[dropcap]L[/dropcap]e 2 juin, à 18 heures, sera inaugurée au 71 avenue Jean-Jaurès à Millau une plaque commémorative en l’honneur de Betty Rosenfeld, ancienne infirmière des Brigades internationales, déportée à Auschwitz le 7 septembre 1942.
L’inauguration sera suivie d’un échange autour d’un verre offert par la mairie de Millau, au CRÉA. À 20 heures au CRÉA, le public pourra assister à une présentation de son itinéraire réalisée par l’historien Michaël Uhl, auteur d’une biographie de Betty Rosenfeld, qui nous appris ce qu’il advint à Betty Rosenfeld et de son compagnon Sally Wittelson. La conférence est organisée par La Main chaude, revue de l’Association pour la promotion de l’histoire sociale millavoise, suivie d’une lecture. L’entrée est gratuite.
Betty Rosenfeld (1907-1942)
« Née à Stuttgart le 23 mars 1907, fille d’un commerçant et petit industriel, Betty Rosenfeld est devenue infirmière en 1927. En 1935, elle part en Palestine où elle travaille dans un Kibboutz. En mars 1937, Betty quitte Haïfa pour se s’engager comme volontaire en Espagne dans les Brigades internationales ; son expérience sera mise à profit dans les hôpitaux de Murcie puis de Barcelone. En septembre 1938, elle quitte l’Espagne, réside à Paris jusqu’à sa relégation en Aveyron, considérée par les autorités comme « dangereuse pour l’ordre public ». Avant de s’installer au 71 avenue Jean-Jaurès à Millau, elle est logée au Centre d’hébergement au 6 rue du Rajol.
Betty Rosenfeld, comme son compagnon Sally Wittelson – lui aussi ancien brigadiste –, sollicite l’autorisation de travailler dans une ganterie. Le sous-préfet qui transmet la demande ajoute alors : « J’estime que ces deux demandes ne peuvent être accueillies. » Mais le préfet accorde à Sally Wittelson une carte d’artisan, et Betty se voit remettre une carte de travailleur industriel, sous réserve que leurs dossiers soient transmis au Bureau municipal de placement de Millau pour trouver un débouché. Elle obtient un travail dans une ganterie.
En février 1939, elle et Sally, avec d’autres anciens brigadistes, sont conduits en train jusqu’à Séverac-le-Château où ils sont remis « entre les mains du garde champêtre ». Elle demeure à Séverac jusqu’en juin 1939.
Dans une circulaire du 24 février 1939, le commissaire spécial insiste pour les anciens brigadistes soient envoyés au camp de Rieucros (Lozère), en ce qui concerne les femmes, ou à celui de Gurs. Betty Rosenfeld est conduite à ce camp ; elle y exerce sa profession d’infirmière.
Selon les instructions du ministre de l’Intérieur, Betty Rosenfeld est transférée au camp de Brens (Tarn) en février 1942. Elle y reste jusqu’en août puis est envoyée au camp de Gurs le 7 août. Le lendemain, tous les internés allemands du camp sont regroupés et transportés à Oloron-Sainte-Marie. Le 23, un convoi l’emmène à Drancy ainsi que son compagnon Sally Wittelson.
Le 7 septembre 1942, le convoi n° 29 (998 hommes et femmes) quitte Drancy pour Auschwitz. Sally et Betty sont dans le même convoi. Le 9 septembre, celui-ci arrive à destination. Pour eux, la mort : sans doute ont-ils été, tous deux, gazés dès leur arrivée…»