Comme les autres candidats de la 3e circonscription de l’Aveyron, Michel Rhin, candidat aux élections législatives était convié à une réunion-débat publique organisée à Millau par l’association le Manifeste le 19 mai dernier pour répondre à des questions de santé et d’offre de soin sur le territoire.
« Le 19 mai dernier, malgré un calendrier chargé, j’ai répondu présent à l’invitation de l’association LE MANIFESTE pour répondre à d’importantes questions sur l’avenir de la santé sur notre territoire ; une priorité. Du fait de l’absence de la quasi-totalité des autres candidats à ce rendez-vous durant lequel leurs réponses ont été lues, et par souci d’équité, mes réponses n’ont pas été publiées, contrairement aux autres candidats dans certains médias. Je tenais donc à informer les habitants du sud Aveyron sur le contenu de mes interventions.
D’abord gazés dans les manifestations puis applaudis chaque soir au balcon pour leur engagement dans la lutte contre la pandémie, les soignants se retrouvent aujourd’hui dans une situation dramatique : une centaine d’établissements ferment leurs services d’urgence la nuit ou le week-end à travers tout le pays, 17000 lits ont été supprimés en cinq ans, dont 5300 en pleine pandémie, le ratio soignant/patients est si faible que la qualité des soins n’est plus garantie, les locaux tombent en ruine, le personnel vient à manquer… Voilà le résultat d’une politique qui détruit notre service public ces dernières années, nous faisant passer de la 1re à la 15e place au niveau de la qualité des soins au sein de l’OMS. Cela a des conséquences douloureuses pour notre département, où plus de la moitié de la population a plus de cinquante ans, puisqu’à Millau, par exemple, le service de Soins de Suite et de Réadaptation a fermé. Il y a urgence pour nos hôpitaux.
1/ Comment maintenir et mettre à niveau les services actuels, quels moyens mettre dès à présent en œuvre ?
L’état désastreux dans lequel se trouvent nos hôpitaux publics aujourd’hui est lié à des causes profondes. Il faut surtout changer la politique de gestion, mais des mesures d’urgence existent.
La nouvelle première ministre Élisabeth Borne affirmait il y a un an et demi que ce n’était pas au travail que l’on se contaminait au covid. Par la suite, elle a décidé de suspendre tous les soignants non vaccinés et de supprimer leurs allocations chômage. Nous devons réintégrer au plus vite le personnel suspendu qui, pour la plupart, est tombé dans la précarité ou a changé de métier alors que nous manquons de soignants.
Nous devons également revaloriser tous les salaires, moderniser les locaux de nos hôpitaux déjà existants et lancer un vaste plan de formation et d’embauches pour rendre le métier plus attractif.
Il sera également nécessaire de supprimer Parcoursup, car cela a des conséquences sur le manque de personnel. Cette procédure « classante » au niveau national oblige de très nombreux lycéens à étudier loin de leur région et 75 % des futurs médecins s’installent là où ils ont passé leur thèse. Nous devons donc revenir à une orientation post-bac régionale et en parallèle augmenter le nombre de places dans les universités. Un exemple : l’année dernière en Occitanie, 25000 bacheliers ont exprimé comme premier choix leur volonté de débuter des études d’infirmiers, pour 2500 places disponibles.
Dans tous les cas, nous ne devons pas adopter une attitude coercitive en obligeant les jeunes à s’installer en milieu rural. Il faut au contraire les attirer en leur proposant des conditions de travail plus dignes et plus intéressantes, aussi bien pour les généralistes que les spécialistes qui manquent cruellement.
Un autre point important. Mettre fin aux inégalités salariales entre les hommes et les femmes permettrait, par le biais des cotisations sociales, de récupérer plusieurs dizaines de milliards d’euros pour financer notamment la sécurité sociale.
2/ Que voterez-vous concernant la Loi de Financement de la Sécurité sociale ?
À l’automne prochain, dans le cadre de la LFSS, les députés vont devoir se prononcer sur l’Objectif national de Dépenses de l’Assurance Maladie. Il s’agit de voter l’augmentation de ces dépenses que le gouvernement actuel estime à 2,3 %, alors que les préconisations sont de 4 à 5 %. Le respect scrupuleux de ces objectifs ces cinq dernières années a conduit l’hôpital vers la catastrophe. Comment peut-on parler d’« objectif » dans un domaine aussi important que la santé ? Nous devons sortir de cette logique purement comptable basée sur la tarification à l’acte qui oblige les hôpitaux à mettre dehors un patient au bout de quelques jours. Il faut donc supprimer la T2A et revenir à une dotation globale, comme avant. Nous travaillerons en priorité sur ce dossier de transition.
3/ La concentration sur un établissement unique résoudra-t-elle les autres difficultés actuelles ? L’allongement des parcours et délais pour l’accès aux soins de proximité ou aux spécialistes s’inscrivent-ils dans les évolutions de notre monde pour les 20-30 ans qui viennent ?
Le projet de cet hôpital unique vient du fait que nos deux hôpitaux actuels sont en perdition et accumulent les dettes. Encore une fois, cette situation provient, entre autres, de la politique comptable appliquée à la santé dans notre pays depuis des années. Avant de s’engager dans un tel projet, il faut déjà regarder comment cela se passe ailleurs. Il y a quatre ans, dans le département des Deux-Sèvres, un hôpital unique a ouvert ses portes, regroupant les activités de trois précédents sites. Aujourd’hui, cet hôpital est en déficit, des services ferment et il faut faire appel à des soignants intérimaires. La chambre régionale des comptes qualifie d’illusoire l’équilibre financier dans un délai de trois ans fixé par l’ARS.
La mise en place d’un hôpital unique dans notre circonscription ne résoudra donc pas les problèmes que nous connaissons actuellement. Nous devons au contraire changer de politique sur le financement et consolider nos deux centres hospitaliers déjà existants, permettant ainsi aux habitants de se trouver à moins de trente minutes d’un hôpital, ce qui ne sera plus le cas avec le projet commun ».
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