourtant aujourd’hui rien factuellement, ne semble encore engagé pour rendre opérationnel ce dispositif d’envergure au 1er juillet et ainsi sensibiliser apprivoiser les administrés : aujourd’hui aucune nouvelle installation dans le paysage urbain (parking, signalisation…).
Pas de mise en valeur des zones concernées (végétalisation, propreté, amélioration du mobilier urbain) pour les rendre progressivement attractives, agréables, qualitatives. Pas d’information portée par nos élus eux-mêmes à la connaissance du plus grand nombre sur une politique globale de déplacement : parcours cohérent piéton ? Cohabitation avec les mobilités actives ? Nouvelle desserte en transports ? Pass d’accès permanents, temporaires ? (pour ces derniers : délai d’anticipation de la demande) nouveau parking ? (places réservées pour riverains)… anticipation des répercussions du trafic reporté sur les rues alentour ? … Évènementiel culturel et ludique : programmation confirmée ou seulement envisagée…
Assister à une information et une mise en place progressive de ces différents éléments constitutifs de ce projet aurait pu donner confiance à l’ensemble des administrés.
Plutôt que de distribuer 14 000 flyers lundi prochain, le dernier bulletin trimestriel de la commune adressé à l’ensemble des Millavois aurait pu être par exemple dédié à ce dossier avec des présentations, des explications sur les avantages économiques, écologiques, sociaux, mais aussi sur les inconvénients, des projections, simulations à visée pédagogique informative. Cela aurait pu pallier le manque de concertation ressenti aujourd’hui et rassurer les plus inquiets sur les transformations que va subir leur commune peut-être de manière pérenne.
Karine Haumaitre, élue municipale
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